#39 : Anne Desmarest de Jotemps – la joaillerie française
Dans cet épisode je crois que j'ai reçu un niveau de passion et de connaissances encore supérieur !
Mon invitée peut parler de bijoux pendant des heures. C'est d'ailleurs ce qu'elle a fait pour répondre à mes questions.
Elle n'est pas elle-même joaillière mais elle est la voix de la joaillerie française.
Cette voix elle la fait entendre dans... 3 podcasts natifs : Il était une fois le bijou, Le bijou comme un bisou et Brillante !
Nous discutons ensemble de bijoux, de joaillerie, du savoir faire français dans ce domaine, de la Place Vendôme et de Louis XIV.
Voici Anne Desmarest de Jotemps !
Les références citées par Anne :
Livres :
- Les Arts Joailliers, métiers d'excellence, Guillaume Glorieux, Gallimard Découverte
- Bijoux Anciens, Geoffray Riondet, Flammarion
- Pierres Précieuses, François Farges et Olivier Segura, Dunod
Conférences en lignes :
https://www.youtube.com/@LECOLEVanCleefArpels
https://www.youtube.com/c/RuiGalopimdeCarvalhoFGADGA?app=desktop
Blogs joailliers :
https://legemmologue.com/
https://www.likeab.com/fr
https://blissfromparis.com/
https://www.katerinaperez.com/
https://espritjoaillerie.com/
Où suivre et contacter Anne Desmarest de Jotemps :
- Instagram @iletaitunefoislebijou
- Linkedin @annedesmarestdejotemps et @ilétaitunefoislebijou
Ses podcasts :
- Il était une fois le bijou : le seul podcast thématique de la joaillerie
https://podcast.ausha.co/il-etait-une-fois-le-bijou
- Le bijou comme un bisou : le podcast joaillier des grandes et petites histoire et de l'actualité du bijou
https://podcast.ausha.co/le-bijou-comme-un-bisou
- Brillante : le podcast des femmes de la joaillerie
https://podcast.ausha.co/brillantes
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Tu peux retrouver l'épisode au format audio sur ton application de podcast préférée : https://smartlink.ausha.co/principes-fondamentaux
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La playlist des extraits sélectionnés dans cet épisode :
L'épisode au format texte
Bon tu sais quoi, des fois je parle un peu de la pluie et du beau temps avant qu'on se lance là.
T'es quand même une pro du podcasting maintenant, donc on te la fait pas à toi,
on peut foncer direct. Bon merci Anne d'être dans Principes fondamentaux,
de m'avoir contacté déjà pour qu'on ait ce premier échange et on s'est parlé au téléphone
et c'était top. Je pense que les auditeurs vont s'en rendre compte, t'as un enthousiasme,
t'as une envie de parler de ton sujet, c'est ce que je recherche en Principes fondamentaux.
Donc déjà, merci d'être là.
Et puis, je vais te poser une première question.
Est-ce que ton nom t'a guidé vers le domaine de la joaillerie ?
Est-ce que le domaine de la joaillerie t'a dit "je vais prendre un pseudonyme
parce que ça va vachement bien marcher avec" ?
Ou est-ce que c'est un hasard total et que ce fit entre ton nom et ton domaine,
c'est magique, quoi ?
Pour être parfaitement clair, ça n'a absolument rien à voir. Pour te raconter ma life, à
démarrer, c'est mon nom de jeune fille. Et Dejautan est une partie de mon nom marital.
Et quand j'ai divorcé, mes enfants avaient 4 ans et 2 ans et demi. Et donc tu te représentes
bien qu'à l'école, quand tu ne portes pas le même nom que tes enfants qui ne sont
pas en âge d'écrire eux-mêmes leurs fiches, ça pose des problèmes. Et donc du coup,
me suis appelé du nom complet marital jusqu'à ce qu'ils aient 18 ans. Et quand ils ont eu 18 ans,
étant donné que j'avais déjà évolué avec un nom composé pendant super longtemps, je me suis dit
"bah je vais couper une moitié du nom de mon mari et rajouter le démarré" puisque quand les enfants
ont eu 18 ans tous les deux, j'avais vécu exactement le même temps avec mon nom de jeune
fille et avec mon nom marital. Donc je me suis dit "je vais coller les deux et puis comme ça si un
un jour je ne veux garder que des marais, bah voilà, ça le fera.
