# 9 : Hani Ramade – l’année Erasmus
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On est vraiment dans une belle région et on a de la chance.
Ouais, c'est vrai.
Toi tu me disais, toi tu me l'avais dit il y a longtemps déjà, mais tu me l'as redit l'autre jour,
tu viens de, tu viens de, bon tu viens pas de très très loin, mais tu viens de Nevers.
Oui, j'ai passé le plus clair de mon adolescence à Nevers jusqu'au bac.
Après, auparavent, moi je suis né à l'étranger, je suis né en Syrie et puis lorsque j'avais
trois ans, j'ai mon père qui a terminé sa thèse de mathématiques en France et de fil
en aiguille, il a passé le CAPES de mathématiques et il est devenu prof de maths.
Quelqu'un de bien, d'office.
Écoute, tu sais mieux que moi, quel bon métier, quel noble discipline.
Ouais d'accord, et donc tu m'as dit, sa thèse il l'a fait où ?
Alors il a eu une autorisation gouvernementale pour la terminer à Montpellier. Ensuite il a mené
quelques missions de professeur à l'université du côté de Besançon puis Lyon. Et lorsqu'il a
conclu le CAPES de mathématiques, il y a un premier poste à Decize, une commune de 6 000 habitants dans
l'Anière. Et c'est là qu'on a déménagé, qu'on a passé le moment le plus long. Donc c'est l'endroit
le plus long on a pu vivre en France. Je crois que tu es déjà au courant mais mon père et ma mère
donc maintenant sont expatriés du côté des Emirats. Mon père est prof de maths au lycée
français de Dubaï. Je me rappelle quand tu m'en avais parlé il y a trois quatre ans peut-être
maintenant déjà. Donc ça fait un moment qu'il y est alors. Oui c'est sa 15e rentrée. C'était
sa 15e rentrée. Ah ouais d'accord. Et la France, la France ne leur manque pas ? La France, ils
il la vive l'été à la belle saison.
D'accord.
Voilà.
Et ouais.
Mais sinon, bon, la retraite approche.
Donc, ils envisagent, bien entendu, une vie,
une vie donc beaucoup plus localisée en France
qu'aux Émirats pour la retraite.
Ah oui.
Ouais, bien sûr.
Évidemment, c'est beaucoup plus agréable de vivre ici.
Faut pas l'oublier.
Ouais, sur...
Bon, j'imagine d'un point de vue météo,
ça me semble évident parce que j'y suis jamais allé,
mais il me semble que c'est un petit peu dur
de résister à certaines périodes.
C'est un contexte qui nécessite une période d'adaptation, ça peut durer plusieurs années pour certains.
Donc avec une intense chaleur pendant plusieurs mois, à doubler d'une humidité assez insupportable aussi.
Ah oui ?
Oui.
Ah bah tu vois j'aurais supposé le contraire, c'était très sec et que du coup...
Eh bien figure-toi qu'au mois de mai et mois de juin, c'est incroyable de revenir,
de sentir à la fois la chaleur étouffante et l'humidité asphyxiante.
Mais bon, je t'invite, tu découvriras pour toi-même.
Ouais, ouais, bah éventuellement, éventuellement.
Et après d'un point de vue vie au quotidien là-bas,
qu'est-ce que... quand on est habitué à la France,
est-ce que... comment est-ce qu'on vit à Dubaï ?
Alors disons que la vie sur place elle est très différente de la vie en France,
notamment par le volume, la taille, la hauteur des éléments, des structures.
C'est-à-dire que lorsque je reviens en France, même si je n'ai passé qu'une dizaine de jours
à Dubaï, mes séjours sont fréquents sur place pour voir mes parents, pour voir mes parents,
des amis aussi, des amitiés que j'ai pu nourrir sur place. Même en passant un court séjour sur
place, lorsque je reviens en France, je suis épaté par la, pas la petitesse, mais par l'authenticité
qui est façonnée par la culture, l'histoire de ce pays, qui est résolument différente de celle
de Dubaï parce que finalement Dubaï s'est construite depuis quelques décennies. Ici,
on est dans un contexte où il y a certains bâtiments, comme tu l'as dit toi même,
en Auvergne, il y a des villages qui datent du Moyen-Âge. C'est vraiment le plus différent.
D'accord et du coup à Dubaï avant qu'il y ait tous les grattes-ciel qu'on imagine, ceux comme moi
qui sont jamais allés mais qui ont vu les images, avant qu'il y ait ces grattes-ciel il y avait le
désert ou il y avait quand même des villages ? C'est ça, il y avait des déserts avec quelques
villages parsemés et il faut savoir que l'activité la plus rentable donc jusqu'aux années on va dire
30, 40, 50, c'était des activités de pêche, et c'était en tout cas l'activité la plus fréquente,
notamment les pêcheurs de perles. Donc c'était des hommes qui étaient des champions de l'apnée,
et qui plongeaient, qui cherchaient des perles au fond de la mer. Et puis parce que Dubaï a
toujours été un port sur le trajet entre l'extrême-orient et l'Europe, et donc c'était
point de passage et puis une fois que les champs de pétrole ont été découverts et exploités,
notamment par les britanniques et les américains, ça a changé la donne dans la région. Et réellement,
je dirais que je rajouterais même un autre événement d'ordre politique qui a changé les
choses aussi, c'est que Hong Kong était une plateforme commerciale financière de première
importance pour les britanniques. Une fois qu'elle a été rétrocédée aux chinois, il fallait une
autre métropole orientale qui pouvait donc servir de lien entre l'Orient et l'Occident et Dubaï
donc a tiré son épingle du jeu. D'accord en quelle année ? Alors à la fin des années 90 et début des
années 2000. Ah oui d'accord, ça c'est relativement récent du coup. Bien sûr c'est extrêmement récent.
Et moi un sujet qui me parle pas mal c'est le renouvelable, c'est l'après-pétrole. J'ai
j'ai cru comprendre qu'ils faisaient beaucoup d'investissements dans ces domaines là,
qu'ils anticipent pas mal le changement à venir. Est-ce que tu peux m'en dire deux mots ?
Moi je dirais que comme dans beaucoup d'autres domaines, le premier mot qui me vient à l'esprit
en éludant ce sujet c'est le mot paradoxe. C'est-à-dire que tu peux, donc tu l'as indiqué,
donc ce sont vraiment, là on a affaire à des gouvernements qui investissent des
milliards et des milliards de dollars pour donc être à la pointe dans ces technologies, alors que
dans le même temps on est dans des endroits, dans des lieux qui atteignent des niveaux et records
en termes d'empreintes écologiques. C'est-à-dire que du fait de l'omniprésence de l'automobile,
du fait de la généralisation complète de la climatisation dans tous les bâtiments,
dans toutes les activités, ça génère donc une forme de pollution qui impacte vraiment la planète.
mais à côté de ça on a donc affaire à des politiques volontaristes vers le développement
vers le développement durable un peu à l'image de ce qu'on peut observer pour la Chine. La Chine
est le plus gros pollueur de la planète avec les Etats-Unis mais c'est aussi le plus grand
producteur d'énergie durable. D'accord, je suppose que ce qui compte et ce qui va compter de plus en
plus ce sera le ratio c'est à dire que si on consomme beaucoup mais qu'on produit énormément
de manière verte j'ai envie de dire dans un sens c'est pas grave le problème c'est quand la balance
elle penche dans le mauvais sens est ce que peut-être que effectivement sur le court terme
c'est pas génial c'est cette consommation excessive mais si tout ça ça fait que justement le
le renouvelable se développe plus vite parce qu'il y a plus d'investissements et bon peut-être
qu'au final ça sera positif ? C'est tout le mal qu'on peut nous souhaiter, qu'on peut souhaiter
donc déjà ce contexte local mais aussi à une échelle plus globale. Évidemment les événements
donc récents nous l'ont montré, on a affaire donc déjà à un monde complètement connecté,
là tout le monde est, bon qu'il le ait ou non, est en relation quasiment directe avec les quatre
coins de la planète. Et deuxièmement, cette crise sanitaire qui a été provoquée par cette pandémie,
elle révèle aussi une planète qui est en dangereuse santé. Et donc qu'il s'agit de vraiment
de préserver et que la situation, on ne peut pas nier qu'elle devient urgente. Donc moi je suis un
éternel optimiste donc j'ai foi dans les sociétés humaines et dans leur volonté réellement donc de
prendre conscience de la catastrophe qui pourrait surgir mais malgré tout je ne pense pas qu'on
soit capable donc de passer à côté et bien de d'initiatives voire de découvertes qui pourraient
réellement donc nous permettre d'offrir un cadre de vie meilleur. Je souhaite que tu aies raison et
et qu'on approche vite de ces objectifs là et que ce soit quelque chose qui ressorte
fortement de ce qu'on est en train de traverser et par rapport à cette pandémie effectivement
qui est l'évolution des consciences qui se fasse un petit peu plus vite peut-être et des consciences
certes mais des actes du coup. Bien donc on va revenir un petit peu en arrière.
donc par rapport à toi tu m'as dit Nevers pendant ton adolescence et ensuite ?
Ensuite j'ai commencé des études d'histoire à l'université de Bourgogne à Dijon et donc
après avoir décroché, après avoir soutenu mon mémoire de maîtrise d'histoire contemporaine,
donc je me suis posé à quelques questions existentielles sur que faire après donc ce
ce mémoire de maîtrise, c'est un tournant dans une carrière universitaire.
Donc soit on se dirige vers la recherche, pur et dur,
soit il faut intégrer la vie professionnelle.
Moi, je n'avais envie ni de l'un ni de l'autre.
Donc mon directeur de recherche, qui a été assez présent,
m'a soufflé l'idée d'une année Erasmus.
Donc pourquoi pas passer une année transitoire
entre la carrière universitaire et la vie professionnelle.
Et je me suis rapidement rendu compte
c'était exactement ce qu'il me fallait, c'était exactement ce que j'ai cherché en termes d'épanouissement
individuel de ma personne et de découverte aussi d'un contexte d'une culture étrangère.
D'accord alors avant de parler d'Erasmus, que ça va être quand même un élément essentiel de
notre discussion aujourd'hui, quand tu parles d'histoire contemporaine, donc là c'est un
problème de vocabulaire, c'est un problème de vocabulaire que j'ai, quand on parle d'histoire
contemporaine ça correspond à quelle période ? Alors les historiens ils ont
cette habitude donc des conventions pour avoir des repères assez faciles à
identifier donc ils considèrent que l'histoire contemporaine en tout cas en
France commence avec la révolution française.
Dans notre discipline l'histoire contemporaine commence avec le 14 juillet 1789.
D'accord et jusqu'à aujourd'hui du coup ? Jusqu'à aujourd'hui, nous sommes en pleine histoire.
D'accord, très bien. Tu me dis que l'idée d'Erasmus te tente fortement parce qu'effectivement
tu as ce contexte où tu te disais "bon j'ai ni envie d'aller faire de la recherche, ni
envie d'intégrer un milieu professionnel pour le moment". Tu as quel âge à ce moment-là?
À ce moment-là j'ai 23 ans.
Ouais d'accord, ok. Et donc à ce moment-là c'est vraiment l'idée d'Erasmus qui te parle
tu te dis moi j'ai envie d'aller là et que ce soit Erasmus ou que ce soit autre chose,
qu'est ce qui... quelle est la première pierre si tu veux qui t'amène vers cette année ?
Alors il y a vraiment plusieurs astres qui se croisent à ce moment là. Donc il y a comme
je te l'ai expliqué donc l'hésitation d'entrer directement dans la vie active mais cette année
là elle a été aussi particulière pour moi parce que dans la résidence universitaire dans laquelle
je vivais, pendant la rédaction de mon mémoire de maîtrise, j'ai été en contact avec de
nombreux étudiants erasmus, dont la plus grande partie venait d'Espagne. Il y avait aussi des
roumains, des belges, des italiens, des nord-américains, des polonais, des portugais.
Et en fait, je me suis rendu compte que le contact était très facile avec eux. Et eux-mêmes,
formaient comme une grande famille de circonstances et eux-mêmes ont souhaité
rapidement m'intégrer à leurs discussions, à leurs activités et puis
surtout à leur intelligence. Moi c'est ça qui m'a
vraiment frappé cette année-là, c'est que alors que j'étais à la recherche
d'autres facettes de ma personnalité, j'étais confronté à quelque chose de
nouveau qui m'attirait. Et cette année là, plus que les années précédentes et plus que les années
suivantes finalement, j'avais vraiment envie d'être, comment dire, de faire partie d'un groupe dont le
destin serait lié pendant une année et de vivre donc ces expériences, ces échanges. Donc alors
attends, quand tu me dis cette année là, tu fais référence à l'année qui va suivre, ta vraie année
Erasmus ou l'année où tu t'es retrouvé mélangé à des étudiants étrangers dans ta propre université?
Ouais moi je fais référence encore à ma dernière année passée à Dijon avant donc mon année Erasmus.
Mais finalement, je me plais à le dire, mon année Erasmus a commencé à ce moment là.
Donc au contact avec les autres Erasmus.
Ouais.
Parce que tu peux t'en douter, tu peux t'en rendre compte,
ils m'ont cette année là mille fois encouragé à suivre cet exemple là l'année suivante.
