#41 : Philippe Métais – la méthanisation pour tuer le gaz fossile
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L'épisode au format texte
Intro :
La méthanisation agricole, c'est je suis agriculteur, je produis de l'agriculture,
mais je génère des déchets que je valorise par méthanisation pour me permettre de récupérer des amendements organiques.
Ces amendements retournent à la terre pour nourrir d'autres plantations.
Et voilà, j'ai déjà ce premier cycle.
Et en plus, l'agriculteur produit de l'énergie renouvelable et fait un complément de revenu à son exploitation agricole.
Interview :
Allez, on va balancer le terme direct, la méthanisation.
Je ne sais pas si ça fait peur à certains d'entre vous.
Si vous avez cliqué sur l'épisode, je suppose que non.
Ou alors vous êtes des grands curieux et je vous félicite pour ça.
Est-ce que tu peux nous dire déjà, toi, Philippe,
quel est ton lien avec ce terme ?
Alors, quel est mon lien avec ce terme ?
C'est qu'en fait, je travaille dans le gaz.
Voilà, donc c'est...
On travaille pas tous dans le gaz.
Alors certains plus que d'autres quand même.
Alors moi, mon métier, effectivement, c'est de parler du gaz.
Je suis délégué territoire à Clermont-Vannes pour GRDF.
GRDF, c'est le gestionnaire du réseau de distribution de gaz en France.
Et du coup, forcément, je parle de gaz H24 et de méthanisation également.
Ouais, donc tu as un rôle de communicant au sein de GRDF.
Ça fait partie de ma mission, effectivement,
de t'expliquer, de porter ces messages des énergies renouvelables, de la méthanisation,
pour faire connaître différentes façons de produire et de consommer du gaz à faible
empreinte carbone.
Tu viens de parler d'énergie renouvelable, vu que tu es chez GRDF, toi tu vas t'intéresser
et tu vas parler des énergies renouvelables,
on va dire, autour du gaz uniquement,
ou est-ce que des fois tu vas parler d'éolien, de solaire,
d'autres types d'énergie ?
Alors forcément, quand on travaille chez GRDF,
on parle d'abord de l'énergie que l'on gère, que l'on exploite,
et en même temps, on est très rapidement amené à parler du mix énergétique.
Quand on parle à un client qui a du gaz chez lui,
il y a aussi forcément de l'électricité chez lui.
En général, le client a aussi une voiture
qui n'est peut-être pas encore électrique,
mais qui roule à l'essence ou au diesel.
Donc en fait, on est dans le domaine de l'énergie,
toujours assez rapidement amené à parler de ce fameux mix énergétique,
qui est aussi un mot qui…
On peut se poser des questions de qu'est-ce que ça signifie,
mais ce mix énergétique, cette façon dont je vais utiliser dans mon quotidien plusieurs énergies différentes,
ça fait partie également de notre métier de parler du gaz, mais pas que, et aussi des autres énergies renouvelables.
Donc en gros, tu vas pouvoir nous remettre un petit peu dans le contexte, quand on va parler de méthanisation,
quand on va expliquer ce que c'est, enfin quand tu vas expliquer ce que c'est, tu pourras nous remettre dans le contexte global.
Finalement, ce contexte global, c'est quoi ?
C'est notre utilisation de l'énergie ?
Même, je pense que ça vaudra le coup qu'on parle d'énergie.
Mais le contexte global, c'est ça ?
C'est l'énergie, c'est l'utilisation de l'énergie par...
Et d'ailleurs, j'allais dire par les particuliers, mais en fait, je ne sais pas.
Par les particuliers, par les entreprises, par tous ?
Par les collectivités, en fait, tout le monde,
enfin tout le monde, enfin voilà, tout le monde professionnel,
les particuliers, les collectivités locales,
locale, on est obligé d'utiliser de l'énergie. À chaque instant de l'existence de toute personne,
on a cette consommation d'énergie qu'il faut parfois réfléchir, raisonner. On se rend compte
que jusqu'à il y a quelques années, ce n'était pas un sujet parce qu'on avait beaucoup d'énergie
disponibles pour pas cher, on se rend compte avec les difficultés géopolitiques, il y a eu des crises
sur le pétrole, dernièrement c'était des crises sur le gaz avec le conflit russo-ukrainien,
après il y a eu une forte inflation sur les cours de l'électricité du gaz et du coup ça devient un
sujet et on se rend compte qu'effectivement on en a partout tout le temps. Ouais alors je note
au fur et à mesure parce qu'il y a plein de mots sur lesquels il faudra revenir.
Donc je réfléchis par lequel on commence.
Mais bon, alors peut-être voilà, reprenons les choses à base.
L'énergie, dans quel cadre est-ce qu'on s'en sert ?
Est-ce que quand on parle d'énergie, est-ce qu'on parle en priorité de chauffage,
d'électricité pour faire fonctionner l'ordinateur qui nous permet d'enregistrer l'épisode ?
d'énergie pour le transport. Finalement, comment tu décrirais, d'une manière relativement simple,
aussi simple que possible en tout cas, ce besoin d'énergie qu'on a aujourd'hui,
donc dans les années au 21e siècle quoi, et peut-être, vu que tu as parlé un peu du passé,
tu as dit il y a quelques temps, l'énergie on en avait plein, c'était pas cher, peut-être faire
un petit dézoom pour voir comment ça évoluait.
Alors déjà quand on utilise effectivement ce mot énergie,
j'allais dire c'est presque un mot valise, on peut mettre plein plein plein plein plein de choses
dedans. S'il fallait vraiment que je commence par définir les choses, en fait je vais d'abord
utiliser le terme "source d'énergie" et ça il y en a à revendre. Il y a des énergies renouvelables,
il y a des énergies fossiles, il y a le nucléaire, tout ça c'est vraiment ce qu'on appelle les
sources d'énergie, c'est des formes d'énergie qu'on peut trouver dans notre environnement. On a
le soleil, on a le vent, on a de l'eau, il y a de la géothermie quand on va aller creuser dans le
sous-sol, on a ce qu'on appelle aussi la biomasse, quand on a un troupeau de vaches dans un pré,
voilà une bouse qui va se décomposer, c'est de la biomasse qui est une source d'énergie disponible,
j'ai évoqué le nucléaire, donc il y a de l'uranium qui est disponible dans le sous-sol et
qu'on peut utiliser, voilà c'est une source d'énergie. Puis ensuite il y a les énergies
fossiles. Par définition, ce sont des énergies qui se sont accumulées par la décomposition de
matières organiques. Là, on a le charbon, le pétrole, le gaz naturel. Ce sont les trois
sources d'énergie fossile, mais qui sont aussi disponibles dans l'environnement.
Voilà, donc ça, c'est les sources d'énergie. Et puis ensuite, on a un autre... Pour sortir du
mot valise énergie, on utilise aussi un terme qui s'appelle le vecteur énergétique. Tu verras,
j'utilise beaucoup de mots qui font beaucoup de points dans les scrabbles.
Moi j'aime bien ce terme de vecteur, je fais des maths de temps en temps encore et j'aime bien le
vecteur, mais je ne connaissais pas ces deux mots associés, donc tu vas nous expliquer ce que c'est
peut-être.
Mais c'est un peu la même définition que pour les mathématiques en fait.
Le vecteur énergétique, c'est quelque chose qui nous permet justement d'aller à un point
A à un point B.
Et le vecteur énergétique, c'est des choses que l'on connaît, l'électricité, les combustibles.
Dans les combustibles, on peut mettre le gaz, on peut mettre des combustibles liquides ou
solides.
Et puis il y a également le dernier vecteur énergétique, c'est la chaleur et le froid.
Parce que ça, on transporte des calories donc de l'énergie.
Donc quand on dit énergie, il faut bien distinguer les sources d'énergie,
renouvelables ou pas renouvelables, avec les vecteurs énergétiques qui nous permettent de
de... comment dire... de transporter, de faire circuler de l'énergie, voire même de les stocker.
Donc par exemple, si je parle de batteries, de piles, de batteries, si je parle d'hydrogène,
qui sont des choses dont on entend peut-être un petit peu plus parler aujourd'hui, ce
sont des vecteurs énergétiques ?
Alors l'hydrogène est un vecteur énergétique, c'est un combustible qu'on peut avoir plutôt
sous forme gazeuse, enfin au lieu de gazeuse liquide, mais en fait qui me permet d'être
transporté et donc ça me permet de déplacer de l'énergie entre un lieu de production
et un lieu de consommation.
C'est ça en fait aussi, voilà, qui me permet d'avoir aussi cette distinction.