Et puis le nom de mon mari, c'est le nom d'une seule famille en France.
Avec différentes branches, d'accord, mais le nom d'une seule famille en France.
Donc a priori, quand on me recherche, on tombe sur moi.
Il n'y a que moi au monde qui s'appelle comme ça.
D'accord.
C'est un avantage.
C'est un avantage, surtout quand on commence à communiquer, surtout quand on commence
à avoir son propre business, c'est vrai que c'est un vrai avantage, ne serait-ce
que… en fait c'est du SEO, c'est du search engine optimization, c'est des moteurs de
recherche et c'est vrai que ça peut être un avantage et moi je trouve que ton nom,
en fait la première fois que j'ai entendu ton nom, je me suis demandé si ce n'était
pas un pseudo, parce que je trouvais que ça marchait super bien avec le sujet que
tu abordais. Donc voilà, c'est pour ça, je voulais que l'on se lance là-dessus.
Parce que ça m'avait interpellé.
Oui, c'est ça. Et en plus, si tu veux, à partir du moment où on parle de bijoux,
de joaillerie, dans la tête des gens, ça veut dire luxe. Donc, on imagine tout de suite
en France, c'est drôle d'ailleurs, en France où on a décapité nos rois, pour
nous, le luxe, il est un peu lié à l'aristocratie. Alors, c'est vrai dans les fondamentaux,
Mais en soi, aujourd'hui, ça n'a plus rien à voir.
Les gens qui ont de l'argent aujourd'hui, d'abord, ne sont pas forcément en France
et n'ont plus rien à voir avec l'aristocratie.
Donc c'est ça qui est drôle.
Mais chez nous, on a vraiment...
Et on est fiers de notre révolution, d'avoir coupé la tête au roi, etc.
Un nom à particules, ça le fait.
Ouais, donc aujourd'hui, les auditeurs ou les spectateurs sur YouTube, vous avez très bien
compris le thème central, le sujet de cette discussion que j'ai avec Anne, c'est la joaillerie
française, on précise, en vôtre, on va parler d'ailleurs, parce que comme d'habitude, il n'y a
rien de préparé. Moi je me laisse guider par ma curiosité et évidemment par les premiers retours
que j'ai de mes invités. Donc on va voir où on va aller exactement, mais ce thème, ça va être ce
thème-là quand même central. Donc on a un petit peu parlé de la France déjà. Est-ce que tu peux
m'expliquer ce que c'est que la joaillerie ? En quoi ça se différencie de la bijouterie par exemple ?
Enfin voilà, juste tu m'expliques à moi qui n'y connais rien du tout. Alors on parle du domaine du
bijoux. Alors le bijou c'est tout ce qui est de l'or de la parure et c'est un milieu extrêmement
riche parce que ça parle autant des parures de pouvoir comme les couronnes pour les rois par
exemple ou les légions d'honneur qui sont des récompenses militaires ou alors quelque chose de
plus intime qui est soit la petite bague qu'on s'achète à soi pour aller avec son jean ou alors
évidemment la bague qu'on nous offre quand on déclare notre flamme par exemple, quand on veut se fiancer.
Donc le bijou c'est tout cet ensemble de choses, d'émotions, d'histoires, de savoir-faire qui sont
liées à l'apparure dans un objectif si tu veux de symbolisme et de savoir-faire. Et le bijou c'est
le mot générique pour parler de ça. Mais étymologiquement, tu as une racine commune en
Europe qui est "Joeri", "Jules", "Joy", "Joyla", "Joy" qui est la même chose et qui veut dire
"Joeri". Et "Joeri", ce sont les joyaux, c'est ce qui est lié à la pierre. L'art du joyer, c'est
de faire en sorte qu'il y ait des pierres qui soient mises en valeur sur ton bijou et qu'on
voit le moins possible le métal. Alors que le bijou a la fonction de créer une émotion artistique,
et donc le bijou ça peut être un artiste plasticien qui fait quelque chose de contemporain
en plastique, en plexiglas, en tout ce que tu veux, et ça reste du bijou parce que dedans tu as
a cette dimension artistique qui est là pour valoriser, qui est du domaine de l'art et
qui est du domaine de l'apparue. Et donc le domaine du bijou comme ça c'est un peu tout
ça. Et alors le mot bijou est un mot qui lui vient du celte et qui est associé au
aux bisous.