Ouais je comprends.
je comprends. Outre le fait d'appartenir à un groupe qui est quelque chose de complètement
essentiel j'ai l'impression dans le développement humain au sens large du terme et du coup à
l'échelle personnelle aussi. Outre ça qu'est ce qu'ils t'ont apporté ces gens là ? Alors déjà
est-ce que tu as gardé contact avec certains d'entre eux ? Oui. C'est Julien et Rasmus qui
sont venus à Dijon ? Oui j'ai gardé contact avec une demi douzaine. D'accord qu'est ce qu'ils t'ont
qu'est-ce qu'ils t'ont apporté ? Tu m'as parlé de leur intelligence, alors est-ce que tu peux
définir un petit peu plus ça, un peu plus précisément ? Eh bien pour moi ce qu'ils m'ont
apporté et pourquoi j'ai emprunté le mot intelligence c'était parce que pour un même fait,
pour un même phénomène, pour un même événement, pour un même objet, ils avaient d'autres mots,
d'autres manières de le décrire, de l'analyser et ça c'est quelque chose qui me fascinait,
vraiment qui me fascinaient, et d'autant plus qu'eux me sollicitaient pour avoir une vision,
on va dire, franco-française de ces choses-là. Et c'était fabuleux, c'était vraiment fabuleux.
Donc en plus de cela, bon, moi j'ai toujours aussi adoré la pratique des langues étrangères,
donc là c'était une opportunité formidable de pratiquer un peu les restes d'espagnol que
j'avais du lycée et j'en ai éprouvé non seulement un plaisir mais de plus en plus un besoin.
D'accord, ça me parle beaucoup ce que tu es en train de dire. Moi j'ai eu une expérience un
petit peu similaire à la tienne et à ce que tu vas nous raconter après aussi je suppose. Moi je
suis parti à Montpellier pour faire mon master et je me suis retrouvé dans une résidence étudiante
où donc Montpellier c'est une ville très étudiante avec des gens qui viennent de pas
mal d'endroits et justement dans cette résidence il y avait une diversité assez incroyable où
les gens ne venaient pas des mêmes régions alors l'immense majorité était français mais quand même
ils n'étaient pas des mêmes régions ça fait déjà des petites différences entre les gens et j'ai envie
de dire surtout ils étudiaient toutes sortes de choses donc moi j'étais physicien mais il y avait
il y avait des gens qui faisaient de l'économie, il y avait des gens qui faisaient des choses dans
le domaine du médical, il y en avait dans tous les domaines, il y en avait en STAPS,
il y en avait dans toutes les sciences, il y en avait beaucoup qui faisaient... il y avait deux
écoles pas loin qui faisaient des effets spéciaux, des écoles de cinéma en gros. Et effectivement,
moi j'ai ressenti ce que tu décris un petit peu avec les points de vue des gens et d'où ils
viennent et comment ils sont dans leur tête. Vraiment cette différence et ça m'a beaucoup
apporté aussi. Du coup je reconnais vraiment ce que tu es en train de dire là. Ce sont des années
qui marquent. Et du coup cette année terminant, il n'y avait plus aucun doute pour toi que tu
que tu voulais avoir un petit peu leur place, leur rôle, je sais pas comment dire,
être toi immergé dans une autre culture.
Et je suppose que le fait d'avoir reparlé espagnol pendant l'année,
ça t'a un petit peu orienté aussi ?
Mais ça m'a complètement stimulé.
Et puis je dirais même qu'à la fin,
donc quelques semaines, quelques mois avant mon année Erasmus personnelle,
c'était devenu une obsession.
je ne pensais qu'à l'éventualité de partir sur place.
On se remet un peu dans le contexte, en 2003-2004,
les candidatures pour partir à l'étranger, pour étudier à l'étranger,
elles ne sont pas si nombreuses.
Donc moi j'ai même eu le luxe de choisir l'endroit où j'ai pu passer un an.
Étant donné que le choix est arrêté sur l'Espagne,
j'ai consulté mes copains espagnols, ils m'ont dit "il faut que tu ailles à Salamanca".
Tu l'as fait ?
D'accord.
C'est une faux-faux.
Bon là aussi, je vais résumer un peu le propos,
mais il y a deux grands ensembles universitaires en Espagne,
si on exclut Madrid et Barcelone.
Il y a Grenade, qui est vraiment le pôle universitaire
qui attire tous les Espagnols,
et Salamanc, qui est beaucoup plus cosmopolite.
C'est vraiment les Erasmus qui viennent étudier en Espagne.
Pour beaucoup d'entre eux, ils sont dirigés vers Salamanc
parce que c'est réellement une ville qui par son patrimoine, son histoire, sa splendeur,
elle ne peut que ravir des étudiants étrangers.
D'accord, d'accord.
Bon, c'est chouette le fait que lui aussi, tu aies été un petit peu aidé par le timing.
Oui.
C'est important de s'en rendre compte.
On ne s'en rend pas forcément compte sur le coup,
mais c'est vrai que toi tu as cette présence d'esprit de te dire
Bon, effectivement ça, ça a été une chance et du coup j'en ai profité.
J'ai été dans cette ville où non seulement évidemment je suis entouré d'Espagnols,
mais en plus je vais retrouver des gens qui viennent de plein d'endroits différents
et je pourrais être baigné dans plusieurs cultures en même temps.
D'accord, et donc le départ...
Alors, non, j'ai une autre question.
Là, tu étais en train de terminer ton Master 2.
Alors j'étais en train de terminer mon année de maîtrise, c'était juste, on était au moment de la masterisation.
Moi j'ai fait partie de la dernière cohorte des personnes qui ont validé une maîtrise.
Et donc, bon, je me suis posé la question de que...
Mais j'ai réussi donc à m'initier dans un système universitaire espagnol
où je pouvais valider l'équivalent d'un diplôme Bac +3 espagnol.
D'accord.
D'accord.
Donc pas vraiment dans la continuité de ce que tu avais fait jusque-là,
parce que là, on est d'accord, la maîtrise, c'était un Bac +4.
Voilà, c'est ça.
Donc j'étais dans la continuité parce qu'en Espagne, là aussi,
la masterisation entre des diplômes nationaux et internationaux
n'était pas complètement clarifiée.
Et donc moi, je me suis dit,
quitte à valider un diplôme qui ne continue pas ma maîtrise,
s'il y a la perspective et la garantie de partir à l'étranger,
ce n'est absolument pas grave.
Vraiment l'essentiel c'était de partir.
D'accord.
D'accord et donc en septembre, tu te retrouves à Salamanque.
Au début du mois de septembre, je me retrouve à Salamanque.
En fait, pour la petite histoire,
j'ai soutenu mon mémoire au début du mois de septembre,
mémoire de maîtrise,
Et trois jours après, j'ai pris ma voiture, accompagnée d'une amie, et on est parti en Espagne.
Elle aussi, elle avait prévu une année Rasmus.
Alors elle du côté de Valence, au Beaux-Arts, et moi, fac d'Histoire à Salamanque.
D'accord, on est d'accord, Valence et Salamanque, c'est pas la même direction quand tu pars de Nevers.
Au début un peu, et puis après ça diverge.
Au début du mois de septembre, on est encore en plein été,
il y a un parfum de vacances qu'on respirait durant ce trajet.
Et donc je suis parti en voiture avec elle, c'était un road trip.
On a pu nourrir plein de discussions.
Et le deal c'était qu'elle m'accompagne à Saint-Lamand pendant 4-5 jours
et ensuite que je l'emmenais à Valence
pour que moi-même je puisse découvrir cette fabuleuse ville,
rester quelques jours et ensuite je revenais à Saint-Lamand pour définitivement lancer mon année.
D'accord.
D'accord.
Et du coup ce diplôme que tu allais commencer, c'était quoi ?
Alors c'était, eux ils appellent ça l'licenciatura, donc c'est la troisième l'édition.
Et c'est là aussi que je découvre une configuration complètement différente de la France.
Donc c'est étrange, enfin c'est rigolo parce que tu m'as demandé tout à l'heure l'histoire contemporaine,
comment on la définissait en France.
En Espagne, on est beaucoup moins structuré par ses périodes historiques.
on est beaucoup plus sur les thématiques.
Par exemple, moi j'ai suivi des cours sur l'histoire politique du Brésil.
J'ai suivi un cours sur voyage et navigateur européen au 15e et au 16e siècle.
C'était beaucoup plus thématisé.
Et c'était d'autant plus stimulant parce qu'il y avait aussi l'effet de découverte.
"Ah tiens, c'est pas de l'histoire antique, moderne, médiévale, contemporaine comme en France."
On est beaucoup plus sur du thématique.
D'accord.
Et aujourd'hui, donc là je fais un bon en avant, on reviendra en arrière après.
Aujourd'hui, en tant que prof, l'éducation nationale,
est-ce qu'on parle pas aussi pas mal de thématique maintenant ?
Ou est-ce qu'on est encore super rigide sur les périodes historiques ?
Alors après, bon, on peut discuter pendant très longtemps de toutes les réformes,
qu'on connaît l'application nationale au fil des années des gouvernements,
mais moi en tout cas, je parle pour la discipline, je trouve qu'on s'adapte de plus en plus,
en tout cas au renouveau historiographique, on sort un peu du modèle du renom national,
on prend conscience que l'histoire de la France n'est pas compréhensible
si on n'élargit pas le spectre à l'Europe, au monde entier,
que tout a un rapport, tout a un lien avec d'autres contextes, et ça m'intéresse beaucoup.
Alors je dois bien avouer que dans ce sens-là,
il y a plein d'éléments que je pourrais qualifier de folkloriques, que j'ai pu voir en Espagne,
donc dans une vie étudiante qui était vraiment très dissolue,
mais sinon de façon méthodique et vraiment de façon concrète,
moi j'ai des aspects vraiment matériels de l'histoire que j'ai pu observer sur place
qui m'ont ravi, vraiment ils m'ont beaucoup appris, ils m'ont beaucoup intéressé.
D'accord, tu veux dire en cours là typiquement,
ou ce que tu as pu observer dans la ville de Salamanque ou ailleurs ?
Alors dans les deux en fait,
mais dans le contexte de l'apprentissage, dans le contexte de l'université par exemple,
Nous on avait donc des cours qui étaient déjà disponibles en amont,
et puis c'était beaucoup plus de la conversation avec le prof.
On était moins dans une transmission des connaissances,
mais plutôt dans un échange, dans des discussions.
Après pour le reste, la ville est tellement fabuleuse,
elle est tellement...
C'est une ville qui est pluriséculaire,
c'est une ville qui a été une université prestigieuse pendant de nombreux siècles,
et ça a été un enchantement.
je recommande à toutes les personnes donc avides de voyage de découvrir si ça n'a pas été fait la ville de Saint-Lanc.
D'accord, très bien. Pour revenir sur ce que tu as dit juste avant, tu parlais de...
ça y est j'ai perdu ma question.
D'échange avec les profs peut-être non ?
Oui exactement, exactement.
J'écoute beaucoup de choses.
J'écoute principalement des choses d'Américains,
donc peut-être qu'il y a un léger décalage avec ce qui se passe en France,
ça c'est tout à fait possible.
Mais un truc qui semble ressortir,
c'est que l'éducation devrait aller dans cette direction-là,
aller dans la direction du "eh ben, allez court,
on pourra y accéder à distance facilement,
on pourra tout trouver", c'est déjà le cas avec Internet depuis un petit moment,
on pourra tout trouver de manière indépendante facilement.
Et les profs, de plus en plus,
y serviront à ce que tu viens de décrire qui se passait en Espagne en 2003-2004.
C'est-à-dire à échanger, à discuter, à poser des questions
et pas trop à faire de cours magistraux.
C'est quelque chose que j'entends revenir assez souvent.
Déjà, qu'est-ce que tu penses de ça ?
Et est-ce que toi, qui es quand même beaucoup plus informé par ces choses-là,
est-ce que tu as l'impression qu'en France, en tout cas, on va dans cette direction de manière assumée ou pas encore ?
Alors, il y a plusieurs questions dans tes propos.
Bon, il est indéniable que le contexte aujourd'hui de l'apprentissage, de l'enseignement,
il est très différent avec l'avènement des réseaux sociaux, de toutes les sources d'informations.
on a de plus en plus affaire à des élèves qui ont déjà, sur un événement par exemple,
ils ont déjà un background qu'ils ont nourri, qu'ils ont développé de façon personnelle.
Alors avec des éléments qui peuvent être pertinents ou des éléments qui peuvent être
complètement falsifiés ou complètement modifiés, très éloignés de la vérité historique on va dire.
Bon moi je considère de toute façon qu'à la base c'est la relation de confiance qu'il y a
entre le professeur et les élèves qui est primordial.
Donc je pense qu'avec ce raisonnement-là,
si tu as affaire à un prof qui baigne dans une relation de confiance totale
avec un groupe d'élèves assidus, qui ont soif de connaissances
et qui veulent donc provoquer même l'échange avec le prof,
on peut varier les pratiques pédagogiques.
Mais je crois que ce que tu évoques,
Je ne pense pas que ce soit adapté à tous les profils d'enseignants et à tous les profils d'étudiants, à tous les profils d'élèves.
Donc, j'ai presque envie de te dire, ça dépend à la fois des disciplines, des personnalités, c'est au cas par cas.