On parlait tout à l'heure dans les sources d'énergie, par exemple du vent ou du soleil,
sont des sources d'énergie mais il faut à un moment avoir une éolienne pour convertir le
vent à cette source d'énergie qu'est le vent en un vecteur énergétique qui est l'électricité et
cette électricité peut se déplacer. Ok, donc on en vient peut-être au terme de mix énergétique
aujourd'hui. Qu'est-ce que c'est que ce mix énergétique ? Et en gros je vais te poser une
une question un peu bête, mais
qui dit mix dit plusieurs...
Alors d'ailleurs, est-ce que c'est
plusieurs sources ou est-ce que
c'est plusieurs vecteurs ou est-ce
que c'est plusieurs sources et
plusieurs vecteurs quand on parle
de mission énergétique ?
C'est plusieurs sources et plusieurs
vecteurs.
Par exemple, si j'ai une maison qui
est... qui n'utilise
que le vecteur énergétique
électricité, j'ai
des radiateurs électriques,
un cumulus d'eau chaude électrique,
j'ai une belle plaque à induction, donc je n'utilise que l'électricité.
Peut-être que l'électricité qui a été transportée jusqu'à mon appart
et a été produite avec un peu d'éolien, un peu de solaire, un peu de nucléaire,
un peu de centrale à charbon, enfin voilà.
Donc les sources d'énergie qui m'ont permis de faire chauffer mon risotto ce midi
ou qui me permet d'allumer la lumière au-dessus de moi,
c'est à seul le vecteur énergétique, mais qui peut provenir d'énergie renouvelable ou pas.
D'accord.
Et donc le mix énergétique, qu'est-ce que c'est ?
Et bien c'est justement d'avoir un panel d'énergie,
enfin de vecteurs énergétiques à différents moments,
soit en fonction du moment de production, de transport de ces énergies,
ou alors après sur l'utilisation des énergies dans les appareils que je vais utiliser.
Moi mon appart, même si je travaille chez GRDF, je suis tout à l'élec.
Par contre, il y a des appartements à côté où ils sont chauffés avec une chaude hiérogase
et ils utilisent en même temps l'électricité.
Donc ils ont un mix énergétique dans leur logement et après ils peuvent effectivement
aussi choisir, je vais m'engager, je vais acheter directement de l'énergie renouvelable parce que je
veux que ce soit du solaire, de l'éolien, de la biobasse et voilà c'est tout ça le mix énergétique,
c'est différentes énergies, différents vecteurs énergétiques et après sur lequel je peux influer,
je peux choisir les énergies que je consomme.
Ok, comment on choisit ?
En achetant déjà, c'est le premier acte. C'est un peu la même démarche que l'alimentation bio.
Enfin, je peux choisir d'acheter du bio ou d'acheter des produits qui ne sont pas bio.
C'est d'abord un choix du consommateur.
Après, il faut aussi qu'il y ait l'offre qui soit disponible sur le marché.
Mais aujourd'hui, quelle que soit l'énergie renouvelable, cette offre existe.
Elle n'est parfois pas connue, mais elle existe.
D'accord.
D'accord.
Et alors, la question qui suit pour moi, c'est comment on fait ce choix ?
Donc tu as expliqué comment on choisit,
ce qui nous permet d'exprimer notre choix par l'achat, tu l'as dit.
Et la question qui vient pour moi, c'est qu'est-ce qui nous guide vers plus d'électricité,
plus de gaz, plus de je ne sais pas, dis-moi.
C'est de faire connaître, c'est d'écouter ce podcast par exemple,
donc ça va donner des idées d'acheter du biomethane peut-être.
Mais oui, c'est d'abord de faire connaître parce qu'on peut avoir des raccourcis qu'on
parfois nous-mêmes on fait, en étant spécialiste du domaine.
On entend qu'il faut interdire l'utilisation des énergies fossiles.
Oui, c'est vrai.
Sauf que l'énergie c'est un pas de temps qui est assez long, donc il faut avoir conscience
de qu'est-ce que je consomme, qu'est-ce qui est disponible comme énergie,
comme différentes énergies pour faire ce choix.
Il y a vraiment d'abord faire connaître les énergies renouvelables.
La méthanisation, le biomethane, ça fait partie de ces énergies renouvelables.
Par contre aujourd'hui, je pense que assez peu de monde
a conscience que sur le territoire français,
la production de molécules de biomethane, c'est l'équivalent d'un réacteur nucléaire.
Ok.
Voilà.
À comparer en France, on a combien de réacteurs nucléaires ?
C'est une très bonne question.
C'est une excellente question à laquelle je ne vais pas précisément répondre parce
que je ne connais pas le chiffre exact, mais en tout cas, l'ordre de grandeur c'est ça.
Là, fin 2022, on était à l'équivalent d'un réacteur nucléaire.
Fin 2023, on sera à l'équivalent de deux réacteurs nucléaires.
Ah oui, donc ça croît très fort.
Ça croît très fort et l'objectif étant que
c'est un des scénarios de l'ADEME qu'en 2050
la capacité de production de gaz de biomethane
puisse couvrir complètement les besoins de consommation de gaz sur le territoire national.
Donc c'est le chemin qu'on essaye de prendre.
Ok, donc ne plus être dépendant de gaz qui viendrait d'autres pays, pour faire simple.
Oui, et de Russie en particulier.
Je ne l'ai pas dit.
Moi je l'ai dit, ça s'est fait.
Mais c'est une prise de conscience collective de la guerre en Ukraine
et de la répercussion dans les choix politiques européens de dire
"nous n'achetons plus de gaz importés de Russie".
En France, avant le conflit russo-ukrainien, c'était 17% d'importation.
Aujourd'hui il n'y a plus d'importation de gaz russe en France.
Et ce volume, alors aujourd'hui les 17% ont été compensés en achetant un peu plus en Norvège, en Algérie,
et augmenter ces importations-là.
Ces 17%, l'équivalent du volume qui était importé juste avant la guerre en Ukraine,
sera compensé en 2024 par la production de biométhane en France.
Donc on est sur une réalité très courte.
Ça va vite.
Ça va vite alors que comme je disais tout à l'heure, dans le domaine de l'énergie,
on est obligé de se projeter à des pas de temps qui sont quand même plus longs parce
que c'est un vrai process industriel.
Parce qu'on en consomme énormément.
De l'énergie au sens large du terme, je veux dire.
enfin on en consomme énormément et puis on en consomme pour tout surtout. Il n'y a pas une
activité qui peut se réaliser sans énergie. Bon parlons un petit peu de ce biomethane qui
traîne là dans le début de notre conversation un petit peu caché. Comment est-ce qu'on s'en
s'en sert du biomethane ? C'est-à-dire, est-ce que c'est dans une usine où on le brûle
pour faire tourner quelque chose et que ça fasse de l'électricité ? Est-ce que c'est
dans les chaudières des particuliers pour faire chauffer pour son pouvoir de chaleur
en fait ? Comment on s'en sert principalement ?
et puis... Les deux sont possibles, les deux choses
qui ont été évoquées sont possibles, c'est-à-dire que la métallisation c'est d'abord le principe
de faire se décomposer des déchets, des déchets alimentaires, des déchets agricoles,
des effluents d'élevage, des bouts de station d'épuration, voilà j'ai des déchets, je les
les laisse se décomposer.
Et la métallisation, en fait, c'est on va mettre tout ça dans un même endroit, on
va un peu aider quand même ce processus naturel de décomposition.
Donc du coup, je vais prendre tous mes déchets, je vais les mettre dans une cuve, je vais
brasser tous ces déchets à une température de 40 degrés, je vais y ajouter quelques
bactéries, mais comme les bactéries qu'on trouve dans nos estomacs.
Et en fait c'est vraiment un processus de décomposition naturelle, un peu
accéléré par ce brassage et cette température.
Également, quelque chose que l'on fait dans la méthanisation, c'est qu'on enlève
l'oxygène au départ, ce qu'on appelle un procédé anaérobi, sans oxygène, et du
Du coup, les bactéries vont décomposer la matière organique pour produire différents gaz.
Et ensuite, ces gaz, qu'on appelle aussi des biogaz,
je peux effectivement tout de suite décider de les brûler.
Donc je vais créer de la vapeur,
vapeur qui est aussi un vecteur énergétique, la chaleur et le froid tout à l'heure,
qui va me faire tourner une turbine et qui va me permettre de transformer cette chaleur en électricité.
Donc ça c'est une possibilité.
C'est ce qu'on appelle la cogénération.
C'est un nouveau boss trouble.
C'est génial.
Attends, cogénération, ça fait référence à quoi ce terme ?
La cogénération, c'est le fait de transformer de la vapeur en électricité, par une turbine.
Ok, ok, donc c'est ce qui se passe dans les centrales nucléaires aussi, enfin ce qui se passe dans plein de...
Oui, oui.
Ok, c'est pas un terme spécifique à la méthanisation ?
Non, non, non.
D'accord.