Donc tu vois c'est assez rigolo.
Et là on rentre dans la sphère de l'intime.
Quand tu interroges les gens, ils ont tous un bijou fétiche.
Alors ça peut être la super bague en diamant héritée de la grand-mère, mais pour moi
par exemple, c'est un billon enserré dans un trombone qui est le bijou que mon fils
m'avait fait quand il avait 7 ans. Il est un portable, d'abord parce qu'il n'est pas soudé,
tu vois, il est trop lourd, mais c'est un truc, il a sa boîte, tu vois, chez moi c'est hyper
important. Et il y en a un autre comme ça, on avait été passer une après-midi avec ma fille,
elle avait 13 ans à l'époque, et on avait été chez Pilon, tu sais là où ils font des petites
choses rigolotes en plastique, des couverts à salade, des choses comme ça, et ils font des
petites bagues en plastique et dedans tu as de l'eau colorée. Elle a pris le petit modèle bleu
et moi j'ai pris le grand modèle rouge. Et tu sais quand tu bouges comme ça on voit les bulles.
C'est un bijou qui en termes de valeur monétaire n'a pas une grande valeur,
mais à chaque fois que j'ouvre cette boîte, pour moi c'est cet après-midi avec ma fille.
Je suis incapable de perdre ce bijou. Si on me le vole, je vais être malheureuse comme les pierres.
alors que, au point de vue de la valeur, ça ne vaut rien.
Donc du coup, dans le bijou, le joyau, tu as tout ça, en fait, qui est mélangé,
et c'est ça qui rend ce domaine aussi intéressant, en dehors de tout ça.
Et après, tu as le domaine de la loi, c'est-à-dire que le métier remonte,
on va dire, allez, globalement, il se structure au Moyen-Âge avec les orfèvres,
C'est-à-dire ceux qui travaillent les matières précieuses, l'argent, l'or, etc.
Est-ce que tu parles déjà de pierres précieuses notamment ou tu parles de métaux plutôt ?
Je te parle de métiers. C'est-à-dire qu'à l'époque, on demandait à ceux qui savaient
faire des choses avec des métaux précieux, aussi bien de faire la salière de table,
ou les couverts en argent, ou le service de rasage, que de faire des objets de parure,
donc des bijoux. Et puis à fur et à mesure du temps, il y a eu des spécialisations et tu sais
qu'au Moyen-Âge ils étaient en confrérie. Donc un petit peu à la fois il y a eu ceux qui étaient
les orfèvres, les orfèvres bijoutiers, les orfèvres joaillées et le métier s'est structuré. Mais en
fait c'est hyper récemment, c'est-à-dire que c'est à partir évidemment de Louis XIV, parce que lui
lui demandait des savoir-faire, que les métiers se sont vraiment spécialisés dans chacune
des choses.
Il y avait même un métier de faustier pour ceux qui faisaient des bijoux en strass, par
exemple.
Avec M.
Strasser, qui avait inventé le strass, il a fait des strass tellement belles que Louis
XIV lui a dit "d'accord, vous allez créer une confrérie et c'est vous qui allez l'amener".
Et donc, à chaque fois, c'était les marchands merciers qui vendaient, c'était les orphèves
qui faisaient le service de table, c'était les bijoutiers qui faisaient du bijou, c'était
les joyés qui travaillaient les pierres, c'était les lapidaires qui limaient les
pierres.
Enfin, tu vois, tout le métier s'est structuré.
Et c'est finalement, je crois, en 1864 qu'il y a eu une vraie organisation syndicale qui
s'est mise à gérer le métier et qui a dit, ben voilà, moi je vais m'occuper de
ce...
Aujourd'hui ça s'appelle H-B-J-O-P, horlogerie, bijouterie, orfèvrerie, pierre et perle.