Moi, je le pratique. Pour certains membres d'élèves, je le pratique. Pour d'autres, je suis plus rassuré avec une façon plus magistrale de poser mon cours.
Mais maintenant, est-ce qu'en France, on suit ce chemin ?
La France, son modèle éducatif, si on prend les différentes plateformes qui comparent les systèmes éducatifs les uns aux autres,
tu les connais ces plateformes-là,
au sein de l'OCDE, la France va plutôt suivre l'exemple anglo-saxon, on est vraiment plutôt dans ce processus-là.
La dernière réforme du lycée par exemple, elle propose aux élèves qui sortent de seconde,
qui entre en première, ils doivent choisir trois matières fortes.
Ça c'est une nouveauté.
On casse le modèle des filières scientifiques, littéraires et économiques,
ou technologiques, et puis voilà, l'élève peut choisir trois matières fortes.
Moi j'ai des élèves, ils ont comme matières fortes, maths, espagnol, arts appliqués.
Et c'est quelque chose qui était finalement impossible à concevoir auparavant.
Et pour le coup, moi j'encourage.
Moi l'élève, quand il choisit ses disciplines,
il s'épanouit complètement, il est beaucoup plus curieux,
il est beaucoup plus acteur surtout de son savoir, c'est ça moi qui me réjouis.
Ouais, on est d'accord que autant ceux qui apprécient cette évolution comme toi
que les détracteurs, je pense, je parle peut-être un peu pour d'autres personnes,
mais qui sont plutôt d'accord sur le fait que d'un point de vue fondamental cette réforme est
intéressante et la question c'est dans la pratique. Qu'est ce que ça va donner,
qu'est ce que ça va donner pour organiser, pour proposer les options dans tous les lycées,
même ceux qui ne sont pas très gros et après pour le supérieur comment est ce que vont se
faire les sélections pour les filières où il y a des sélections. J'ai l'impression que tout le
est plus ou moins d'accord pour dire que c'est bien que les gens puissent plus choisir pour
la raison que tu as évoqué à l'instant, mais on a un peu peur que ça ne fonctionne pas dans la réalité.
Alors ça, il faudra donc attendre quelques années pour en tirer un premier bilan,
j'imagine, mais il est évident que sur le fond, tout le monde s'accorde à dire qu'une place plus
prépondérante accordée à l'élève dans l'apprentissage de son savoir, c'est indispensable.
Après, dans la forme, selon le contexte d'apprentissage, tu ne vas pas avoir les mêmes
résultats. Moi, dans ma carrière relativement courte, ça fait dix ans que j'enseigne, j'ai
pu expérimenter trois contextes d'apprentissage très différents. J'ai enseigné en banlieue
parisienne, dans un contexte rural, et aujourd'hui je suis plutôt dans un établissement que je
qualifierais d'établissement de centre-ville. Je vois bien que suivant... Alors les adolescents
ont tous des caractéristiques communes, ils ont une identité commune, un vocabulaire commun,
une culture commune. Ils vont souvent écouter la même musique, ils vont souvent être attirés par
les mêmes émissions à la télé, ils vont avoir les mêmes pratiques alimentaires par exemple,
mais le contexte d'enseignement, donc tout ce qu'il y a autour du lycée, c'est ça qui diffère et
Et c'est ça qui peut vraiment influencer donc pour moi l'efficacité de l'apprentissage.
Il est évident qu'un élève qui sort de son établissement et qui va chez lui,
s'il rentre chez lui dans un contexte compliqué, voire d'angoisse, voire de...
bon, en tout cas quelque chose qui n'est pas propice à la confiance,
il va moins réussir qu'un élève qui sort de chez lui,
qui va chez lui en étant épanoui et qui se trouve dans une sécurité affective dans d'autres domaines.
Là aussi c'est du cas par cas, c'est selon de multiples facteurs qui dépassent en fait juste l'école.
Moi, cette histoire du cas par cas, je la trouve assez fascinante, que ce soit à l'école ou que
ce soit ailleurs, que ce soit pour diriger en politique par exemple, j'ai l'impression que
c'est assez facile d'aider une personne, voilà, quand tu es un individu, d'aider quelqu'un d'autre,
j'ai l'impression que c'est assez facile dans beaucoup de cas. Par contre faire des choix
pour des centaines de personnes c'est déjà beaucoup plus dur, des milliers et des dizaines de milliers
et je te raconte pas des millions et des dizaines de millions j'ai l'impression que c'est un casse-tête
sans nom. J'ai l'impression que les gens notamment en France râlent beaucoup par rapport à l'éducation
nationales parce que c'est un des sujets d'aujourd'hui mais pas que. J'ai bien peur que
tant qu'on n'aura pas trop d'autres possibilités que de gérer à ce genre d'échelle là et d'essayer
de faire des règles pour trop de gens en même temps, qu'on n'y arrivera pas. Et toi quand tu
nous parles de cas par cas, quand tu nous dis, et bien donc c'est peut-être pas à l'individu près,
mais quand tu nous dis "avec certains groupes, avec certaines classes, je fais blanc et avec
d'autres je fais noir" et voilà, c'est juste une réflexion que je suis en train d'avoir,
mais je me dis que ça doit être un sacré casse-tête quand on doit gérer pour trop de personnes en
même temps. Bien sûr, après tout est une question aussi de choix, donc moi j'ai rapidement pris
conscience qu'un métier qui pouvait m'attirer c'était celui qui me permettrait de me rendre
au service de l'autre en ayant conscience que l'autre peut être caractérisé par la diversité,
par la différence, par même la complexité. C'est une manière de percevoir son environnement,
sont le monde qui nous entoure. Mais moi j'essaie en tout cas d'être le plus utile face à cela et de
m'adapter, d'anticiper au mieux possible face à toutes les situations qui peuvent être imposées.
Très bien, très bien. On va peut-être revenir un petit peu sur le coeur du sujet,
même si je suis très content qu'on aborde des sujets qui ne sont pas directement liés,
mais qui te correspondent comme on vient de le faire. Donc tu as ça à la manque,
tu découvres un autre cadre de vie, tu découvres un autre cadre universitaire avec d'autres pratiques.
Qu'est-ce que... Allez, on va dire au bout d'un mois, ça fait un mois que tu y es,
qu'est-ce que tu en as déjà retiré à ce moment-là ? Parce que je suppose que c'est le premier mois
ou t'en prends plus quoi ? Le bilan en bout d'un mois c'est déjà la prise de conscience que je vis
une expérience unique, la prise de conscience que je suis un être humain privilégié et aussi une
forme de prise de conscience que cette année me marquera à tout jamais. Il y a déjà la création
et la création d'amitié forte au bout d'un mois. Mais quand on prend du recul, ce sont des amitiés
de circonstance, ce sont des personnes qui se trouvent au même endroit et qui vivent la même
situation. Donc ça facilite évidemment la proximité. Mais réellement, tout me plaît,
à la fois le cadre universitaire, le cadre personnel. Je suis en colocation avec des
personnes formidables. J'ai l'impression de m'entourer d'amis aussi qui ont autant apporté
que des amis à qui je peux apporter. Chacun amène sa pièce, apporte sa contribution, chacun
constitue une pièce du puzzle. Le puzzle de la vie sur place qui est temporaire certes,
mais qui est absolument magnifique. Avant de partir, les années on va dire, tes années,
tes premières années d'étudiant, tu n'avais pas forcément cette conscience que tu faisais partie
des gens, globalement à l'échelle mondiale évidemment, et peut-être même à l'échelle
de la France, des gens privilégiés ? Alors cette prise de conscience en tout cas,
elle a été mûrie pendant cette année Rasmus. Auparavant, bien sûr, parce que j'ai des origines
à l'origine étrangère, je te l'ai dit je suis en Syrie, par le parcours notamment de mon père qui a
choisi de façon volontaire et de façon aussi, et pour sa famille, qui a choisi
de s'expatrier en France, en laissant sa famille, sa culture, son passé, son pays, pour offrir un
cadre de vie meilleur pour sa famille. C'est quelque chose qui, même s'il ne se dit pas par
les mots, il se ressent par des émotions, ça se ressent par des impressions. C'est des choses qui
ont du mal à être expliquées, mais c'est des éléments qui sont ressentis. Et à partir de ce
moment-là, il y a vraiment une forme de reconnaissance de soi-même, mais de reconnaissance aussi de
toutes ces personnes qui peuvent nous tirer vers le haut, que ce soit dans la famille ou au sein
dans un cadre beaucoup plus large. Donc oui, et puis ça façonne l'humanité, l'humanisme de chacun d'entre nous.
C'est sûr. Moi ce que je retiens de ce dont on a parlé pour le moment, il y a une expression,
alors je sais pas si je l'ai dit exactement comme il faut, mais que l'herbe est toujours plus verte
tailleur là en l'occurrence elle l'a un petit peu été. Je suis pas sûr que l'herbe soit très verte
à Salamanque, dis moi ce qu'il en est. Alors je pense que réellement à la fin de l'année si j'avais
eu l'opportunité de rester et vivre ma vie à Salamanque, je suis pas sûr que j'aurais accepté
de rester sur place. Mais en tout cas pendant cette année là il est évident que j'ai passé l'année
de ma vie et parce que l'herbe cette année là était vertissime.
Elle était au point de ne plus être verte.
Moi je disais ça parce que Salamang, j'imagine une ville un petit peu orange limite violette.
C'est moi qui hallucine ou c'est un peu le cas ?
Oui, c'est surtout des bâtiments qui sont pour certains très anciens.
il y a des bâtiments universitaires qui juxtaposent,
donc des monuments religieux, des couvents par exemple,
qui sont voisins de l'université.
Et c'est d'une couleur...
disons que ce n'est pas bigarré comme la Catalogne,
c'est vraiment très différent,
mais ça a quelque chose d'à la fois un peu froid,
mais surtout surprenant et souriant.
c'est une beauté subtile dont je me souviens lorsque je pensais à celle avant.
D'accord, tu y es retourné depuis ?
Donc deux fois.
Alors une fois en tant qu'étudiant qui voulait revoir ses copains de l'époque.
Et puis sinon, une fois suivante, lorsque j'ai commencé ma carrière de prof,
j'ai été muté ensuite à Cournon, à Carrefour, c'est là où on s'est rencontrés.
Donc j'ai eu l'occasion d'organiser un voyage pédagogique à Salamanc.
Voilà, et donc ça a été pour moi la redécouverte de la ville,
mais je dois bien avouer que ça m'a beaucoup surpris,
parce que vivre la ville en tant qu'étudiant,
et vivre la ville en tant qu'adulte responsable,
c'est deux manières d'appréhender les choses.
Ouais.
Tu...
Est-ce que tu as l'impression de l'avoir vu vraiment
comme une autre ville à ce moment-là ?
Je t'explique pourquoi je te dis ça.
Moi j'ai remarqué quelque chose, donc j'ai vécu les 20 premières années de ma vie à Clermont,
les 6 suivantes à Montpellier, et ensuite je suis revenu ici.
Ça m'a fait ça, donc quand j'étais à Montpellier,
quand j'étais à Montpellier, que je revenais à Clermont parce que c'est toujours ma famille ici,
que je revenais, j'avais l'impression...
Comment dire ?
de revivre une sorte de rêve dans le sens quelque chose de pas vraiment réel
et maintenant que je suis à Nouveau-Éclairment quand je vais à Montpellier pareil
je sais pas comment expliquer ça vraiment mais c'est comme si on rangé
les souvenirs et on rangé la ville dans un compartiment du cerveau qui ne
ressemble pas à la réalité est-ce que tu l'as vécu un petit peu de cette
manière là avec ce second retour en tout cas qui de ce que j'ai compris était beaucoup plus tard
que le premier retour. Ah oui alors là je te rejoins tout à fait. Tu as l'impression, alors
il y a malgré tout une forme de redécouverte de la ville parce que la ville entre temps elle a
changé. Le voyage scolaire que je t'ai évoqué il a eu lieu 13 ou 14 ans après mon énérasmus,
mais il y a vraiment aussi l'impression d'avoir connecté deux dimensions différentes. Dans
certains endroits, je les connaissais à une certaine heure de la nuit, voire du petit matin,
que je redécouvrais donc 15 ans après à un autre moment de la journée, donc avec une présence de
personnes plus importantes, plus condensées, et qui n'est pas pour les mêmes raisons. Donc il y
il y avait vraiment des points névralgiques de la ville,
mais qui changent complètement de fonction,
donc de jour ou de nuit.
Ça, ça a été réellement pour moi...
Enfin, ça a été fascinant.
Je rigolais intérieurement en fait,
pendant que les élèves découvraient pour beaucoup d'entre eux la ville pour la première fois.
Moi, j'étais en train, comme tu le disais, de vivre un rêve éveillé une deuxième fois,
mais avec des couleurs différentes, avec des points de vue différents.
Je vais même te dire, il y a une expression qui m'est venue,
ça me rappelle une vieille série, je ne sais pas si tu as regardé Sliders.
Ça te dit quelque chose cette série Sliders ?
Je vais te dire la suite du titre, c'est Sliders, les mondes parallèles.
Et c'est cette expression qui me vient en tête.
Est-ce que tu n'avais pas un peu l'impression à ce moment-là
d'être dans une version parallèle du Salamangue que tu as connu avant ?