Il y a beaucoup de choses qui se regroupent, qui se recoupent, pardon, dans ces sujets-là.
mais effectivement c'est le même principe qu'une centrale nucléaire
où je vais chauffer de la vapeur, je vais faire tourner les turbines,
ça va me produire de l'électricité.
Voilà, donc le biogaz peut être transformé de cette manière-là
dans un vecteur énergétique électricité renouvelable.
Et puis je peux aussi décider d'utiliser ce biogaz,
je vais un peu le nettoyer,
je vais rajouter deux, trois petites choses dedans
et puis d'injecter directement ce biogaz épuré
dans le réseau de distribution exploité par GRDF ou d'autres opérateurs et qui peut être utilisé
directement par le consommateur. C'est aussi un gros avantage de ce procédé, c'est qu'en fait,
que ce soit le gaz naturel, donc l'énergie fossile ou le biométhane, c'est exactement la même
molécule, c'est du CH4. C'est ce que j'allais te demander, c'est à dire que tu peux l'injecter
même s'il y a du gaz fossile, les deux "oeuvres" peuvent se mélanger.
Ça sera transparent pour le consommateur, ça sera transparent pour le réseau.
Exactement, et c'est le même principe entre une électricité, des électrons qui ont été
produits par une éolienne ou par une centrale à charbon. C'est les mêmes électrons en fait.
C'est important de le dire parce que autant je pense que pour les électrons c'est évident,
encore j'en sais rien, je suis pas sûr, je suis physicien donc c'est des choses qui me
parlent peut-être un petit peu plus qu'à une personne lambda. Mais je suppose qu'on comprend
qu'un électron qui vient d'une source ou un électron qui vient d'une autre, ça sera la même
chose. C'est pas forcément aussi évident pour le gaz parce qu'on sait que, quand je faisais au
début, on travaillait tous dans le gaz, c'était juste une petite blague pour dire qu'on était
entouré de gaz parce que sinon de toute façon on ne pourrait pas respirer, on ne pourrait pas
survivre. Donc voilà c'était ça l'idée de départ. Mais il y a plein plein plein de gaz différents
et plein de molécules différentes dans l'air qui nous entourent. Et donc c'est pour ça je pense
que c'est super important d'insister sur ce point que le gaz issu de la méthanisation finalement
c'est la même chose que quand on va le chercher sous terre.
C'est vraiment quelque chose d'effectivement très important. En fait, quelqu'un qui...
Voilà, mon voisin qui a une chaudière, et pas moi, quand il fait l'acte,
enfin j'espère qu'il l'a fait d'ailleurs, d'acheter du biométhane, en fait, c'est vraiment...
Ça n'a aucune incidence sur son installation de chauffage. Enfin voilà, c'est la même molécule
qu'il achète biomethane ou gaz naturel fossile.
Voilà, ça n'a aucune incidence sur son installation et sur l'utilisation de ces appareils.
Et en fait voilà, ce biogaz, il est...
Donc si je reviens à mon unité de méthanisation,
là où je fais tourner mes déchets,
et ça me permet de produire du biogaz,
il y a aussi quelque chose qui est assez intéressant
dans la méthanisation avec injection dans les réseaux,
c'est que dans ce travail d'épuration, je parlais tout à l'heure de biogaz épuré,
c'est qu'en fait je vais bien récupérer la molécule de CH4 pour l'injecter dans le réseau,
et puis je récupère aussi d'autres molécules, dont en particulier des molécules de CO2.
Et ça, c'est aussi quelque chose d'assez intéressant parce que,
c'est ce qu'on appelle du CO2 biogénique, un "boost gravel",
parce qu'il a été produit directement par des matières organiques
et actuellement il y a des opérations de récupération de ce CO2 biogénique
pour pouvoir être réutilisé, pour pouvoir capturer des molécules de carbone
et essayer de les faire retourner à la Terre.
C'est aussi dans ce principe de décarbonation du système énergétique,
de dire qu'on essaye toujours de faire un cycle de la molécule de carbone
pour qu'il n'y ait pas trop de CO2 qui soit libéré dans l'atmosphère.
Quand on brûle le méthane,
quand on le brûle dans sa chaudière, on émet des gaz...
- Des gaz à effet de serre ?
- Ouais.
- Alors, toute utilisation d'énergie combustible va générer une émission de gaz à effet de serre.
- D'accord.
Après en fonction du vecteur énergétique qu'on va utiliser, il y en a plus ou moins.
Forcément même le biomethane va faire libérer des molécules de CO2 lorsqu'on brûle une molécule de CH4.
Et il y a des expérimentations qui passent le cap de ce qu'on appelle la démonstration industrielle en recherche et développement,
de ce qu'on appelle les chaudières zéro carbone, on va tout de suite à la sortie de la chambre de combustion de la chaudière
récupérer cette molécule de CO2 pour pouvoir la réutiliser.
C'est aussi ce principe là d'essayer de
limiter le plus possible l'émission de gaz à effet de serre.
Ok, ok. Ouais donc ce que tu me dis c'est que de toute façon quoi qu'on brûle on va émettre du gaz à effet de serre
mais effectivement là on se rapproche d'appareils de chaudière qui vont permettre de récupérer ce gaz avant qu'il parte dans l'atmosphère.
Oui et puis dans le processus de méthanisation, le choix qui a été fait depuis quelques années sur la méthanisation en France
reste sur une méthanisation, j'allais dire à petite échelle, même si on a des sites quand même assez importants,
on n'est pas sur des énormes sites de méthanisation comme on peut trouver par exemple en Allemagne.
Et parce que c'est d'abord un choix de méthanisation agricole, qui est utilisé d'abord par les
agriculteurs. Et en fait, avant de dire que ce sont des sites de production d'énergie, ce sont
d'abord des sites qui permettent de valoriser tout un tas de choses des exploitations agricoles.
Les exploitations agricoles ont des déchets, ils valorisent leurs déchets en créant un
amendement parce qu'en fait quand je vous parlais de tous ces déchets qui tournaient
dans un méthaniseur, en fait à la fin du processus il va rester un amendement organique
qui permet aux exploitations agricoles de se passer pour la plupart complètement d'engrais
chimiques achetés sur le marché. D'accord. Engrais chimiques qui d'ailleurs sont produits
à base d'énergie fossile, de pétrole et de gaz naturel.
Donc c'est d'abord aussi cette boucle vertueuse qu'il faut aussi apprendre à connaître,
c'est-à-dire que la méthanisation agricole, c'est "je suis agriculteur,
je produis de l'agriculture, mais je génère des déchets
que je valorise par méthanisation pour me permettre de récupérer des amendements organiques,
ces amendements retournent à la terre pour nourrir d'autres plantations
et voilà j'ai déjà ce premier cycle et en plus l'agriculteur produit de l'énergie renouvelable
et fait un complément de revenu à son exploitation agricole. Donc c'est cette double boucle aussi
qu'il faut connaître. C'est très intéressant et cet agriculteur très concrètement il a un petit,
enfin entre guillemets petit, j'imagine qu'il a une plus grande exploitation et c'est peut-être
plus gros, mais un petit méthaniseur dans son exploitation et il récupère, comment est-ce qu'il
récupère le gaz, comment est-ce qu'il l'envoie à l'entreprise finalement, comment ça se passe
un peu concrètement pour l'agriculteur ? Alors ça reste d'abord un projet de l'exploitant
agricole, parce que l'exploitant agricole il peut aussi faire cette méthanisation pour faire de
l'électricité. C'est pour ça que la méthanisation peut être sur un vecteur énergétique électricité,
un vecteur énergétique chaleur. Je peux aussi dire je produis du simplement de la chaleur et
je j'utilise la chaleur pour aller alimenter un réseau de chaleur urbain par exemple. C'est assez
rare mais c'est possible. Ou alors effectivement, la troisième solution, j'utilise le vecteur
énergétique gaz et là je fais injecter mon gaz dans le réseau exploité par GRDF ou d'autres opérateurs.
Tu parlais de réseau de chaleur urbain il y a 30 secondes, c'est ça qu'on est en train de faire à
Clermont ? Oui tout à fait, c'est un réseau de chaleur urbain qui est donc lancé, il y avait déjà
des RCU qui étaient existants depuis plusieurs années et Clermont-Vernetropole a décidé d'élargir
son réseau de chaleur urbain en réutilisant en particulier la chaleur fatale issue de l'incinérateur
qui valorise les déchets du département. Donc ce réseau de chaleur c'est un des vecteurs
énergétiques que j'évoquais au début. J'ai une unité où on a de la production de chaleur,
cette chaleur peut être transformée en électricité et là le choix qui a été fait c'est de dire
maintenant ce qu'on appelle la chaleur fatale. Je voulais revenir sur ce terme parce qu'il me
plaît beaucoup, je n'ai jamais entendu mais je le trouve excellent donc je veux bien que
tu nous expliques ce que c'est. La chaleur fatale c'est la chaleur qui est perdue tout simplement
et du coup pour ne pas la perdre on essaie quand même de trouver des solutions pour la réutiliser
ailleurs. La co-génération ça en fait partie, il y a dans des exploitations agricoles où ils ont
besoin d'avoir des cultures sous serre, la chaleur fatale peut-être utilisée pour chauffer les serres
en hiver. Cette chaleur fatale elle est aussi très utile dans des réseaux de chaleur humain,
ce qui est un des choix qui a été fait par clairement VaMétropole sur le RCU du territoire.