Et tu as donc le HBJOP qui s'occupe du précieux et tu as les écoles BJOP qui sont les écoles
où on apprend la joaillerie en France.
Et puis après tu as effectivement la BOCY qui est l'autre chambre syndicale qui s'occupe
du bijou.
Donc bijou ça veut dire aujourd'hui, quand tu parles d'un bijou tu parles de toutes
choses mais quand on te dit par exemple de l'or et ben c'est réglementé par la HPEOP,
donc tu sais que l'or en France c'est du 18 carats, point. T'as pas à te prendre la tête,
c'est la loi. Alors que quand tu parles d'un bijou qui peut être en laiton avec un lapis
lusuli dessus si tu veux, donc une pierre quand même intéressante, ça va être de l'or du bijou
et ça va dépendre d'une autre chambre syndicale. Donc aujourd'hui comme tout le temps en France,
tout est extrêmement réglementé, mais comme tout est réglementé, on peut avoir une super confiance
dans la qualité de ce qui est fait en France. D'où entre autres ton intérêt ?
Ah ben oui.
Alors tu nous as dit déjà plein de choses, donc je vais repartir sur une première question qui
découle de la question de départ. Est-ce que la joyerie c'est un sous-domaine de la bijouterie ?
Non, c'est connex. Pour te faire comprendre ça, je vais te raconter si tu veux bien comment on fait
un bijou. Quand tu vas chez ton joyer, tu lui dis "ben voilà, je voudrais un bijou". Donc déjà,
tu lui dis si tu veux une bague ou un bracelet etc. Et là lui va te faire un dessin. De ce dessin,
il va faire une peinture qu'on appelle un gouaché. La différence entre les deux c'est que le dessin
il te fait des formes et tu dis ben voilà je préfère quand ça tourne en rond comme ci ou
que ça fasse tout droit comme ça. Et le gouaché c'est une peinture à la gouache à la taille exacte
de ton bijou. Donc tu vas savoir exactement ce que tu vas avoir. À la suite de ça, il va prendre
un bloc de cire, il va le sculpter et tu vas avoir ton vrai bijou. Quand c'est une couronne,
etc. tu peux avoir un maquettiste aussi en plus. Mais bon, pour une balle, il va creuser sa cire
et il va te sculpter ta vraie balle. Là-dessus, il passe à la fonte, c'est-à-dire que tu vois,
on le met dans un moule, c'est de la cire perdue, on va mettre du métal qui va prendre toute la
place du métal et on va le sortir. On est dans le joyer, tu vois, il a fait le dessin, sorti le
métal. Avec sa pièce à main qui fait comme une pièce de dentiste, il va marquer les endroits où
il va y avoir les pierres. Et là, ça passe au certisseur. Parce que sur le gouaché, il a marqué
les petites pierres. Donc, le marchand de pierres, il sait ce qu'il doit amener. Quelle dimension
exacte, même si c'est tout mini, mini, tu vois, même si c'est des toutes petites pointes de crayon,
tu vois, donc il sait ce qu'il doit mettre. Et donc du coup, le serre-tisseur, son job, c'est
de faire en sorte qu'on voit bien les pierres, qu'elles tiennent super bien, mais qu'on ne voit
pas le métal. Attends, quand tu dis qu'on ne voit pas le métal, quand tu parles de métal, tu parles
d'or par exemple ? Oui, l'or, l'argent, le platine, le métal, le vermeil, enfin voilà.
Ok, donc ça veut dire que toutes les pièces de bijouterie qui ne sont pas recouvertes de pierres
précieuses, de pierres en général, ne sont pas de la joaillerie. S'il y a du métal qui dépasse,
c'est qu'on n'est pas dans la joaillerie.
Le joailler, c'est le travail du métal.
La différence bête entre la joaillerie et la bijouterie,
c'est que dès que c'est de l'or, c'est de la joaillerie.
Du platine, c'est de la joaillerie.
Si tu es dans du plaqué or, donc c'est-à-dire c'est du bonze ou du laiton,
ben là, c'est de la bijouterie.
La joaillerie commence à l'heure.
Commence avec les pépettes, tu vois.