Une version parallèle, une version on va dire plus adulte et assumée, plus responsable,
une version plus... et aussi finalement plus...
on est un peu plus donc pédagogique puisque j'étais avec mes élèves
et une version plus... mais qui va rajouter, qui va compléter
Donc une version que j'avais déjà façonnée de façon individuelle
une dizaine d'années auparavant.
Mais complètement.
Et pas trop de nostalgie à ce moment-là ?
Bien sûr que si.
C'était du temps, c'était de la nostalgie.
C'est-à-dire que la première fois que je suis revenu à Salamanque,
seulement quelques mois s'étaient écoulés.
Donc je n'avais pas eu le temps de ressentir de la nostalgie.
Par contre, l'année de mon voyage scolaire,
ça a été une émotion qui réellement m'a traversé
et je me suis même senti quelque part presque dans la peau de l'élève.
C'est-à-dire que j'avais toutes ces impressions-là qui faisaient de moi,
qui provoquaient en moi un retour vers l'adolescence quelque part.
L'adolescence, je veux dire, je veux dire étudiant.
Bon, et donc, allez, on revient un petit peu dans le passé à nouveau.
C'est un réel plaisir parce que c'est un passé heureux.
Tant mieux, tant mieux.
Je suis content qu'on réveille des bons souvenirs.
Je t'ai posé une question par rapport à ce premier mois.
Tu es resté combien de temps du coup ? 12 mois, 10 mois ?
Je suis arrivé à Salamanque autour du 6, 7, 8 septembre.
et je suis parti, enfin je suis revenu en France donc à la fin du mois de juillet parce que j'avais
réussi entre temps à trouver un job d'été donc où le contrat me permettait de rester à Salamanque
donc jusqu'au 28, 29 juillet. Donc moi en fait je suis venu un mois avant les cours et je suis
parti un mois et demi après les partiels. D'accord et qu'est ce que tu peux nous dire
sur la suite de l'année, sur ce que tu as ressenti, peut-être sur les examens,
comment est-ce qu'on vit des examens à l'étranger par rapport à ceux que tu avais
passé pendant quatre ans avant quand même ? Ok, donc là tu provoques le basculement vers les
aspects folkloriques de Salamanque, pas de problème. Donc il y a toujours une forme,
alors on n'est pas du tout habitué à ça en France, mais en tout cas cette année là il y avait toujours
une forme d'adaptation entre ce qui est prévu et ce qui était conçu, c'est à dire qu'il y avait
des dates qui étaient prévues pour certains partiels et lorsque tu venais le jour de ce
partiel à l'heure et à la salle indiquée, il n'y avait personne et en fait voilà l'information
t'avait échappé, que la date du partiel avait changé, que ça bon... Moi je me suis retrouvé un
un jour aller en cours justement d'histoire contemporaine du Brésil, c'était le jour du
partiel et je n'étais pas au courant donc comme c'était un cours qui me simulait j'avais réussi à
me débrouiller mais donc il y avait vraiment une transmission de l'information, une communication
qui était un peu hasardeuse. Bon mais c'est quelque chose que tu intègres assez rapidement,
assez facilement. Moi ma carte d'étudiant par exemple cette année là je l'ai reçue au mois
de février. J'avais oublié que j'avais reçu ma carte d'étudiant si tu veux. Tu es dans un cocon
sur place. Tu sais très bien que même si les choses ne se passent pas comme elles sont prévues,
tu t'en sortiras toujours. Il y avait vraiment cette impression dans l'air qui était linéaire,
qui était régulière.
Qui venait de quoi ?
Qui venait de l'ambiance sur place, de l'organisation du pays aussi.
Ah oui ?
Oui, je pense.
Qui venait pas de ton statut d'Erasmus, qui venait pas du fait que t'étais en coloc
avec d'autres gens et qui...
Non, non.
D'accord, ok.
Oui, oui, et puis parce que cette année-là, j'ai aussi pu parcourir d'autres contrées
espagnoles, notamment pendant les vacances universitaires.
Bon, je me souviens qu'il y avait des points communs dans l'organisation sociale, quel
que soit l'endroit où tu te trouves en Espagne, mais avec ce goût agréable.
Il y a vraiment l'optimisme qui sera toujours de mise.
Oui, c'est intéressant.
Et ça, tu l'opposes à certaines choses, à notre façon de faire en France ?
Moi, je sais qu'en France, on est beaucoup plus...
et je suis le premier individu à adopter ce genre de comportement,
mais on est tellement habitué à la régularité, voire à la précision,
que lorsqu'on sort un peu de cet aspect-là, ça nous inquiète.
Je ne veux pas me contomber, mais le train.
Le train, lorsque, en gare de Dijon par exemple, le train doit partir à 13h57,
tu peux regarder sur ta montre, il part à 13h57.
Tu te rends compte lorsque tu sors du cadre national français
que c'est pas le cas dans tous les pays, même en Europe.
Mais voilà, là-bas ça ne t'inquiète pas.
C'est ça donc la grande différence.
D'accord. Est-ce qu'il y a une tendance nord-sud
par rapport à ce que tu viens de raconter ?
Il y a une tendance nord-sud mais qu'avec les bons côtés du sud.
D'accord. Alors attends, explique, développe ça.
C'est-à-dire que c'est bon côté du Sud, si tu veux,
donc le fait de prendre les choses avec beaucoup de hauteur,
beaucoup de relâchement,
les choses, moi-même, comme je te l'ai dit,
je suis capable d'adopter ce comportement en Espagne
et je serai un peu plus rigide malgré tout en France.
Je serai un peu plus capable d'être aussi relâché.
À mon grand dame, moi j'aimerais bien être
complètement donc détendu pour des choses qui sont finalement assez secondaires,
qui sont d'une importance relative.
Mais à l'inverse, cette forme d'indolence que tu peux retrouver
dans le contexte du Sud, bien évidemment,
elle peut avoir aussi ses inconvénients, ses limites, mais...
Sans la généralité non plus, faut pas...
Ouais, ouais, ouais, mais...
Il y a des tendances, on n'est pas obligé de juger qu'elles soient vraiment négatives ou vraiment positives,
mais il y a des tendances qui semblent ressortir quand même des fois.
Oui.
Je pense que...
Non, non.
Il faut faire attention à ce qu'on dit, on est d'accord, mais...
Je comprends ce que tu veux dire.
Voilà, il y a des choses qui semblent évidentes.
Mais bien sûr, mais en tout cas...
Alors, je dois aussi préciser que l'Espagne, donc la dernière année où je suis allé, c'était l'an dernier,
Donc l'Espagne de 2019 est réellement différente aussi de l'Espagne de 2003-2004.
Ah oui ?
Ah oui, bien sûr.
Parce qu'en 2008, 2009 et 2010, ils ont été très en difficulté,
que ça a changé les mentalités ou tu vois d'autres raisons ?
Il y a le Ménilac qui pour moi est indéniable.
Donc il y a une forme d'inquiétude qui a pénétré un peu les esprits espagnols, je pense,
depuis ce moment-là.
Et puis il y a une forme aussi de s'uniformiser de façon beaucoup plus volontaire au cadre de l'Union européenne, on va dire,
et donc de plus en plus ressembler à des pays comme la France, les Pays-Bas, l'Allemagne, la Grande-Bretagne.
D'ailleurs, ce n'est pas un hasard, mais durant cette crise que tu as évoquée,
dont beaucoup de jeunes espagnols ont décidé de tenter leur chance dans un pays étranger,
pour la très grande majorité d'entre eux, ils ont voulu rester en Europe,
et ils ont opté pour les Pays-Bas et l'Allemagne en priorité.
Parce qu'il n'y avait pas le besoin de partir aux États-Unis ou de partir en Amérique latine,
où on pratique quand même la même langue.
Voilà, ce cadre européen finalement, il est de plus en plus accepté,
mais il est de plus en plus convoité, je pense, par l'Espagne.
D'accord.
Je pense qu'on va reparler de l'Europe, parce qu'on va reparler un petit peu d'Erasmus,
et c'est un sujet qui nous touche plus ou moins directement en tant que citoyen français.
et sur lequel je connais pas grand chose et où je me dis que tu auras peut-être pas
mal de choses à m'apprendre et de toute façon ce podcast c'est ça.
Je dis modestement, je vais essayer.
Oui non mais je suis pas inquiet et oui je disais ce podcast c'est ça,
c'est j'invite des gens à m'apprendre des choses en fait donc c'est plutôt cool.
mais cette idée d'uniformisation à l'échelle européenne j'ai envie de dire que qui a pas mal
touché, alors touché pas forcément dans un sens négatif, mais touché l'Espagne c'est un petit peu
c'est un des points qu'on reproche à la mondialisation. Oui tout à fait.
Mais c'est vrai que je m'étais fait la réflexion à l'échelle mondiale, je ne m'étais jamais fait à
l'échelle européenne et je suis sûr qu'elle est vraie dans un sens à l'échelle nationale, à l'échelle
française. Oui donc évidemment on va toujours proposer ce tableau donc entre les avantages,
les inconvénients, entre les bienfaits et les méfaits de la mondialisation.
Tout dépend donc de dans quel domaine on se place, quel domaine on évoque.
Mais moi je crois que l'Espagne, mythe de rien, peut tirer profit de la mondialisation.
C'est quand même une destination, enfin l'Espagne c'est pas seulement un pays,
c'est une culture, c'est un mythe.
Il y a quand même plein d'images qui nous viennent à l'esprit.
Et je crois que le point commun de toutes ces images qui nous viennent à l'esprit,
eh bien elles tournent autour de l'allégresse.
On est quand même autour de...
C'est un pays où on est sûr d'être heureux en fait.
Ou heureux de vivre, ou heureux de...
Ou alors on serait heureux de le visiter.
Mais...
quelque part on touche à une forme de joie lorsqu'on évoque ce pays.
L'adaptation ensuite à la mondialisation, elle peut aussi paraître cruelle dans certains domaines.
Si je peux te donner un exemple très concret, je t'ai dit que je vivais en colocation.
Bon, moi cette année j'ai payé tous mes loyers cash,
parce que le propriétaire de cet appartement ne déclarait rien, si tu veux, à l'État espagnol.
Et donc lorsque tu sais que la crise économique espagnole elle a été en partie
donc générée par des bulles spéculatives immobilières,
tu ne peux pas en être très étonné parce que
tous les propriétaires espagnols ne déclaraient rien, si tu veux,
au fisc espagnol.
Ils entretenaient eux-mêmes la crise que ce pays a connue.
Mais bon, après, il y a aussi des événements plus complexes,
des ramifications plus lointaines aussi qui s'entrechoquent.
Oui mais enfin ce que tu dis c'est qu'il y avait un terreau qui a fait qu'au moment
de l'impact fort de la crise qui a été mondiale, ils s'en sont moins bien sortis entre autres
à cause de ça.
Entre autres bien évidemment.
Oui c'est très clair.
Il y a vraiment un rapport à l'État qui est très différent de la France.
Et ça s'explique historiquement.
En tant que prof d'histoire, je vais vous donner quelques phrases.
Au XIXe siècle, la France construit une république à la fin du XIXe.
Elle indique bien que le programme c'est d'instaurer une république unie et indivisible.
Et donc c'est quelque chose qui existe depuis plus d'un siècle en France.
En Espagne, au XIXe siècle, on est encore dans une société déjà très rurale,
structurée par l'Église et la monarchie et où les idées, si tu veux, républicaines,
pas forcément la république, mais juste les idées, tu sais, de responsabilisation collective,
toutes ces choses-là, elles n'arrivent que très tard, que très tardivement,
en tout cas plus tard qu'en France. Et du coup, il y a un rapport à l'État espagnol
qui est beaucoup plus éloigné, beaucoup plus méfiant aussi, beaucoup plus...
Donc on ne va pas hésiter, par exemple, à... j'allais dire tricher,
pas hésiter en tout cas à oublier de déclarer quelques biens immobiliers pour éviter de payer
des impôts sur ce patrimoine. D'accord, c'est très intéressant ce que tu nous dis. Par rapport à ça,
je reviens toujours un petit peu à la même chose, je suis désolé pour ceux qui écoutent tous les
épisodes mais je sais qu'aux états unis il y a beaucoup de gens qui sont méfiants. Alors tu vas
m'aider à ce niveau là mais méfiant du gouvernement, méfiant de l'état ça je ne sais pas. Et sachant
que leur histoire politique on va dire elle si je dis pas de bêtises elle est beaucoup plus ancienne
du coup que dans l'état actuel est beaucoup plus ancienne que celle de l'Espagne.
Oui alors après l'Espagne donc évidemment elle a eu des frontières mouvantes mais l'Espagne en
tant que telle existe quand même depuis plus longtemps que les Etats-Unis. L'Etat américain
est créé avec la déclaration d'indépendance en 1776. L'Espagne donc elle s'est construite un peu
avec la Reconquista, avec la reconquête du territoire des espagnols sur place sur les
arabos musulmans si tu veux. Donc le point commun entre les deux c'est que les personnes qui ont
façonné, qui ont construit cet état, et bien étaient des personnes éloignées finalement des
gens du peuple, pour aller très grossièrement. En France, la république de la fin du 19e s'inspire
malgré tout des idôles de la révolution, où le peuple a quand même été un acteur majeur,
donc il y a une forme de légitimité un peu plus... Je vais très vite, je résume.