D'accord, ok. Un data center, toute la chaleur qui produit c'est de la chaleur fatale ?
C'est de la chaleur fatale complètement, qui peut être utilisé alors en l'occurrence c'est vrai
qu'un data center ne va produire de la chaleur mais à des températures basses au sens énergétique,
mais qui pourrait être utilisé quand même par exemple si on collait un data center à côté
d'un sériste qui a des cultures sous serre, ça marcherait assez bien.
D'accord. Tout à l'heure tu disais "ouais mon voisin il peut acheter du biométhane".
Comment il fait concrètement ? Il se pointe chez l'agriculteur, il passe par GRDF, il fait quoi ?
Alors il passe pas par GRDF parce que nous on exploite les réseaux, on ne vend pas de molécules.
Donc il y a... alors j'ai plus le chiffre en tête mais il y a différents fournisseurs d'énergie qui
sont actifs en France dont je ne peux pas les citer parce que nous sommes surveillés par la
commission de régulation de l'énergie et nous ne devons pas favoriser un fournisseur par rapport à
un autre. Exactement, pas de préféré. Ça c'était la mention légale mais que l'on applique effectivement
pour ne pas orienter les consommateurs d'énergie.
Mais voilà, en tout cas c'est son fournisseur ou un fournisseur d'énergie à qui il peut
acheter directement des molécules d'énergie renouvelable et de biométal.
Après maintenant il y a aussi des systèmes, puisqu'il y a différentes lois qui se sont
cumulées ces dernières années pour accélérer la transition énergétique et qui permettent
aujourd'hui à des agriculteurs qui sont méthaniseurs,
des agriculteurs méthaniseurs,
c'est encore un mot scrabble ça,
et d'aller acheter directement les molécules à ces agriculteurs là.
C'est pas encore possible,
c'est un peu compliqué quand même pour le particulier,
mais il y a des industriels qui commencent à
Voilà, à imaginer ces scénarii d'achat directement à des producteurs de biométal.
Donc c'est de la consommation locale encore une fois, enfin on en parlait un petit peu tout à
l'heure, tu as parlé de manger, je crois pas que tu aies dit manger bio mais en gros c'était un
un truc de cet ordre là.
De toute façon c'est consommé local.
Voilà, et donc là on est à fond dedans.
Oui, on est à fond dedans et en même temps
le marché de l'énergie est assez complexe en sa structure.
Ce sont des bourses en fait.
C'est le CAC 40.
Donc on peut aussi avoir des effets d'achat-revente, de capacité de production,
on voit ça beaucoup sur le marché de l'électricité.
Sur le marché du gaz, on a ces possibilités de ce qu'on appelle les BPL,
les achats en direct auprès des producteurs,
mais qui sont parfois des producteurs à l'autre bout du territoire,
mais c'est pas très grave parce que finalement,
la molécule, une fois qu'elle a été achetée, elle est poussée dans le réseau.
Donc c'est presque d'abord un acte citoyen d'acheter de la molécule de gaz renouvelable
puisque ça permet d'engendrer effectivement de la production.
Il faut quand même aussi, si on fait un tout petit pas en arrière d'il y a quelques mois,
quand on a eu des prix de l'électricité ou du gaz qui étaient à des montants très élevés,
ça a été aussi un moment où les énergies renouvelables, quelles qu'elles soient,
avaient des coûts de production qui étaient beaucoup plus faibles,
enfin ou plus faibles on va plutôt dire,
que les prix qu'on voyait sur les marchés boursiers de l'électricité ou du gaz.
Et ça c'était aussi quelque chose qui était tout à fait pertinent pour les énergies renouvelables,
en disant "nous on est aussi énergie renouvelable, une solution de pérennité des marchés de l'énergie".
Nous on aura à terme la capacité de maîtriser nos coûts de production
sur une production qui est sur le territoire national
et plus forcément importée de droite et de gauche.
Donc ça a été aussi un moment au cours duquel la démonstration a été faite
que d'avoir de plus en plus de production d'énergie renouvelable centralisée en France
permet d'avoir quelque chose aussi qui va donner de la pérennité
sur les structures de coûts d'achat qu'on peut faire d'électricité et de gaz.
Tu m'as parlé d'inflation tout à l'heure, je pense que tu faisais référence, certes peut-être
à des temps relativement courts, mais surtout j'imagine à l'échelle de quelques décennies,
comment ça se passe ? Peut-être ça rentrait trop dans les détails, mais l'augmentation des prix
tu parlais d'électricité, du gaz, peu importe, de ce qui va nous servir à vivre dans le confort
auquel on est habitué en tant que personnes qui sommes nées à la fin du 20e siècle.
Voilà, j'ai pas de questions super précises mais comment ça se passe ou comment est-ce qu'on peut
comment est-ce qu'on peut contrôler alors je sais pas comment tu voudras me répondre mais à l'échelle
individuelle ou à l'échelle de la société, à l'échelle de la France on va dire, comment est-ce
qu'on peut contrôler un petit peu ça ? Donc tu as mentionné déjà à l'instant ces questions de
produire local et produire renouvelable et local, si ça doit aider. Est-ce que tu peux me parler un
petit peu plus de ça ? Il y a deux réponses à cette longue question. La première c'est effectivement
cette très forte augmentation qu'on a pu vivre il y a quelques mois sur les marchés de l'énergie,
elle venait d'un mouvement de fonds d'augmentation des prix de l'énergie liés à de très très très
fortes augmentations de la demande. En fait tout de suite après la crise sanitaire,
la croissance mondiale a quand même les reparties assez fortes à différents endroits du globe.
en particulier en Chine et du coup ça a mis une grosse tension sur la demande d'énergie pour
produire encore plus. Les sous-brossaux ont commencé à ce moment-là, la crise géopolitique
de la guerre en Ukraine, ça a réveillé des craintes des marchés boursiers, puisque une
Une bourse, quelle qu'elle soit, ça nécessite de la confiance
pour ne pas avoir justement d'effet yo-yo sur les prix.
Donc l'un plus l'autre a fait cette très très forte augmentation des prix de l'énergie.
Et voilà, donc ça a surtout permis de mettre le doigt sur tout un tas de sujets
qui n'étaient pas forcément sur le haut de la pile
de toutes les urgences qu'on a collectivement à gérer,
mais qui était attendue à un moment ou à un autre.
On savait que le prix des énergies telles qu'on les a connues
était peut-être...
Ce n'est pas très politiquement correct de dire ça,
mais c'était peut-être trop bas ou trop longtemps sous-évalué,
parce qu'on est dans des endroits où on a cette facilité,
on ne se pose jamais la question,
Quand je touche à mon interrupteur, je ne me pose jamais la question de ce que je vais avoir de l'électricité ou pas derrière
alors qu'on a d'autres pays où c'est peut-être un peu plus quotidien.
Donc il y a cette première chose qui nous a permis aussi d'avoir cette prise de conscience
du fait que l'énergie ce n'est pas si simple qu'un claquement de doigts.
Et puis il y a un autre sujet parce que du coup on a eu très peur
sur les différents approvisionnements qu'on pouvait avoir.
En France l'hiver dernier on n'avait plus beaucoup de centrales nucléaires
qui étaient en capacité de produire.
Et en même temps on disait on va se faire couper l'approvisionnement
par la Russie en gaz.
Donc on va avoir des coupures.
On a quand même vécu l'hiver dernier dans cet état d'esprit-là,
qu'on n'a jamais vraiment vécu dans une génération.
Et du coup, ça a mis le doigt sur un sujet
dont on ne parle pas toujours beaucoup, qui est la sobriété.
Et quand on regarde les différents scénarios,
j'évoquais le scénario de l'ADEME tout à l'heure,
Il y a aussi les scénarios RTE,
le gestionnaire du réseau de transport d'électricité,
différents scénarios prospectifs qui nous emmènent jusqu'en 2050.
Tous ces scénarios de mix énergétique en 2050,
quels qu'ils soient,
ils sont de toute façon à dire, sur le territoire français,
il faudra de toute façon consommer deux fois moins d'énergie.
Donc nous, par exemple, en gaz, on dit...
On a la filière gaz, elle a la capacité de produire 100% de gaz renouvelable de biomethane en 2050
parce qu'à côté, on travaille aussi sur le fait qu'on aura deux fois moins de consommation de gaz
par rapport à aujourd'hui.
Donc ça on le fait soit par des gestes de sobriété,
on en a beaucoup entendu parler l'hiver dernier, c'est "je chauffe moins fort mon logement",
c'est...
Il y avait des choses un peu extrêmes,
donc je fais cuire mes pâtes pour le gaz.
Et puis,
il y a ces gestes-là,
donc la sobriété énergétique.
Et il y a aussi à côté de ça,
ce qu'on appelle l'efficacité énergétique.
C'est encore un mot scrabble.
C'est mieux isoler son logement,
changer d'appareil de chauffage,
soit un cumulus ou une chaudière gaz parce que forcément c'est des technologies plus récentes
donc qui consomment moins d'énergie. Ces deux choses là, sobriété et efficacité énergétique,
ça permet de se projeter sur des scénarios où on va pouvoir dire en 2050 on consomme deux fois moins
d'énergie. Ouais donc si on atteint ces objectifs là pour des raisons qui sont a priori pas économiques,
Tout est un peu lié, mais ils ne sont pas économiques, ils sont pour l'environnement, typiquement.
Si on arrive à atteindre ces objectifs-là, même si le kilowatt-heure, son coût est multiplié par deux entre aujourd'hui et 2050,
en termes de porte-monnaie, en gros, on ne se rendra pas compte de l'inflation, si on arrive vraiment à moins consommer.
La sobriété et l'efficacité énergétique, c'est en premier d'abord un argument économique.
C'est également un argument écologique, mais c'est d'abord un argument économique.
Aujourd'hui, la seule solution qu'on a pour dire, pour s'affranchir des difficultés
qu'on pourrait imaginer dans deux ans, trois ans, dix ans, de l'électricité, le gaz,
le pétrole, le fioul, va augmenter.
On le sait, ça va augmenter.
Donc si je veux faire des actions pour essayer de contenir la facture énergétique que j'aurai à payer,
c'est d'avoir un logement peut-être chauffé à 19 ou 20,
c'est de faire changer l'isolation de mes fenêtres,
c'est de faire moins de déplacement en voiture,
d'en faire plus à pied ou en transport en commun,
ces choses-là, c'est cette sobriété, cette efficacité énergétique
qui est d'abord des outils économiques pour essayer de réduire la facture.
Enfin de réduire, en tout cas qu'elle n'augmente pas.
Ouais, ouais, j'entends bien, j'entends bien.
Je vais te poser une question qui est peut-être vraiment bateau,
mais qu'en est-il par rapport au mix énergétique ?
Qu'en est-il d'une vision vers du tout électrique ?
Est-ce que c'est crédible ? Est-ce que c'est souhaitable ?
Ça c'est la question piège !
Alors attends, je vais préciser.
Je vais préciser.
T'es pas obligé de me dire déjà est-ce que c'est crédible ?
Est-ce que c'est crédible à 5-10 ans ?
Et surtout, en fait, ma question c'est est-ce que c'est crédible
à une échelle de temps qui est quand même relativement longue ?
On parlait d'échelle longue.
Oui, oui.
Oui, je vais te dire pourquoi je te pose cette question.
Quand tu m'as parlé des agriculteurs qui travaillent, qui méthanisent
et qui se servaient notamment de...
Les amendements, c'est comme ça que tu m'appelais ça ?
Oui, les amendements organiques.
Voilà.
C'est l'engrais en fait.
C'est l'engrais qui est produit par la méthanisation.
Donc ça, typiquement, cet engrais-là, pour l'obtenir avec des panneaux solaires,
bon courage, j'imagine.
Donc tu vois là je vois un exemple où il y a un avantage sur le court, moyen, long terme,
super évident. Ma question c'est au-delà de ça, enfin tu peux me reciter celui-là parce qu'il
est, parce qu'il me semble concret, au-delà de ça, par rapport au chauffage, par rapport au
chaudière électrique, par rapport au, attends ça y est j'ai mangé le terme, mais les climes
réversible, comment ça s'appelle ? Les pompes à chaleur. Les pompes à chaleur, merci. Il y a pas
mal de choses où j'ai l'impression, moi avec mon regard de non spécialiste, où on parle beaucoup,
où on dit qu'avec l'électricité on peut faire quand même beaucoup de choses. Donc ma question
c'est où est-ce que ça s'arrête déjà et à quel point c'est souhaitable, peut-être d'un point de
vue, peut-être que la question du prix rentre en ligne de compte aussi. Quel est ton regard là-dessus ?
Alors il y a ma propre conviction, il y a la conviction de les valeurs qu'on a dans
l'entreprise et la perspective qu'on peut imaginer.
Le tout électrique, il est assez difficile à projeter pour d'abord un premier fait qui
qui n'est pas contestable, c'est que l'électricité se stocke très difficilement
comparée aux autres vecteurs énergétiques.
Même la chaleur, même le froid, on peut trouver des solutions pour le stocker,
c'est compliqué aussi, mais c'est possible.
Les combustibles, les gaz combustibles,
ont cette vertu-là d'être très facilement stockés.
Voilà, donc ça c'est un fait.
Le deuxième fait aussi c'est que si on ne regarde que la consommation d'énergie en France
hors mobilité, l'usage premier c'est le chauffage.
Et on a d'abord besoin de se chauffer l'hiver et quand on regarde entre la consommation d'énergie l'été et l'hiver,
il y a une différence qui est de trois.
Donc voilà, c'est un fait aussi, il faut passer cette pointe hivernale,
et cette pointe hivernale c'est pas mal d'utiliser des énergies,
des vecteurs énergétiques qui sont facilement stockables l'été,
dans des stockages de gaz par exemple qui sont existants en France,
et qui sont, voilà, qui… utilisons-les.
Voilà, donc c'est pour ces raisons-là qu'en général on est plutôt nous,
côté gazier, filière gaz, à défendre un mix énergétique varié.
L'électricité a aussi des avantages,
elle a plein d'avantages, mais le tout électrique,
il va quand même nécessiter aussi de très très forts investissements
sur les réseaux électriques,
alors qu'on a déjà des réseaux de transport ou de distribution de gaz
qui sont déjà là, qui sont déjà la propriété des collectivités locales
et qui peuvent être utilisées pour distribuer ces énergies renouvelables
que sont le biométhane.
Voilà, donc ça c'est un premier élément de réponse.
Et puis le tout électrique, en fait, il est...
Enfin, en France, on a toujours eu cette habitude de mettre en avant
la filière de l'électricité nucléaire qui a quand même tiré par le haut,
enfin qui tire par le haut tout un peu de l'économie
parce que ça permet d'avoir des coûts de production d'électricité
qui sont assez faibles par rapport aux autres marchés.
Donc c'est un avantage qu'on a en France et on peut le garder, c'est très bien.
Par contre de n'avoir que cette source de vecteurs énergétiques
en 2050, en tout cas me semble assez peu probable.
Ok, ok.
Moi ça m'intéresse parce que c'est vrai que, encore une fois, le sujet que tu apportes
aujourd'hui, je pense qu'il est beaucoup moins médiatisé que les sujets par rapport
à l'électricité, par rapport au solaire, à l'éolien, par rapport aux voitures électriques.
Alors, dans ce que tu m'as précisé, dans ce que tu m'as dit, tu m'as précisé hors
transport.
Mais oui, mais voilà, ça reste
ça reste un très gros truc.
Mais dans la mobilité, c'est pareil,
en fait, ce qui est parfois
difficile, enfin, personnellement,
en tant que citoyen, parce qu'il faut
se projeter, c'est-à-dire que
l'idéal, la vie rêvée
du mix énergétique parfait en 2050,
c'est aussi de se dire
la voiture électrique individuelle,
ce sera très bien pour certaines
parties du territoire.
Par contre, si j'habite en plein
centre-ville, je n'ai pas de voiture, je utilise des transports en commun qui
roulent au biogaz, à l'hydrogène, à l'électricité...
Voilà, mais en fait c'est d'abord, et c'est ça qui est le plus difficile
individuellement parce qu'il faut se projeter dans ses propres usages et
utilisations de tout ce que j'ai autour de moi.
Prendre un bus c'est déjà réduire sa consommation d'énergie parce que
Je ne sais pas ce que les gens ont l'habitude d'avoir comme véhicule, mais moi j'ai un véhicule qui fait presque une tonne,
et quand je la prends tout seul, j'utilise de l'énergie pour déplacer une tonne, 75 kilos.
Alors que si je prends un bus, c'est de l'énergie utilisée pour faire transporter plus de personnes.
Et oui.
Et c'est ça qu'on oublie aussi, c'est
la ville de demain, qui a un mix
énergétique particulier, si je
reprends Clermont-Ferrand.