Je te poserai des questions si c'est pas clair, et je pense que les gens qui t'écoutent sont
conscients que tu vas à l'essentiel. Voilà, et donc voilà, il y a en tout cas ce point commun
qui existe entre les Etats-Unis et l'Espagne manifestement, c'est qu'effectivement il y a un
rapport qu'on pourrait éventuellement, enfin qu'on pourrait évidemment pas caractériser,
donc un rapport de proximité, il n'existe moins qu'en France. Ah oui d'accord, ok.
Ok, très bien. Bon, on est parti assez loin mais j'en suis très content. Les réponses sont trop
C'est parfait, c'est parfait. Juste ma difficulté c'est de nous remettre, c'est d'essayer de nous
remettre sur les rails du départ. Est-ce que tu veux rajouter quelque chose par rapport à ton
histoire et ton vécu de cette année Erasmus ? Parce qu'après j'ai des questions peut-être un
petit peu plus théoriques à te poser, mais est-ce qu'il y a des choses que tu veux rajouter par
rapport à ce passé Erasmus et après donc je te dis il y aura des questions théoriques et
éventuellement des questions par rapport à comment ça t'a fait évoluer depuis ces 13,
14 ans non plus 16, 17 ans depuis. Ça ne nous rajeunit pas. Non mais c'est pas grave.
Quoi dire de plus, moi j'ai été à la fois ravi, fasciné, mais même quelques fois un peu heurté,
presque angoissé, par la profondeur de ces relations, la sincérité de ces relations,
que j'ai pu nourrir sur place. Moi j'ai été ami de plusieurs bandes de copains,
mais surtout j'avais une bande de copains d'espagnols et d'autres des copains qui étaient
latino-américain et j'étais mais je me disais mais ces gens là me comprennent
presque aussi bien voire mieux que des personnes que je connais depuis 15 ans
dans ma ville d'origine et c'est réellement quelque chose qui est
qui est étonnant. Alors après il y a plusieurs manières de
percevoir cet étonnement, soit on s'en ravit, soit on s'en méfie mais ça remue
ça remue et j'imagine que tous les étudiants Erasmus comme moi
où ressentis vraiment un vide, un vide spirituel qui a succédé donc directement au retour en fait
au pays, au retour en France. C'est quelque chose que j'ai vu passer assez souvent, j'ai vu passer
des articles sur quand on est expatrié, donc expatrié c'est un terme encore plus général
que kérasmus mais finalement ça correspond un petit peu à la même chose, quand on est expatrié
qu'est ce qu'il faut prévoir, qu'est ce qu'il faut anticiper quand on va rentrer chez nous et
c'est exactement ce que tu nous dis là. Alors moi pour le coup on m'a jamais dit qu'il fallait
que j'anticipe certains éléments à mon retour, je les ai pris de plein fouet mais ça m'a...
C'est une forme, alors attention là aussi j'exagère mes mots, mais c'est une forme de... pas de
dépressions mais de nostalgie fortement ressentie mais on sent on sait que ça va être du court terme
c'est de quelques semaines quelques mois parce que il faut se remettre de toutes ces émotions
lorsqu'on effectue un exemple pendant les vacances un long week-end ou un séjour à l'étranger qui
nous a marqué voilà on ressent donc à la fois de on est ravi de revenir chez nous mais on a plein
de souvenir en fait de ce séjour à l'étranger. Voilà c'est un séjour qui dure un an. Donc c'est
normal qu'il faille plus de temps pour se remettre de toutes ces émotions. Ouais, tu as eu envie de...
Alors, ok. Tu avais envie de rentrer chez toi. Trois possibilités. Est-ce que tu avais envie
d'entrer chez toi ? Est-ce que éventuellement tu aurais eu envie de continuer un petit peu,
même si c'était pas forcément pour du très long terme, mais au moins continuer peut-être six
mois de plus, un an de plus, je sais pas. Ou troisième possibilité, est-ce que à ce moment-là
tu aurais pu te dire "en fait j'ai pas envie de rentrer chez moi non plus, j'ai envie d'aller
découvrir encore un autre endroit". Qu'est-ce qui te passait par la tête à ce moment-là ?
Alors à toutes tes questions je réponds oui et non. Je ne peux pas répondre de manière très tranchée,
mais ce qui est certain c'est que finalement j'ai opté pour la voie la plus sage qui était celle
de préparer un concours d'entrée dans l'éducation nationale, mais je n'ai pas eu la première année
ce concours. Moi il m'a fallu quatre ans pour valider le premier concours parce que je crois
que durant ces quatre années, j'étais à la fois en train de digérer cet anirasmus, mais j'étais
aussi d'intégrer les éléments qui ont fait de moi une personne nouvelle, une personne en tout cas
différentes de celles qui étaient avant ce départ en Espagne. Et j'avais besoin finalement de faire
le point sur ma personne, mon existence, mes envies, mes ambitions, mon passé, mon futur.
Donc, évidemment que la tentation était très forte de rester en Espagne, mais la parenthèse
fut tellement enchantée, elle fut tellement heureuse que je pense que
consciemment ou inconsciemment j'avais peur de gâcher ce beau souvenir.
C'est très clair.
C'est très clair. Et alors si tu devais nous mettre un petit peu de
concret sur, enfin le plus concret possible en tout cas sur la manière dont
ça t'a changé toi et la personne que tu étais après par rapport à la personne
que tu étais avant ? Là aussi c'est à la fois compliqué d'analyser puis j'ai quand même essayé
de décrire par des mots simples. Alors évidemment la pratique d'une langue étrangère. Moi je suis
fier d'avoir pu sur place développer la pratique de la langue espagnole, l'avoir un peu perfectionné.
je me dis mais quelle richesse ! Du jour au lendemain je peux partir en Espagne ou dans
20 pays au monde qui ont la langue espagnole comme langue officielle et être en interaction
de toute façon assez complète. En tout cas le strict minimum est tout à fait accessible.
Mais je pense que c'est surtout sur le plan individuel que cette année m'a fait énormément
bien parce que j'ai pu réellement prendre conscience de quelles étaient mes qualités,
de quels étaient mes défauts et en prenant conscience de ces éléments là c'est un énorme
bol d'air en fait qu'on respire et il façonne la confiance. Moi vraiment je considère que c'est
une année charnière dans la vie parce qu'elle m'a permis de prendre conscience de ses qualités
et défauts mais elle m'a permis de prendre confiance en moi. Là je me suis dit tu as ta place de façon
définitive dans le monde dans lequel tu vis. J'ai pu affirmer une personnalité, j'ai pu affirmer
des goûts, des projets, des réflexions qui devenaient vraiment complètement individualisés,
personnels. Et qu'est ce qui t'empêchait que ça se passe ça avant, quand tu étais chez toi,
C'est une très très bonne question. Peut-être que j'avais déjà ces qualités là, peut-être que j'avais déjà énormément confiance en moi avant cette année là.
Mais j'ai l'impression qu'on a besoin de partir, j'ai l'impression qu'on a besoin d'un contexte complètement différent, culturel, économique, politique, pour s'en rendre compte.
Mais même si finalement l'Espagne c'est un pays voisin, c'est accessible en voiture,
mais moi cette année là j'avais l'impression d'être sur une autre planète.
Et c'était pour moi un voyage...
C'était cosmique pour moi cette année là.
Ouais d'accord, c'est très clair.
Bien, je crois que tu nous as donné envie de partir.
Je vais rester encore un petit peu devant mon micro parce que j'ai encore des questions.
Mais ton histoire est inspirante et c'est vrai que ça motive à se dire bon bah oui
effectivement aller voir ailleurs, commencer parce que je vais découvrir beaucoup sur un
nouvel environnement, sur de nouvelles personnes, sur une nouvelle culture et puis à priori je
risque de découvrir peut-être autant sur moi-même et ça c'est je pense je pense que ça reste le
plus important de tout de se connaître soi-même je pense que c'est la base pour beaucoup de bonnes
choses donc donc toi tu nous as décrit un moyen un moyen d'arriver à mieux se connaître soi-même
qui a l'air d'avoir très très bien marché pour toi et à mon avis mon avis n'est pas le seul
Est-ce qu'on peut reparler un petit peu d'Erasmus en tant que programme d'échange ?
Est-ce que tu peux nous expliquer d'où ça vient, pourquoi ça a été créé ? Qu'est-ce que ça veut dire déjà ?
Voilà, commençons par là.
Alors Erasmus, ça vient d'un moine hollandais qui était humaniste.
c'est donc un moine qui était aussi philosophe, écrivain, et qui a vécu à l'époque moderne,
et qui en fait a entrepris un long voyage à travers l'Europe.
Attends, excuse-moi, époque moderne ?
Ah oui.
Définition, époque moderne.
L'époque moderne, en histoire, c'est entre 1453 à 1789.
En gros, c'est la période aussi des découvertes, c'est le moment où tous les continents se connectent les uns aux autres,
notamment dans le domaine commercial, il y a beaucoup de manières de définir l'état moderne.
Mais donc Erasmus était ce Hollandais humaniste qui était happé par le partage du savoir.
Donc il a voyagé dans beaucoup de contrées européennes,
et donc il a été le membre de ce qu'on appelle une république des lettres.
Donc vraiment il a pu nouer un réseau d'intellectuels, de penseurs, de philosophes qui,
qui tout simplement avaient comme point commun de se dire que,
finalement la chose la plus formidable sur cette planète c'est l'homme.
Et on doit l'étudier, on doit le comprendre, on doit l'analyser,
et on doit vraiment en faire un être aussi beau que ce qu'il est réellement en fait.
Voilà. Et donc c'était en hommage à Erasmus que ce programme a donné son nom.
C'est un programme de mobilité, d'échange, surtout dans le domaine universitaire, pédagogique.
Ce sont surtout les étudiants et les enseignants qui sont concernés.
Ça concerne 28 pays européens, 3000 établissements en tout.
Et donc ça a été créé officiellement à la fin des années 80, je dirais 87, pour ne pas dire...
87, c'est une bonne année pour créer quelque chose 87.
Tu la connais très bien cette année.
Tu as vu qu'il y avait des événements incroyables tels que la création de Erasmus ou ta naissance.
Exactement, un gagné.
Et donc le projet, si tu veux, le projet à mon avis, il y a deux facettes.
Il y a la facette si tu veux de l'échange culturel.
Il y a vraiment donc la possibilité qui est donnée à un étudiant français
de partir en Espagne, en Allemagne, en Italie, à Malte.
Mais l'autre facette du projet, c'est qu'il ne faut pas oublier qu'on est dans un continent
qui a été traversé par deux conflits très meurtriers pendant tout le XXe siècle.
Et à mon avis, j'en suis presque persuadé, il y avait le projet de mélanger les petits-fils,
les arrière-petits-fils, les arrière-arrière-petits-fils de ces soldats qui se sont entre-déchirés
pour façonner une amitié européenne, pour façonner une europhilie.
Et moi je pense que dans ce domaine-là, Erasmus est une réussite complète.
Là, je veux dire, si un gouvernement décide de lever, je sais pas moi,
un gouvernement allemand décide de lever toute une armée pour repartir à la conquête de l'Europe,
non, ça ne sera pas possible.
Pour de multiples raisons, dont une est celle du fait que tu vas avoir, je sais pas,
entre 5 et 10% j'imagine, des étudiants allemands qui ont visité,
qui ont vécu même, qui ont même habité la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce.
Et ça, ça apporte vraiment une plus-value.
Une plus-value donc du savoir, mais aussi une plus-value de la connaissance, de l'appréhension, de la découverte.
Et voilà, c'est comme ça en tout cas que je définirais Erasmus.
Bon du coup on a eu un petit problème technique et donc on repart sur l'enregistrement aujourd'hui.
On va essayer de faire en sorte de pas trop radoter par rapport à hier,
de dire des choses complémentaires et pas nous voler même.
Mais au pire quand j'éditerai, je verrai si jamais on se répète trop.
Mais j'ai confiance.
Les alliats de l'informatique ?
Ouais, ouais, ouais.
Ouais, surtout à distance comme c'est le cas en ce moment
et encore que ça marche quand même plutôt pas mal,
même si tous les deux on a eu un petit peu de mal,
mais globalement ça marche pas mal, le service, la Zencaster que j'utilise,
ça marche même je trouve très bien pour enregistrer à distance en bonne qualité,
donc on va pas cracher dans la soupe,
des fois on a des petits soucis, mais globalement ça marche quand même bien.
Alors, on disait avant de se quitter hier,
tu nous avais parlé du programme Erasmus, tu nous avais dit d'où il venait, tu nous avais parlé de
ce personnage historique Erasmus qui a donné son nom au programme et dont le mode de vie et les
idéaux on va dire sont représentés a priori par ce programme là. La question que j'avais ensuite
c'était par rapport au programme en lui-même et au succès qu'il avait. Est-ce que tu sais où on en
est aujourd'hui ? Est-ce que c'est un programme qui marche de mieux en mieux ? Est-ce qu'au
contraire les gens s'intéressent un petit peu moins à ça ? Est-ce que tu sais ce qu'il en est ?
Alors de ce que j'ai pu observer, puis d'après les informations que j'ai pu aussi recueillir,
parce que évidemment que ce programme m'intéresse, je peux t'affirmer que lorsque je suis parti pour
l'année 2004-2005. Donc ce que j'ai pu observer auparavant c'est qu'il n'y avait pas réellement
beaucoup de candidatures, en tout cas dans mon entourage, dans mon université, on ne se
bousculait pas pour partir. D'ailleurs j'ai même eu le luxe de choisir le lieu où j'allais atterrir
en Espagne pour te dire, alors qu'aujourd'hui on va dire que 15 ans après il y a beaucoup plus de
candidature. Moi j'ai l'occasion de donner quelques tés à la fac d'espagnol et je sais
que les étudiants et les étudiantes qui veulent donc partir pour un projet de mobilité, alors c'est
CV, lettres de motivation, il faut justifier ton départ et il y a une sélection par rapport au
nombre de candidats, c'est beaucoup plus drastique. Sinon, dans un autre domaine, celui budgétaire,
ils s'adaptent donc à l'augmentation, à la croissance du nombre d'établissements qui sont
concernés, mais on considère que la masse budgétaire qui a l'eau allouée, elle n'est
pas non plus suffisante pour permettre une autonomie totale de l'étudiant sur place.
C'est-à-dire qu'il faut bien comprendre que la bourse Erasmus, c'est vraiment un complément
pécunier et qui ne te permet pas d'envisager une année sans dépendance financière et donc il faut
avoir d'autres ressources bien évidemment. D'accord, il y a une question que je t'ai pas
posée jusque là mais qui est complètement essentielle, le programme Erasmus concrètement,
qu'est-ce qu'il apporte à l'étudiant qui veut partir ? Donc le programme Erasmus à l'origine
il te permet de valider une année universitaire, mais à l'étranger.
C'est-à-dire un cas de figure tout à fait classique.
Donc aujourd'hui, on est dans un système de licence Bac + 3
et Master Bac + 4, Bac + 5.
Donc un étudiant qui en L2, il peut envisager le départ,
donc pour la L3 à l'étranger et valider donc la L3 à l'étranger.
Auparavant, là aussi on connaît une évolution.
Auparavant, il y avait donc une forme de tolérance,
on va dire totale à l'égard des étudiants Erasmus, c'est-à-dire que l'acte de présence
suffisait pour la validation du diplôme. J'ai cru comprendre d'après les retours que j'ai de mes
anciens élèves ou de mes étudiants, et bien que c'est devenu beaucoup plus exigeant en termes de
résultats, de contenu, et donc il s'agit réellement de faire valoir ta justification, c'est-à-dire que
tu pars pour de raisons précises. Il y a évidemment donc des ambitions de découverte, des envies de
voyages qui sont vraiment donc impérissables, ça traverse le temps, les générations, mais dans le
domaine on va dire plus administratif, il y a vraiment beaucoup plus d'exigences qui maintenant
sont imposées aux étudiants. D'accord, d'accord, donc c'est très clair, le programme permet en
priorité de valider une année à l'étranger d'un point de vue diplôme. Et du coup tu nous as
parlé à l'instant de bourses en plus. Les bourses, c'est tous les étudiants qui partent en Erasmus
partent avec une bourse ou pas forcément ? Comment ça marche ? Alors d'après ce que je sais,
en tout cas c'était le cas durant mon année Erasmus, tout le monde a la bourse Erasmus et
c'est à une même, et donc de même montant, de même valeur. Par contre là où ça peut être
différent entre les étudiants, c'est que les étudiants qui ont besoin de cette bourse de
façon plus urgente, la reçoivent plutôt que les autres étudiants. Donc concrètement,
moi j'ai reçu deux fois à peu près 800 euros, une première fois donc au mois de janvier,
une deuxième fois au mois d'avril-mai. Donc si tu fais le calcul, c'est l'équivalent de presque
200 euros par mois universitaire. Mais bon après, si tu rajoutes donc les loyers, les frais
alimentaires, les autres frais, ça ne suffit pas. Mais je dois dire par contre que pour l'Espagne,
c'est une somme tout à fait intéressante. Oui évidemment, suivant le pays où tu pars,
on comprend bien que le coût de la vie n'est pas le même et que ces 200 euros vont t'amener plus
loin en Espagne qu'en Suède je suppose. Ou à Londres, c'est ridicule 200 euros.
Quand tu es étudiant, si tu veux partir à l'étranger, on va dire continuer tes études,
tu as le programme Erasmus dont on parle depuis un petit moment, tu as d'autres moyens ou finalement
c'est un peu le monopole de ce domaine là ? Alors c'est à dire qu'avant il y avait plusieurs
programmes qui permettaient donc de faciliter les mobilités à l'étranger ou qui permettait de les
organiser par exemple les stages en entreprise où donc c'était pas circonscrit situé aux étudiants,
il y a d'autres domaines à la fois donc universitaire ou professionnel qui sont
intéressés par la mobilité et qui les organisent, aujourd'hui tout a été rassemblé dans un
organisme qui englobe tous ces programmes et qu'on appelle Erasmus ++. Donc là il s'agit
vraiment par exemple, je sais qu'en France on a des maisons rurales par exemple qui permettent
de récupérer des adolescents qui sont en complètement décrochage scolaire, souvent des
élèves qui ont connu un parcours au collège, au lycée un peu compliqué, et bien même ce profil
par exemple de jeune, et bien a droit maintenant à un départ à l'étranger temporaire et financé
en partie par l'Union européenne. Alors ça a un petit peu coupé donc je pense que l'enregistrement
sera bon mais j'ai loupé des bouts de phrases et est-ce que tu peux me... j'ai compris de quoi il
s'agissait ce dont tu parlais mais j'ai pas compris l'intitulé par rapport aux élèves qui ont été en
décrochage et qui peuvent partir après, j'ai pas compris de quoi il s'agissait.
Donc le programme aujourd'hui qui englobe toutes les mobilités à l'étranger,
du moins en Europe, c'est Erasmus ++, mais là je vais évoquer ensuite les structures des maisons
rurales ou maisons familiales, je n'ai plus exactement le nom en tête, mais ce sont des
structures en zone rurale qui permettent de travailler dans des effectifs beaucoup plus
réduits que des jeunes qui ont connu un parcours scolaire un peu compliqué.
À un moment tu nous parlais aussi d'échanges en termes de, pas forcément que d'étudiants,
mais de profs aussi je crois que tu nous disais ?
Oui.
Les profs ont accès à une branche d'Erasmus on va dire ?
Eh bien oui, c'est une possibilité qui est offerte donc aux enseignants et dans ce cas
de figure si je ne dis pas de bêtises il s'agit donc de partir un an et donc tu es
immergé dans le système éducatif du pays qui t'héberge et il peut même que tu dispenses des
cours. Et moi réellement ce programme, tu le devineras, il m'intéresse énormément. Donc
qu'est-ce que j'aimerais enseigner un an dans un lycée espagnol ou dans un collège espagnol ou
même pourquoi pas latino-américain, sud-américain et puis donc quelque part dans une envie aussi de
découverte nous aussi quelque part dans une envie de mettre en difficulté c'est bien aussi de pouvoir
tester ses limites dans ce domaine là. Nous sommes tous des personnes de challenge, toi par exemple
tu en es un parfait exemple, tu en es une parfaite incarnation donc tu comprendras facilement que
si l'année prochaine il y a la possibilité concrète qui est permise, je la saisirai.
Alors justement je vais te poser une question avant que tu fasses cet aparté,
à quel point à ton avis est-ce que c'est important ce critère, cette envie de se mettre en
difficulté, à quel point est-ce que tu crois que c'est important pour les gens qui partent vivre un
an à l'étranger, dans le cas d'Erasmus, en tant qu'étudiant ou en tant que prof ou des expatriés
dans un domaine privé ou n'importe quoi, cette volonté d'aller vivre littéralement, pas d'aller
en vacances, d'aller vivre et d'aller travailler du coup à l'étranger, à quel point est-ce que
c'est lié à une envie justement de se dépasser peut-être, de se mettre en danger entre guillemets.
Il y a en tout cas, il y a mille raisons qui pourraient donc expliquer, mille raisons possibles
de partir à l'étranger, notamment dans le cadre de Rasmus. Moi je dirais que j'ai pu croiser
plusieurs, on va dire plusieurs éléments, plusieurs facteurs qui se sont retrouvés à ce moment là,
au bon moment. Donc il y avait, comme je t'ai dit, c'était une période un peu transitoire dans ma vie
personnelle, je n'avais pas envie d'entrer dans la vie professionnelle, je voulais rester aussi
dans le cadre universitaire, l'envie de découverte, donc l'envie de m'immerger dans une autre culture
et puis aussi l'envie donc de découvrir quelque chose de complètement nouveau. De se mettre en
difficulté, ça permet à mon sens, de façon concrète, vraiment donc non seulement, comme je l'ai
dis auparavant, de prendre conscience de tes qualités et tes défauts, mais aussi de réfléchir
à propos de ces aspects. Et donc tu essaies de comprendre pourquoi tu es plus attiré par
ce type d'endroit, ce type de personnes, ce type d'activité, et pourquoi tu ne l'es pas. Et donc
je crois que quelque part ça peut aussi émaner ou ça peut alimenter une forme de crise existentielle
si tu veux, mais qui serait très porteuse pour ton avenir. Donc, à mon sens, c'est comme ça que j'expliquerai.
Ouais, il y a un mot que tu as employé là, au moins une fois, mais qui était lié à plusieurs
phrases que tu as employées, un mot qui est complètement fondamental pour moi. Et à un
moment, j'hésitais à ce podcast, j'hésitais à l'appeler juste avec ce mot là, c'est le mot
pourquoi. Et je trouve que c'est intéressant cette remarque que tu as par rapport au fait que c'est
important de savoir quelles sont ses qualités et ses défauts. Mais ce que tu appréciais c'est que
c'était encore plus important de savoir pourquoi. Pourquoi est-ce que tu as ces qualités, ces
défauts ? Pourquoi est-ce que tu as ce goût pour certaines choses et d'autres ? Et voilà,
je n'ai pas forcément de questions par rapport à ça, c'est juste une remarque, mais c'est un mot
qui est très très important pour moi et c'est un mot je pense qui est important pour pas mal de gens
à qui je parle dans le cadre de ce podcast. Et voilà je voulais juste le remarquer parce que
ça m'a interpellé. Et j'ai envie de rebondir sur ta remarque "pourquoi pas" finalement. Pourquoi pas ?
Lorsqu'on m'a posé la question "mais pourquoi est-ce que tu pars ? Pourquoi est-ce que tu veux
quitter ce cet environnement, ce cocon, ce cadre qui t'apporte beaucoup de confort, mais pourquoi
pas justement. Ouais alors ça me laisse un peu sur ma faim ça, le pourquoi pas. Je crois que je
comprends à peu près où tu veux en venir, mais je pense que tu ne verbalises pas ta réflexion
jusqu'au bout. A mon avis le pourquoi pas c'est pas juste un pourquoi pas, je pense qu'il y a des
choses qui se cachent dessous et quand tu réponds juste pourquoi pas à mon avis tu tu ne les mets pas
en valeur ces choses qui se cachent et il ya peut-être des raisons justement était des raisons
sous-jacentes qui font que tu as juste envie de répondre ça à un moment donné mais mais je suis
convaincu que d'entendre pourquoi pas il ya autre chose est ce que est ce que c'est est ce que c'est
je réfléchis en même temps donc j'ai pas j'ai pas la réponse avant de commencer ma phrase mais
Mais derrière ce pourquoi pas, est-ce que c'est pas...
Eh bien oui certes, il y a ces avantages-là, je suppose que tu ne les remets pas en question,
ces avantages dont te parlaient tes collègues, mais de te dire, ils ne sont pas essentiels pour moi.
Ils ne sont pas essentiels à ma survie.
Et à côté de ça, en allant me mettre en difficulté ailleurs,
je pense que j'évoluerais plus fortement qu'en restant dans ce cocon.
Oui, c'est sûr.
Mais en tout cas, ce que tu soulignes,
à savoir une forme de légèreté qui accompagnait cette réflexion,
mais c'était aussi mon caractère à l'époque.
Donc à cet âge-là, je suis sûr qu'au fond de moi,
de façon au moins inconsciente, je savais pourquoi je partais
je n'aurais pas su à ce moment là donc mettre les mots sur ces motivations. Ce qui est certain c'est
que donc finalement les conséquences, les impacts ont été fondamentaux donc dans la suite de mon
existence, de mon destin et réellement ça m'a permis de prendre conscience que ça a été une
opportunité qui m'a tellement importé, qui m'a tellement élevé, qui m'a tellement tiré vers le
haut que je ne peux que qu'encourager à des personnes dont on lèche de partir et bien de l'effectuer.