Il y a du réseau de chaleur.
J'ai un projet de transport en
commun qui va être avec de la
mobilité au biomethane, à
l'électricité, avec
une connexion Lyon-
Clermont-Ferrand qui roulera peut-être
avec un TER à hydrogène.
Par contre, ceux qui habitent en
centre-ville, il ne faut pas qu'il y ait
de voiture, il ne faut pas qu'il y ait
d'utilisation de voiture
individuelle pour faire trois kilomètres. C'est ça aussi le besoin de projection que l'on doit
avoir individuellement en 2050. Donc on n'en avait pas parlé jusque là mais tu as parlé de biogaz
pour les transports. Comment est-ce que c'est utilisé aujourd'hui ? Comment est-ce que tu
penses que ça va évoluer ? Alors c'est une période un peu trouble parce qu'il y a différentes
différentes directives européennes qui sont en train de passer,
des projets de loi de transposition en droit français
qui mettent un peu de flou là-dedans,
mais en tout cas c'est déjà une réalité.
C'est-à-dire qu'aujourd'hui, sur le Tahito national,
il y a 500 ou 600 stations où on peut faire le plein de gaz
pour remplir son bus, son camion,
le biogène des bio, gaz naturel véhicule.
C'est du biométhane qu'on met dans des voitures.
C'est plutôt pour ce qu'on appelle la mobilité lourde.
C'est un peu le même principe, l'hydrogène sera...
C'est quand même expérimental l'hydrogène aujourd'hui,
mais l'hydrogène sera un très bon vecteur énergétique
pour la mobilité lourde.
parce que ça permet de transporter de l'énergie en peu de volume.
La mobilité électrique sera parfaite pour de l'urbain, de semi-urbain.
Pour la mobilité lourde, ce sera probablement un petit peu plus compliqué.
Donc ça reste très complémentaire.
En tout cas, là, maintenant, tout de suite,
si je reprends en clair, mon ferrant,
j'ai plus d'un tiers des bus du SNTC qui roulent au biométhane.
D'accord.
Voilà, ça c'est une réalité.
Et c'est des moteurs, du coup, c'est des moteurs thermiques ?
C'est des moteurs thermiques.
Et classiques ou c'est...
Comment dire ?
Est-ce que... Tu me disais tout à l'heure,
une molécule de méthane issue de la biomasse
et une molécule de méthane issue d'un sous-sol,
c'est la même chose ?
En termes de...
Quand on parle des moteurs,
sans peut-être entrer trop dans les détails, mais grosso modo comment ça fonctionne ?
Il faut juste changer l'injection, enfin juste, pardon je mets les guillemets, il faut juste
changer l'injection parce que derrière quand j'évoquais les vecteurs énergétiques je les
ai séparés avec électricité, chaleur et froid et ensuite les vecteurs combustibles. Mais dans les
les vecteurs combustibles j'ai gaz liquide solide donc je peux mettre du fuel liquide ou du gaz
gazeux quoi. Donc après je mets ça dans un moteur thermique, j'ai deux trois petits réglages
d'injection à changer etc mais c'est exactement le même principe. On peut imaginer une conversion,
je sais que ça se fait pour les pour les vieilles voitures par exemple ou des voitures de collection,
il y en a dans lesquelles ils enlèvent le moteur thermique et ils mettent un moteur électrique,
une batterie. Ce sont des choses qui sont faisables ?
Qui existent déjà. En fait c'est ce qu'on appelle le rétrofit. Encore un beau scramble.
Donc le rétrofit, on peut prendre un véhicule, n'importe quel véhicule diesel et faire l'adaptation
pour le passer en gaz naturel véhicule GNV. D'accord et c'est un gros investissement ?
Parce que j'ai aucune notion. Pour un véhicule particulier,
c'est clairement ça ne vaut pas le coup. L'investissement est beaucoup trop important
pour... parce qu'on fait ça aussi quand même sur des véhicules qui ont quelques années. Par contre,
sur la mobilité lourde, économiquement ça vaut le coup. Et puis surtout,
ça permet aussi d'accéder dans des zones sur lesquelles on peut avoir des restrictions de
circulation de véhicules polluants parce que le fait de rouler au gaz par rapport à rouler au
diesel, les émissions de particules fines sont diminuées de 80%. Donc voilà, dans les fameuses
vignettes critères, c'est assez intéressant et ça permet de passer à une consommation qui est
plus vertueuse. Alors si en plus je mets du biométhane, là je double la mise par rapport à
rouler au diesel. Et je reviens un tout petit peu en arrière de mon agriculteur qui faisait la
méthanisation tout à l'heure, on a aussi de plus en plus d'agriculteurs qui, à côté de leur site
de méthanisation qu'ils ont sur leur exploitation peuvent aussi rétrofiter leur tracteur et utiliser
le gaz qu'ils produisent pour faire rouler leur tracteur. Donc là c'est encore une autre boucle
du procédé. C'est vraiment... alors je vois les avantages à tous les exemples que tu m'as pris,
mais l'exemple de l'agriculteur qui fait tout ça, alors je sais pas, les investissements je me rends
pas compte mais c'est peut-être l'exemple qui crie le plus... Ouais c'est parfait pour ça quoi.
Ouais c'est très parlant et c'est aussi vraiment le choix de la filière. C'est aussi pour ça que
les agriculteurs... des associations d'agriculteurs métalliseurs qui se sont créés parce que c'est...
il y a une vraie envie aussi de participer à ce cercle de...
Enfin voilà, c'est des gens qui sont quand même assez concernés par la protection de leur milieu,
de leur écosystème, et ça permet d'enrichir leur exploitation.
Après faut pas se leurrer, c'est des gros investissements, tu te posais la question,
c'est en millions d'euros quand même, c'est des investissements à long terme qui sont
facilités parce qu'il y a la réduction très importante des coûts d'achat d'engrais
si j'utilise du biométhane en plus dans mon tracteur, j'évite d'acheter du fuel et j'ai
aussi la revente de l'énergie que je produis. Mais ça reste des investissements à plusieurs
millions d'euros. Toi au quotidien, quand tu ne viens pas parler sur les principes fondamentaux,
à quoi ressemble ton métier en fait ? C'est un peu ça ma question.
Mon métier ressemble à plein de choses, j'ai plusieurs métiers aussi, GGRDF.
Ma mission principale c'est, c'est ce que je disais au tout début, en tant que délégué
territoire Clairbont-Verne, sur le territoire endoverne, et principalement sur la métropole,
de faire le lien avec les collectivités locales, et puis tout l'écosystème économique et
de la région. Et puis j'ai aussi une autre casquette qui est celle de chef de projet R&D
Innovation au sein de la direction générale du GRDF à Paris, pour faire le suivi des différents
projets de recherche, développement et d'innovation que l'on peut lancer en France et dans le monde
entier. Ok, donc évidemment tu risques de ne pas pouvoir me répondre par rapport au futur,
Est-ce que tu peux me donner un exemple de quelque chose qui est utilisé aujourd'hui,
qui est sorti de la R&D, de GRDF aussi récemment que possible ?
Il y a plein de choses qui sont sorties, en particulier des démonstrateurs,
et là il faut bien retenir parce que c'est des mots scrabble en compte triple, ça va être parfait,
des projets de démonstration industrielle de pyrogazéification ou de gazéification
hydrothermales, ce sont d'autres façons de produire des gaz de manière renouvelable,
et qui sont aujourd'hui à l'état de... Donc ça a été testé en laboratoire, ça marche,
c'est parfait, c'est assez prometteur, maintenant il faut voir si sur le terrain,
en construisant une usine, les coûts de production sont rentables et que ça vaut le
et que les résultats de quantité de gaz produits soient assez similaires à ce qu'on voit en labo.
Mais pour le coup c'est très concret et même si c'est à des échéances plus lointaines,
ça reste tout à fait cohérent dans ce temps long de l'énergie.
Mais en tout cas, ce sont des projets concrets qui sont là aujourd'hui sortis de terre.
Bien, super.
Comment t'es tombé dans le gaz ?
Tout jeune en fait.
Et complètement par hasard.
Complètement par hasard parce que j'ai fait des études d'ingénieur électricien.
et j'ai été embauché chez les gaziers.
Donc ça a été un peu le hasard.
Et puis j'ai fait plein de métiers chez GRDF,
ce qui permet aussi de voir
tout plein de facettes de l'entreprise
et de la filière des gaziers.
D'accord.
Et t'étais… je m'en rappelle plus, on en a déjà parlé quand on s'est rencontrés,
mais tu étais Clermont ou t'es arrivé par une opportunité professionnelle peut-être?
J'ai surtout suivi.
C'est pas moi qui avais décoché le premier à mon boulot à Clermont-Ferrand, donc j'ai
suivi, mais je suis très content et ça fait plus de dix ans et je suis très bien.
Ah ouais?
C'était un peu le hasard.
hasard et voilà maintenant j'habite plein centre de Clermont-Ferrand et c'est très très bien.
Et du coup tu partages ton temps entre Paris et Clermont ?
Alors beaucoup moins maintenant puisque ma casquette principale reste quand même
de représenter GRDF sur la métropole de Clermont-Ferrand.
D'accord.
De 2019 à 2022, ouais c'est ça, j'étais à plein temps par contre sur la mission de
R&D et innovation et là j'étais très très très très souvent dans le fameux train Paris-Clairemont.
J'en parle régulièrement avec des copains qui sont clairement toi et qui travaillent
à Paris donc on va pas trop élaborer aujourd'hui.
J'adore ce train. Pour moi c'était un bureau. J'adore ce train parce que c'est un moment où
justement on n'est pas dérangé. On a le temps pour écrire des textes, pour réfléchir, lire des
documents. On n'est pas dérangé par le réseau parce qu'il n'y en a pas. Parfois on a encore un
peu plus de temps pour lire des documents. On n'a jamais le temps de lire. Donc voilà.
C'est vrai que par contre quand on a parfois des retards c'est un peu pénible mais bon on fait avec.
Pour en venir au sujet de la mécanisation, est-ce que c'est trop inconnu pour que soit le cas ou
ou est-ce qu'il y a des clichés quand même ?
Ah si, il y a des clichés parce que,
comme on le se disait,
ce sont des énergies renouvelables qui sont peu connues.
Donc comme on ne les connaît pas, on en a par défaut peur.
Par exemple un site de méthanisation, ça pue.
Non, ça pue pas, parce que justement,
c'est des déchets qui se dégradent et qui sentent mauvais,
c'est parce que le processus de fermentation n'est pas maîtrisé
et que les gaz se libèrent dans l'air.
Alors que le principe d'un site de méthanisation,
c'est que justement la putréfaction des déchets soit bien maîtrisée
pour qu'on récupère les gaz, qu'on les traite
et qui soit ensuite réutilisé dans le réseau.
Donc c'est assez souvent une idée reçue
que la méthanisation engendre des mauvaises odeurs.
Après on ne va pas non plus se cacher derrière son petit doigt,
on peut avoir sur des sites de méthanisation
une mauvaise gestion du stockage de ce qu'on appelle les intrins et les déchets qui rentrent
dans le site de méthanisation.
Effectivement, à ce moment-là, il peut y avoir des désagréments d'odeur, mais s'il
y a des odeurs, ça veut dire que le processus est mal maîtrisé.
Donc l'exploitant du méthaniseur perd de l'argent.
Ce n'est pas l'idée non plus.
Ce n'est pas le but.
On ne cherche pas à vous emplanter.
Et puis pour celui qui exploite, son bilan économique se dégrade.
Je pensais à quelque chose tout à l'heure, je te pose la question maintenant, mais finalement
un procédé de méthanisation c'est un compost amélioré ?
Oui et surtout il ne faut pas opposer compostage et méthanisation.
C'est quand on parle de la gestion des biodéchets, il y a des endroits où le compostage c'est parfait,
il faut le faire, et d'autres endroits où le compostage c'est pas possible, il faut le faire en
méthanisation. Tu peux développer cette différence ? Oui, alors le compostage c'est, j'ai préparé une
ratatouille, j'ai épluché mes courgettes, j'ai mes déchets de préparation de la ratatouille,
je vais les mettre dans un bac au fond de mon jardin et puis je vais laisser les choses se
décomposer. De temps en temps je vais remuer un peu pour aider les asticots et les lombriques à
digérer tout ça. Et puis au bout de quelques semaines, quelques mois, j'ai de l'engrais,
j'ai du terreau qui sort de mon compost et que je peux utiliser pour planter les courgettes
et les aubergines que je vais faire pour la prochaine ratatouille. Voilà, ça c'est le
principe du compostage. Donc dans ce que je viens d'expliquer ça marche très bien parce que j'ai un
jardin sauf qu'en fait moi j'habite dans un appartement et je ne vais pas faire un compost
dans ma salle de bain. Donc effectivement la collecte des biodéchets qui ensuite part soit
sur des plateformes de compostage ou en méthanisation à ce moment là c'est assez intéressant. Voilà,
En tout cas c'est le même principe, j'ai une dégradation de déchets fermentissibles,
la méthanisation a l'avantage de récupérer les gaz qui s'échappent parce que dans un compost il
y a des échappements de gaz, c'est évident. Le méthane, j'ai envie de dire le méthane pur,
une fois qu'il a été isolé comme tu me disais tout à l'heure, ça a une odeur ?
Non, la molécule de CH4 est un gaz incolore et inodore.
Et du coup c'est pour cela que le gaz qui est exploité dans les réseaux en France,
on l'odorise justement pour permettre à ce qu'on puisse détecter par le nez
en fait une présence de molécules de gaz naturel.
C'est pareil, c'est un nouveau mot scrabble,
je vous aurais donné plein d'astuces,
cette molécule qu'on met dans le gaz naturel,
c'est du tétrahydrotiophène, THT.
C'est très compliqué à placer sur le plateau du scramble.
Il doit falloir beaucoup de led dans son jeu, non ?
Oui, et en fait c'est une odeur un peu de soufre, le THT.
D'accord.
Bon, donc je t'ai posé la question des clichés. Un autre à part l'odeur des méthaniseurs
qui en fait, c'est pas censé faire ça ?
Alors, il y a des clichés un peu provoques, polémiques, où on dit aussi les agriques
qui font de la méthanisation, ils font que de la culture pour leurs méthaniseurs et
du coup ça va tuer l'agriculture nourricière de la France.
Alors en fait, ça c'est un grand truc qu'on a souvent dans les polémiques sur la méthanisation.
D'abord la première chose c'est que c'est d'abord encadré par la loi
et que pour avoir l'autorisation d'avoir un méthaniseur,
il faut quand même montrer deux trois trucs en pâtes blanches.
Et une des choses c'est qu'on n'a pas le droit de mettre plus de 15% de culture dédiée.
C'est comme ça que c'est écrit.
Donc ça c'est la loi et dans les faits on est plutôt entre 6 et 7% de cultures dédiées
qui partent en méthanisation.
Et dans ce qu'on appelle les cultures dédiées c'est aussi des cultures intermédiaires.
Avant c'était les jachères, maintenant on fait des cultures intermédiaires entre
de culture pour changer de typologie de plante et pour renouveler aussi le sous-sol.
Donc voilà, c'est aussi un cliché ou une polémique qu'on peut essayer toujours d'avoir
avec la méthanisation et de penser que l'agriculteur est plus intéressé à faire de la culture
que pour mettre dans son méthaniseur.
Fausse idée.
Fausse idée.
Ok, à l'opposé des clichés, quand on pense biomethane, quand on pense méthanisation,
quand on pense... et qu'on se dit bon ben je me m'appuie sur un truc qui est absolument vrai,
qui va me permettre de construire, éventuellement d'accroser plus si on s'intéresse à ce sujet là,
qu'est ce qui serait central, qu'est ce qui serait fondamental ?
Alors là c'est une excellente question, je ne vois pas tout de suite...
Est-ce que tu veux me reparler de mix énergétique peut-être ? On en a déjà parlé mais peu
importe. Je sais pas tu vois ça peut être quelque chose de cet ordre là ?
Enfin, moi vraiment, là c'est le personnel qui parle presque plus, moi vraiment la chose
sur laquelle je me dis mais c'est quand même quelque chose de très très très vertueux,
c'est vraiment quand on regarde ce sujet de la méthanisation sous la loupe d'une exploitation
agricole, avec ce côté où ça va permettre d'avoir, de recentrer quand même beaucoup
de choses au niveau de l'exploitant agricole qui va maîtriser mieux son amendement.
En fait, c'est assez génial de discuter avec des agriculteurs méthanisants, c'est
des chimistes, ils savent en fonction de, par exemple les éleveurs, quand ils donnent
à manger certaines typologies d'aliments à leurs animaux.
Les déjections qui vont partir dans le méthaniseur,
ils savent en fonction de ce qu'ils ont donné à manger,
de quelle va être la vitesse à laquelle ils vont récupérer de l'engrais
pour en fait se faire pousser le foin qui va…
Enfin, ce côté-là aussi de maîtrise,
vraiment de polyvalence incroyable qu'ont les exploitants agricoles
qui ont ce type de système que je trouve toujours absolument génial.
D'accord.
Et sur 100 agriculteurs en France,
il y en a combien qui font de la méthanisation ?
Tu as un ordre d'idée ?
Alors, ce qu'il y a c'est qu'on suit plus particulièrement
les agriculteurs qui font de l'injection.