Alors est-ce que je pense que c'est le bon moment est-ce qu'on peut ce que tu peux me parler
justement de des impacts que tu as ressenti et que tu as pu analyser depuis sur le sur la suite de ta
vie c'est quelque chose qu'on voulait aborder ensemble à un moment dans le dans l'épisode je
pense que c'est le bon moment. Oui c'est une question qui est intéressante et qui réellement
alors là t'oblige à prendre du recul, à faire un point, un bilan. Moi je crois que si je devais
en faire un c'est sur deux plans, un plan individuel et un plan professionnel. Sur le
plan individuel j'en ai déjà un peu parlé mais c'est la confiance, ça m'a apporté tellement de
confiance et la confiance et la conscience de qui j'étais, de qui je n'étais pas non plus. Et pour
compléter cette réflexion, il y a aussi sur le plan professionnel. Moi sur le plan professionnel,
donc j'enseigne l'histoire géographie, donc c'est une discipline qui pour moi a été tellement
cohérente par rapport à mon existence passée, dont l'État, pour Erasmus, fut un événement capital.
Mais... Attends je te coupe mais on est d'accord pas uniquement ? Non pas uniquement bien sûr.
Pas uniquement, là où tu es né, le fait que quand tu étais petit tu as fait des... je ne sais pas
quelle est la distance mais peut-être des milliers de kilomètres pour arriver ailleurs et après tu
as bougé à nouveau. Il y a eu évidemment Erasmus mais j'ai l'impression que c'est quelque chose
qui s'enracine en toi profondément. Bien sûr, je crois que l'expérience de voyage est vraiment
est vraiment donc ancrée, elle est atavique, c'est à dire qu'elle est peut-être même inscrite
dans une forme d'identité personnelle, mais c'est sûr que Erasmus te permet de prendre
conscience de cet aspect de ta personne. Donc là c'est évident, je peux pas te cacher que j'ai vu
des personnes qui ont très mal vécu leur Erasmus, elles sont ultra minoritaires, mais c'était des
personnes qui avaient pris conscience que leur désir de partir à l'étranger n'était pas
fondamentalement ni réfléchi, ni mûri, ni désiré. Et puis bon, après pour poursuivre donc ma réponse
de tout à l'heure, c'est surtout aussi sur un plan professionnel. Donc comme je te dis,
moi j'enseigne l'histoire géographique, et bien voilà, 6 heures par semaine, je donne des cours
de DNL en espagnol, donc c'est la section européenne espagnole, en fait c'est d'adaptation
du programme de l'histoire-géographie au contexte hispanique.
Donc là, les élèves comprennent très vite que moi je ne suis pas un prof de langue,
je suis un prof d'histoire-géographie qui a des aptitudes à parler l'espagnol,
mais ils comprennent aussi que je suis un transmetteur de cette culture hispanique.
J'ai eu la chance en plus en Espagne d'avoir vraiment nourri des amitiés avec des Espagnols,
aussi avec des Sud-Américains, avec qui donc je suis resté en contact,
Et voilà, moi je sais que ces heures de culture hispanique avec les élèves,
c'est des heures qui ne se déroulent pas de la même manière que mes cours d'histoire géoclassique.
On n'est pas dans les mêmes ports, on n'est pas dans les mêmes exigences,
on n'est pas dans les mêmes discussions.
Mais c'est une joie.
Et tu imagines que cette joie-là, je la ressens en travaillant.
Moi je vais au travail en chantant, quasiment, c'est parfait.
Alors j'imagine un petit peu quelle va être ta réponse pour différentes raisons
mais je te la pose quand même, si tu avais la possibilité,
tu ferais 100% de tes heures de prof en DNL espagnol ou pas ?
Je serais prêt à tenter l'expérience au moins un an.
Ah ouais, d'accord, ok.
c'est si réellement il y avait par exemple le souhait, le projet, un projet d'établissement,
mais vraiment en restant dans cette configuration de transmission de la culture hispanique,
pas avec des carcans méthodologiques, l'exigence de résultats scolaires,
là on reste dans un cadre vraiment très large, dans un cadre vraiment libre,
Là il y a pas de problème, je le fais dès la rentrée.
D'accord.
Bien, bon, donc on a fait un petit peu le tour de ce que ça t'avait apporté.
Si t'as quelque chose à rajouter, parce que moi je pose des questions au fur et à mesure,
des fois ça fait que l'invité se coupe dans son élan,
et après j'ai pas envie qu'il soit frustré parce qu'il n'a pas pu dire quelque chose qu'il avait en tête
et qui lui semblait important.
Moi par rapport au sujet pour lequel tu m'as sollicité et pour lequel j'ai répondu avec
énormément de joie et de nostalgie un peu, moi je peux que vraiment réaffirmer que cette
expérience là a tellement compté dans mon passé et dans mon présent et je souhaite
qu'elle compte aussi à l'avenir pour moi, que l'avenir qui m'attend soit aussi un peu
orienté autour de cette année là qui m'a mis au carapause.
Très bien, très bien. Je vais te poser quelques questions du type que je pose un peu à tout le
monde donc ça sera peut-être un peu moins lié à ton histoire, je sais pas, mais qu'est-ce que
ont tendance à penser les gens qui n'ont pas vraiment réfléchi à ça, qu'est-ce qu'ils ont
tendance à penser quand on leur parle d'Erasmus, d'années de césure à l'étranger, d'expatriation,
quels sont les premiers clichés qui arrivent et dans le lot quels sont ceux qui sont faux ?
Alors ça c'est là aussi c'est intéressant et je dirais que là aussi c'est sa part d'observation
mais entre mon année de départ et aujourd'hui donc il y a quand même 15 ans mais qui ont beaucoup
chamboulé les points de vue, les représentations, les impressions de toutes ces mobilités
internationale. Moi je sais qu'à mon époque, au moment où je suis parti, très clairement,
je pouvais détecter les personnes autour de moi que je rencontrais, celles qui étaient parties
à l'étranger ou non. Il y a un état d'esprit que tu façonnes, que tu crées grâce à cette
expérience à l'étranger. Au sein de mes proches d'ailleurs, ce point commun, il était devenu
aussi quelque chose de tellement solide qu'il avait même tendance à te couper un peu des
personnes qui n'avaient pas connu cette expérience là. Tu le voyais par des éléments concrets ou
c'était une sorte de sixième sens ? Un peu des deux, c'est à dire que dans les éléments concrets
je dirais c'était verbalisé, c'était "ah bah oui toi tu es parti, pas moi donc évidemment tu sais
mieux les choses que moi". Non c'est pas ce que je veux dire, je ne le laissais pas mieux, je peux
juste dire que je peux les savoir de manière différente ce qui est quand même pas il n'y a
pas de jugement de valeur mais sinon dans cette histoire de sixième science que tu as dit moi
je dans le discours d'une personne dans la manière de se comporter je crois que tu peux le détecter
assez rapidement. Mais voilà alors maintenant ça a évolué aujourd'hui donc la mobilité n'est plus
vécue n'est plus représentée comme une aventure elle est représentée maintenant comme une
nécessité et on te demande aujourd'hui dans beaucoup de domaines professionnels de maîtriser
deux trois quatre langues donc du fait que ça soit devenu une forme d'injonction collective
il ya peut-être moins de... il ya peut-être moins le charme de l'aventure mais il y aura
toujours le plaisir de la découverte là quel que soit le contexte ça c'est un disque je me sens
que cet élément là ne disparaîtra jamais. Donc pour les gens qui ont déjà un petit peu en
tête de partir éventuellement par le programme Erasmus, dans leur réflexion sur quoi est-ce
qu'ils peuvent s'appuyer de sûr, de solide, avant peut-être avant, non j'allais dire peut-être avant
mais pas forcément, j'allais dire peut-être avant de savoir où ils veulent partir, je sais pas comment
commence sa réflexion, est-ce que pour beaucoup de gens la réflexion c'est moi je veux aller à
l'étranger, je veux aller découvrir quelque chose d'autre, je veux me mettre en danger,
je veux voilà enfin me mettre en danger, c'est toujours façon de parler. Où est-ce que c'est
où est-ce que c'est plus ? Ah bah moi je suis je suis fasciné par, toi tu pourrais dire je suis
fasciné par l'Espagne, comme moi je pourrais dire je suis fasciné par les Etats-Unis et commencer
par un lieu et après se dire bon alors dans quel cadre je pars ? Donc ma question je la repose,
c'est sur quoi est-ce que sur quoi est-ce qu'on peut s'appuyer quand on est à ce niveau là dans
dans la démarche ? Là aussi le cadre de la mobilité c'est beaucoup plus affiné,
affermi, c'est devenu beaucoup plus procédurier donc on est plutôt obligé, enfin les étudiants
maintenant sont plutôt obligés de s'adapter à l'offre plutôt que de la créer. Donc là-dessus,
après c'est au niveau de leurs affinités personnelles, qu'elles soient linguistiques
ou culturel. Mais moi, de ce que je peux en retenir, c'est que j'ai connu des personnes,
par exemple je connais beaucoup d'Espagnols, certains d'entre eux ont fait leur Erasmus
en Lituanie, en Pologne, en Islande, dans des contextes complètement différents de l'Espagne,
de l'Europe du Sud ou du Sud en général, ils se sont éclatés alors que c'était des destinations
qu'ils n'avaient pas choisis, c'était des destinations qui étaient imposées. Donc c'est
c'est pour ça que je disais tout à l'heure le plaisir de la découverte tu l'auras toujours.
Il y a encore il y a quelques mois j'ai vu un documentaire sur Erasmus,
tu me dis bien que dès que ça parle d'Erasmus à la télé ça m'intéresse je regarde,
mais un espagnol était parti en Pologne donc alors qu'il voulait partir au départ en Italie,
on lui a dit c'est la peine ou rien, il est parti en Pologne, il s'est éclaté, il a tourné le pays,
moi je connais que très peu la Pologne mais du fait qu'il souhaitait partir au départ en Italie,
ça signifiait quand même qu'il recherchait un contexte culturel qui était proche, voisin du
sien. Mais voilà, comme quoi se mettre en difficulté, se mettre en danger, ça peut être
source de plaisir aussi. C'est évident. Donc un élément sur lequel on peut pas vraiment s'appeler
appuyé par rapport à Erasmus actuellement, c'est sa connaissance des langues.
La connaissance des langues, là aussi il y a plusieurs manières de l'appréhender.
Moi j'ai fait le choix, c'est un choix personnel, je ne voulais pas parler français pendant
les trois premiers mois.
Donc ça veut dire que j'ai fui tous les français pendant le premier trimestre.
C'était pas un choix, comment dire, aisé.
Évidemment que par la force des choses je me suis quand même lié d'amitié avec certains
français mais j'ai privilégié donc les groupes de personnes qui parlaient l'espagnol,
en tout cas qui ne parlaient pas strictement le français. Après ça dépend donc du contexte,
mais là aussi j'étais assez étonné d'entendre certaines histoires. Je connais des personnes qui
sont parties en Erasmus par exemple en Roumanie, et bien ils ont quand même réussi au bout de six
mois de vie sur place, et bien à être capables de parler le roumain, d'être capables de nourrir
une conversation basique. Bon, après tu as le plan B, c'est quand même tout le temps de sortir avec
de l'anglais basique, mais très très rares sont les personnes qui ont eu l'expérience du voyage,
pas du voyage pardon, de la résidence à étranger, donc de l'étude à étranger,
et qui ne sont pas revenus avec un niveau linguistique au moins basique. Alors c'est
C'est mieux si tu as une base, évidemment, de la langue.
Donc moi, on va dire que dans les langues vivantes, j'ai toujours été très scolaire.
J'ai toujours adoré, moi, l'enseignement des langues vivantes quand j'étais à l'école.
Et les Espagnols que j'avais rencontrés avant mon départ,
ils m'ont dit "mais tu as une base grammaticale de conjugaison qui est remarquable".
Donc ils m'avaient rassuré, ils m'avaient dit "si tu vas sur place,
alors tu vas rapidement être immergé dans un bain linguistique,
mais dans lequel tu pourras largement t'en sortir.
D'accord, mais bon voilà ma question, c'est très intéressant quand tu as répondu, mais je vais la
reposer un petit peu quand même parce que j'ai un objectif derrière la tête. La question que je
pose un peu à tout le monde c'est sur quoi est-ce qu'on peut s'appuyer comme base, comme fondement,
comme fondation et quand tu m'as donné l'exemple de l'Espagnol qui s'est retrouvé en Pologne,
je suppose qu'il n'avait pas vraiment étudié le polonais avant de partir.
C'est évident.
Et du coup quand tu me dis qu'il y a une grosse concurrence aujourd'hui pour avoir
une bourse Erasmus, je suppose que c'est le cas peut-être de pas mal de gens qui se
retrouvent dans un pays où... moi à l'école j'ai fait de l'anglais d'abord donc j'ai eu la chance
de faire beaucoup beaucoup d'anglais parce que j'étais dans une classe qui me permettait de faire
beaucoup d'anglais donc très rapidement je pouvais m'en sortir dans les pays anglophones
relativement facilement et après j'ai fait de l'allemand bon en allemagne ça a été déjà plus
compliqué mais je me suis retrouvé en espagnol je partais de zéro je me suis retrouvé en italie
je partais de zéro je me suis retrouvé en pologne j'en parle pas donc voilà donc c'est moi ce que
que tes remarques me font remarquer c'est que finalement pour l'Erasmus c'est peut-être moins
des critères de langue aujourd'hui que des critères de ceux qu'on a soulevé depuis le début, des
critères d'immersion dans une autre culture, de se mettre en difficulté, voilà tout ça.