On est à peu près à 600 aujourd'hui, un site de ce type là,
mais par contre il y en a beaucoup plus qui font de la méthanisation avec cogélération,
puisque ça peut être des sites un petit peu plus petits,
et qui ne sont pas forcément à proximité des réseaux de gaz.
Donc le volume, je ne pourrais pas te le dire,
mais en tout cas aujourd'hui c'est 600 sites agricoles qui injectent dans les réseaux.
Et tu penses qu'aujourd'hui tu as beaucoup d'agriculteurs à qui ça pourrait profiter,
qui ne connaissent pas forcément bien ce que c'est et que ça mériterait d'être plus développé ?
Alors on évoquait le fait que la métallisation n'était pas forcément connue du grand public,
dans le domaine agricole c'est quand même un sujet qui est connu parce qu'il a toutes les vertus
dont j'ai pu jouer tout à l'heure dans le spectre d'une exploitation agricole. Ils en ont entendu
parler. Après il y en a qui ont très envie, d'autres qui sont plutôt à opposer mais
qui ont pas envie de se lancer dans cette typologie de structure. Et puis après il
faut aussi avoir, je l'évoquais, il ne faut pas non plus se cacher derrière son petit bof,
il faut avoir la possibilité d'investir plusieurs millions d'euros dans un site de méthanisation.
Pour les gens qui veulent creuser ce sujet là, on a discuté, on a abordé pas mal des sujets que
tu mets en avant, mais ceux qui veulent aller plus en profondeur, est-ce que tu as des ressources à
leur conseiller ? Peut-être chez GRDF, peut-être que vous communiquez comme ça, ou peut-être des
livres, des sites internet, des chaînes YouTube, des podcasts ? Dans les ressources, il y a d'abord
une vidéo qui a été faite par Jamy Gourmaud il n'y a pas très très longtemps.
Donc Jamy Gourmaud c'est le Jamy de Fred et Jamy de C'est Pas Sorcier.
Il a sa chaîne YouTube et il a fait une vidéo d'une dizaine, quinzaine de minutes il y a quelques
mois sur la métallisation. Elle est très parlante, elle est dans cet esprit C'est Pas Sorcier.
donc elle permet déjà de défricher très très bien le sujet et puis après forcément je conseille
d'aller sur le site grdef.fr où il y a pas mal de ressources sur les sujets de gaz renouvelable
et qui renvoient vers même vers d'autres sites. Il y a une filière qui s'est pas mal structurée
comme France Gas Renouvelable, comme France Gas, différents associations sur le sujet de la filière
gaz. Super, je te demanderai après l'épisode de m'envoyer les deux liens si tu les as,
les deux liens que tu viens de mentionner. Avec plaisir. Je vais mettre en note d'épisode,
donc soit c'est si vous êtes sur youtube regardez en dessous podcast apple podcast spotify etc vous
devriez trouver sinon à la toute fin de l'épisode je vous dis où vous pouvez retrouver tout ça et
puis les liens que voudra partager philippe. Bien qu'est ce qu'on peut faire ? est ce que
tu peux nous donner un appel à l'action quelque chose que tu aimerais qu'on fasse ? alors je
sais pas combien d'agriculteurs qui vont nous écouter parce qu'on a parlé pas mal des agriculteurs,
en tant que particulier, qu'est ce que tu aimerais qu'on fasse ? Est-ce que tu aimerais qu'on essaye
d'en apprendre plus justement en allant sur ces ressources que tu as conseillées ? Est-ce que
tu aimerais qu'on appelle son fournisseur d'énergie et qu'on lui demande, qu'on lui pose des questions
par rapport au mix énergétique qu'il utilise, par rapport à si on peut être réorienté vers une
autre source. Qu'est ce que tu aimerais qu'on fasse ?
Alors moi je ne vais plus parler méthanisation mais je vais vraiment me remettre à parler
d'énergie dans les logements. Le call to action que j'aimerais vous inciter à regarder,
à faire, c'est de regarder vos données en fait. Vous avez des compteurs d'énergie,
les compteurs d'électricité et des compteurs de gaz.
Normalement à peu près 95, 16, 17% de la population française aujourd'hui a un compteur
communicant.
Donc vous avez sur vos espaces, si vous avez un compteur gaz, sur monespace.jrdf, vous
avez accès à vos données.
Regardez vos données de consommation parce que ces données de consommation qui sont
à des pas de fréquence assez réduite,
ça vous permet vraiment de voir en fonction de ce que vous faites,
quand vous décidez de faire une action de sobriété
en baissant votre chauffage, en éteignant vos lumières,
enfin voilà, toutes ces choses que vous pouvez voir
dans vos données de consommation.
Et c'est dans le besoin qu'on aura tous demain
de repenser nos consommations d'énergie,
c'est la donnée de consommation.
les données de consommation, c'est vous les avez, utilisez-les, regardez-les.
Regardez-les, seulement regardez-les.
Ah ouais, ouais, ça permet de commencer par prendre conscience.
C'est un peu le but de Principes Fondamentaux, c'est prendre conscience de ce qui existe,
prendre conscience de connaissances un petit peu basiques
sur lesquelles on peut commencer de s'appuyer,
juste pour en savoir, juste pour...
Alors, j'aime pas me comparer aux autres, mais juste pour en savoir plus que 80% de la population,
et bien là c'est un peu pareil dans ce que tu me décris, c'est
prendre conscience de ce qu'on consomme, de comment on consomme, et puis après, en fonction de cette conscience là,
peut-être faire des changements ou peut-être se dire "ah bah non mais déjà parfait".
C'est un peu ça, effectivement.
Les données de consommation,
c'est pas connu,
c'est quelque chose qui est à disposition et qui permet vraiment de savoir comment je vis dans mon logement.
et ça permet d'avoir aussi parfois des prises de conscience hyper intéressantes sur la façon
dont on utilise les ressources que l'on a. Est-ce qu'il y a un sujet que tu aurais aimé
aborder, une question que tu aurais aimé que je te pose, qui aurait pu faire avancer le message
que tu veux faire passer et sur lequel on n'est pas allé ? Alors on a centré notre échange beaucoup
sur la méthanisation mais il y a d'autres vecteurs énergétiques comme l'hydrogène par exemple qu'on
a effleuré, ce qui est aussi hyper intéressant en termes de perspectives d'avenir, mais à un
pas de temps encore plus éloigné puisqu'aujourd'hui l'infiliat n'est pas autant avancé que la
méthanisation. Et c'est quelque chose que je crois qu'on pousse un peu dans notre grande région aura
aujourd'hui l'hydrogène ? Alors même en France, c'est le plan de relance qui a été sorti juste
après la crise sanitaire a mis beaucoup de milliards d'euros sur le sujet de l'hydrogène
justement pour booster la filière. Mais après, on peut mettre plein plein plein de milliards
d'euros sur la table, le processus industriel, le processus de l'énergie c'est un temps qui
qui prend quand même du temps.
D'accord.
Dans quel cas et, alors déjà tu vas répondre dans quel cas et s'il y a des cas, comment
est-ce qu'on te contacte ?
Alors moi sur les faciles, j'ai toujours le même pseudo sur les réseaux sociaux.
Ok.
Et ce pseudo c'est Phil Bignoux.
D'accord, bon ce qu'on fera c'est que, pareil, comme les ressources, la vidéo de
et le site de GRDF, je te demanderais de m'envoyer tes liens que tu veux partager,
on les mettra dans les notes d'épisode. Et dans quel cas est-ce que ça t'intéresse d'entendre
parler, d'être contacté, d'interagir avec des auditeurs typiquement ?
Alors sur les réseaux sociaux j'ai beaucoup d'échanges avec plein de gens qui peuvent,
enfin qui ont envie de partager des différents sujets. Je ne parle pas que de gaz sur les réseaux
sociaux. J'en mets quand même quelques-uns, mais je ne parle pas que de ça. Donc en tout cas,
que ce soit sur Twitter, LinkedIn, Instagram, Snapchat, Facebook... Ah oui, tu es très présent.
C'est fil bignou, tant que vous voulez. Bon, c'est bien noté. Bon, pour finir,
Est-ce qu'en une phrase si possible, ou en tout cas d'une manière assez condensée,
tu pourrais nous dire ce que tu aimerais qu'on retienne absolument à la fin de cet épisode ?
J'aimerais qu'on retienne que l'avenir qu'on a envie de se construire passera par une prise
de conscience que l'énergie c'est super précieux, c'est super précieux pour notre porte-monnaie,
mais aussi pour tout ce qui nous entoure. Et que ce petit bijou précieux qu'on a,
qui s'appelle l'énergie, c'est encore plus sympa quand sur un bijou il n'y a pas qu'une
pierre d'une seule couleur mais qu'il y en a plein de couleurs pour faire un mix énergétique un peu sympathique.