Et tu as tout dit, les critères essentiels c'est l'envie, la motivation, la stimulation,
ce sont des critères qui, si tu veux, surpassent tous les obstacles que peuvent
représenter par exemple une langue. Mais réellement, au plus tu t'épanouis sur place,
au mieux tu apprendras la langue du pays qui t'accueille. Mais après tu n'es pas sans ignorer
que beaucoup d'histoires aussi sentimentales sont mouillées sur place et que rien de tel
qu'une histoire d'amour, si tu veux, pour apprendre la langue donc avec quelqu'un du pays,
eh bien pour apprendre la langue, c'est évident. Donc peut-être partir d'un pays où on pense
qu'on sera particulièrement attiré par les personnes qui peuvent nous attirer personnellement
pour apprendre la langue plus vite c'est un sous-entendu ? Je pense que c'est un critère
qu'il faut pas négliger. Bon très bien très bien. Est-ce que tu aurais des ressources à conseiller
aux gens qui veulent creuser parce qu'ils ont en tête, ils savent déjà qu'ils veulent plus ou moins
partir en Erasmus donc ils auront peut-être les ressources de base mais d'autres sera pas le cas
est-ce que donc quand je parle de ressources ça va être un site internet ça va être un livre ça
va être une chaîne YouTube, ça va être un autre podcast. Est-ce que tu as des choses à conseiller ?
Alors pendant ma carrière, il y a une année où on avait chargé de trouver des stages à des élèves
à l'étranger, des stages à l'étranger parce que c'était à une époque où j'étais enseignant en lycée
professionnel et donc au lieu de réserver des structures locales, certains élèves avaient
mis le souhait de partir à l'étranger. Ils avaient 16 ans, tu imagines, 16 ans. Moi à 16 ans c'était
la dernière chose qui me passait par la tête de partir de chez moi. Et donc j'avais réussi à
trouver donc une structure en Catalogne pour un cuisinier et un serveur. Ils ont travaillé dans
un même restaurant, hôtel-restaurant magnifique, étoilé, en plein milieu d'un parc régional. Et
donc du fait que c'était ma mission administrative de trouver cette structure, j'étais étonné parce
parce que cette fonction de développeur de la mobilité,
comme ça dans le cadre de l'éducation nationale,
m'a conduit à trouver des ressources comme tu le proposes.
Et réellement le site de l'Union Européenne
a vraiment toute une partie sur ces projets de mobilité
qui sont exploitables.
Je ne suis plus développeur de la mobilité,
mais de tête c'était 2E2F,
le chiffre, la lettre, le chiffre.
2E2F. D'accord, bon. Pour ceux qui écoutent, je précise quand même, on mettra tout ce dont tu
vas nous parler dans les notes d'épisode et à la fin de l'épisode je dis où on les trouve. Donc
on pourra en discuter après pour trouver exactement les sites auxquels tu fais référence. Alors
voilà, juste en une minute, 2E2F c'est très simple, c'est plusieurs colonnes, c'est d'où est-ce que
tu viens, où est-ce que tu veux partir, dans quel domaine, voilà ce qu'on te propose. Donc c'est
quand même après tu as la possibilité de faire des candidatures spontanées, libre à toi, mais tu
as une plateforme de base qui est tout à fait accessible et à tout ça. Ensuite tu as évidemment
donc dans un cadre plutôt universitaire maintenant, toutes les universités sont très riches de
documentation qui présente Erasmus, qui présente aussi tous les établissements qui sont en
partenariat avec ton université d'origine. Donc je ne peux pas aussi nier que les documentaires
Erasmus sont maintenant très très nombreux, disponibles sur YouTube ou sur des replays
de chaînes de télé. Mais moi, tu sais quelle était la ressource qui m'a pleinement, enfin qui m'a
pleinement en tout cas donné envie de partir, d'être sûr de cette décision. Ça va être
complètement cliché, je suis désolé mais peut-être que tu t'en doutes, non ? Je sais pas, j'ai envie
de tenter Arte. Alors Arte, ce serait une bonne éventualité mais moi en fait il s'agit d'un film.
Il y a un film qui à l'époque avait fait le buzz.
Je ne sais même pas si je l'ai vu, je crois que je sais de quoi tu parles, c'est l'Auberge Espagnole.
L'Auberge Espagnole avec Romain Duris et Audrey Touteau il me semble.
Mais ce film, je l'ai vu deux fois, je l'ai vu juste avant de partir et juste après mon retour en France.
Rien que de t'en parler j'en ai la chair de poule en fait.
parce que ce film il est alors évidemment qu'il présente quelques défauts comme tous les films
mais les trois quarts des péripéties qui se déroulent dans ce film je les ai vécu moi-même
et sans même les provoquer je les ai pas j'ai pas voulu les vivre parce que j'ai vu ça dans
un film c'est parce que la vie en Erasmus elle te voilà elle te jette comme ça dans le bain et
voilà il faut te débrouiller. D'accord, bon bah très bien, tes conseils je pense vont aider
certains auditeurs à savoir où aller après avoir écouté cet épisode. Est-ce qu'en une phrase si
possible ou en tout cas en condensant un maximum, est-ce que tu pourrais nous dire ou nous redire
ce que tu aimerais qu'on retienne après avoir écouté cet épisode. Vu qu'on aura parlé pendant
un long moment, on ne va pas tout retenir, c'est évident, personne ne va tout retenir. Moi peut-être
parce que je vais le réécouter plusieurs fois pour un peu éditer, pour sortir des extraits et tout,
mais ce n'est pas facile de retenir quand on parle pendant, je ne sais pas, peut-être deux heures ou
quelque chose comme ça. Qu'est-ce que tu aimerais qu'on retienne si on devait retenir une chose ?
qu'est ce que ça serait ? Réellement j'aimerais, si je devais résumer le propos, ce que je vois
avec Gouraudian c'est que c'est une expérience qui vaut réellement la peine d'être vécue et
qu'il faut à condition de ne pas avoir peur donc de remuer des choses qui sont meilleures
en vous. Et réellement et toujours aussi donc dans un espoir que cet avenir là il sera à mon sens
meilleure grâce à des événements qui se déroulent dans ta vie mais celui-ci a toujours office d'un
événement porteur, vraiment d'un événement prometteur et porteur. Parfait. Qu'est-ce que
qu'est-ce que les auditeurs peuvent faire ? C'est une question que je pose à tout le monde donc elle
s'adapte plus ou moins bien mais qu'est-ce que les auditeurs peuvent faire pour toi directement ?
alors tu me diras si tu as une idée, mais sinon pour la cause que tu défends, par rapport au
projet Erasmus, par rapport à la mobilité d'un point de vue général, par rapport à... on a un
petit peu parlé mais je trouve que ça fait sens d'en reparler, par rapport à l'Europe et le sentiment
d'être d'être européen. Qu'est-ce qu'on peut faire concrètement ? Qu'est-ce que tu me conseilles
de faire ? Moi je pense que, alors évidemment on va discuter d'autres domaines, mais bien sûr qu'il
y a plein de choses à critiquer sur le cadre européen ou de l'Union Européenne, mais j'aimerais
tellement qu'on s'oriente vers cette vision-là de l'Europe, cette vision-là de l'Union Européenne,
celle donc qui permet de brasser les cultures, d'être capable de communiquer en plusieurs
langues, de communiquer tous ensemble, c'est vraiment de se rendre compte que l'Europe c'est
aussi ça et ça devrait être essentiellement ça. Après pour le reste c'est plutôt, enfin moi j'ai
envie de dire aussi, surtout moi en fait, j'ai envie de donner aussi à ces gens là, tu me dis
qu'est ce que tu, qu'est ce que les gens pourraient faire pour toi mais je m'interroge toujours aussi
sur qu'est ce que moi je pourrais faire pour les gens et qu'est ce que je pourrais faire aussi
pour les convaincre de cette expérience tellement formidable dans leur vie.
Ce qui est presque frustrant finalement c'est que quand j'en parle autour de moi,
surtout les personnes qui n'ont pas vécu cette expérience,
elles remarquent très rapidement que c'est une expérience qui a été fondamentale pour moi.
Et donc des fois elles nourrissent le regret de ne pas l'avoir effectuée.
J'ai envie de me dire mais c'est vrai que c'est dommage de passer 25-26 ans
et bien que ces opportunités là se réduisent. J'aimerais presque être... Je suis en tout cas
convaincu qu'on peut partir à n'importe quel âge. Et qu'il s'agit vraiment juste de trouver le biais,
le moyen, le moment aussi. Mais rien ne doit nous empêcher de partir, être individuel et
personnel. Encore aujourd'hui, je suis encore... Je suis dans des démarches où j'ai envie de
partir à l'étranger j'ai envie d'enseigner à l'étranger. Je pense que je pense que juste le
temps que tu auras passé avec moi parce que finalement tu auras passé beaucoup de temps pour
enregistrer ce podcast parce qu'on s'y est pris à plusieurs fois l'enregistrement était coupé en
deux fois bon c'est un investissement de ta part un investissement de temps et d'énergie donc je
pense que tu je sais pas combien de personnes vont écouter cet épisode mais mais pour ceux
qui auront écouté je pense que ton investissement il payera donc toi tu auras fait en tout cas
quelque chose déjà juste à ce moment là pour ta cause on va dire et après si jamais tu as en tête
de faire autre chose de concret par rapport à ça moi je t'aiderai comme je peux pour le faire
savoir. Et bien si je dois prendre une initiative dans ce sens tu seras une des premières personnes
informé parce que réellement le temps qu'on a passé ensemble il a été très agréable et il a
été aussi très productif. Si vous me donnez aussi quelques petites idées je t'en parlerai à
l'occasion. C'est parfait, c'est parfait. Bon ma dernière question, comment est-ce qu'on peut te
contacter si on veut te parler directement de ton expérience si on veut par rapport à ce sujet là ou
par rapport à d'autres sujets qu'on a abordé parce que finalement le sujet central c'est Erasmus,
elle en est en Erasmus, mais on a parlé de beaucoup de choses autour parce que tu es quelqu'un qui sait
beaucoup de choses, mais plus important que ça, je pense, tu es quelqu'un qui agit beaucoup. Et ça,
c'est... il y en a d'autres, il y a d'autres personnes qui agissent beaucoup, mais ça c'est
quelque chose que je remarque vraiment chez toi. Tu vois, là j'ai encore appris que quand tu étais
lycée professionnel, tu avais ce rôle supplémentaire pour aider les jeunes à avoir
une expérience en mobilité. Je suppose que c'est pas quelque chose, tu as mis un couteau sous la
gorge, on t'a dit il faut que tu fasses ça. Tu as cette envie de progresser, tu as cette
envie de faire progresser, d'ailleurs ton métier c'est ça avant tout, et j'ai l'impression que tu
peut-être que des fois tu as peut-être des coups de moins bien mais j'ai l'impression que tu te
fatigues pas et au contraire tu trouves de l'énergie à être actif de manière productive
pour toi, pour ton expérience personnelle et puis beaucoup pour les autres. Donc s'il y a
quelqu'un qui t'a écouté, qui veut te contacter, quel serait le meilleur moyen ?
Le meilleur moyen, évidemment il y a les moyens on va dire conventionnels.
Je repose ma question, quel est le moyen que tu préfères ? Est-ce que c'est l'email,
est-ce que c'est les réseaux sociaux, est-ce que c'est le téléphone, est-ce que c'est la lettre,
est-ce que c'est le pigeon voyant ? Non, bon j'arrête, mais tu comprends l'idée.
Ecoute, tu sais que la lettre postale, elle ne me déplairait pas. Je fais partie d'une
génération qui a beaucoup alimenté les cartes postales estivales, pourquoi pas, mais sinon
évidemment les moyens conventionnels, le téléphone portable, ou j'ai un compte Facebook aussi, mais
sinon il y a des moyens aussi un peu plus insolites, des festivals de salsa par exemple,
pour les amateurs de cette danse là, mais sinon, mais réellement moi je sais que toutes les
personnes qui auront accès à cette vidéo sont des personnes dont je suis persuadé de la noblesse
de leurs intentions dont je serais mais alors ravi de partager mes coordonnées personnelles évidemment.
D'accord bon ce qu'on fera c'est que tu me diras à la fin ce que je mets dans les notes d'épisode
et pour contacter Annie et bah ça sera, il faudra passer par les notes d'épisode de cet épisode qui
sera normalement qui sera l'épisode 9 de Principes fondamentaux donc officiellement,
non pas tout à fait officiellement parce qu'il faut quand même que je fasse le boulot derrière
mais tu seras bien dans le top 10 des premiers invités de Principes fondamentaux.
Merci beaucoup Alexandre, vraiment merci infiniment.
Mais c'est moi, c'est moi, donc merci encore pour tout le temps que tu as passé avec moi
et avec nos chers auditeurs et puis on reparle de tout ça prochainement parce que mine de rien,
ça fait 4 ans qu'on se connaît, quelque chose comme ça, 4-5 ans, j'ai l'impression qu'en 2
heures on va dire j'ai appris j'ai appris à peu près autant sur toi peut-être même encore plus
que depuis 4-5 ans et ça c'est un ça c'est génial et j'adore j'adore ce podcast pour ça parce que
le plaisir a été entièrement partagé d'Alexandre, sincèrement. Bon et ben très bien alors sur ce je
vais te dire au revoir et puis et puis à très bientôt. A très bientôt Alexandre, au revoir.