ça coûte cher, c'est du métal qui coûte cher. Je te donne une idée, aujourd'hui un gramme d'or,
globalement ça coûte 50 euros. Un peu plus même. Et quand tu vois une bague toute fine,
toute fine, tu sais qui fait juste un fil avec une petite pierre, ta bague toute fine c'est
c'est 3 grammes d'or.
Le plus fragile.
Ouais, tu vois, ça te donne une idée du prix déjà des matériaux.
Donc, c'est pour ça que
tu as l'argent aussi qui
rentre dans la joaillerie,
mais qui peut aussi rentrer dans la bijouterie.
Après, ça dépend ce qu'on en fait, si on met du plastique dessus.
Tu vois, voilà. Mais globalement, si tu veux avoir une idée,
l'or, c'est dans la joaillerie et le reste est plutôt dans la bijouterie.
Bien qu'il y a des exceptions, puisque au 19e siècle,
comme on ne savait pas encore sublimement tailler les diamants,
les montures de la bague, elles étaient en or et les petites griffes du diamant,
elles étaient en argent, c'était plus sombre, on voyait mieux le diamant.
D'accord, d'accord. Donc, est-ce que si je résume un petit peu,
tu vas me dire si ça marche ce que je dis.
Quand on n'utilise que des matériaux chers,
on est dans la joaillerie et sinon on tombe dans la bijouterie.
Voilà, c'est un bon résumé en fait.
Il y a des exceptions, mais c'est un bon résumé.
Parce que là, on rentre dans un côté un peu technique,
on y reviendra après si tu veux que je développe, mais...
En France, chaque bijou a un titre,
C'est-à-dire, il est en argent, il est en or, il est en platine.
Ce titre-là est bien sûr surveillé par la loi.
Tout le monde ne peut pas acheter de l'or comme ça.
Voilà.
Et donc, en France, une bague en or, elle est 18 carats, point.
Peut-être que c'est le moment de s'arrêter sur ce que ça veut dire, 18 carats.
Voilà. Alors, c'est ce qu'on appelle un titre, c'est-à-dire que,
Comme je te l'ai expliqué, avec un gramme d'or,
le gramme d'or, ça coûte 50 euros d'accord,
mais avec un gramme d'or, tu fais 1,3 km de fil.
D'accord.
Donc, tu vois, en fait, c'est une matière extrêmement souple,
comme l'argent, je ne sais pas si tu as déjà eu une bague en argent,
au bout d'un moment, sur ton doigt, elle se déforme.
Ce sont des matières de l'eau qui sont un peu souples.
C'est d'ailleurs pour ça qu'on arrive quand même à les creuser,
en faire, à les sculpter, etc.
Donc, pour que ta bague ne parte pas en couille, tu vois,
il faut lui mettre d'autres métaux avec.
Et donc, en France, on a décidé que 18 carats, c'est-à-dire 750 millième,
c'est-à-dire 75 %, si tu veux, il y aura 75 % d'or.
Et puis, le reste sera des matériaux, donc de l'argent, de l'étain,
du laiton, qui servent à durcir et qui servent à donner la couleur.
D'accord.
D'accord.
Donc, quels que soient les autres matériaux,
les proportions des autres matériaux à partir de...
Tout ce qui compte pour être 18 carats,
c'est d'avoir 75% d'or.
Et après, j'imagine que pour différentes couleurs,
pour différentes duretés, pour différentes propriétés,
on va jouer sur les 25% qui restent.
On va mettre un peu plus d'un de ces matériaux que de l'autre.
OK, d'accord, très bien.
C'est pour ça que c'est ce que je trouve fascinant,
si tu veux, dans la joaillerie,
c'est que c'est pas que du luxe.
T'imagines bien que les gens qui font fondre les choses
pour faire le métal, c'est des grands chimistes. Parce que chacun de ces métaux
ne font pas la même température. Sinon, ça serait trop fastoche.
La joaillerie, c'est de l'art, d'accord ? Puisque je viens de t'expliquer, c'est
un dessin, c'est une sculpture, comme l'art classique. Mais c'est aussi du savoir-faire.
Donc le polissage, le certissage, la sculpture, c'est quand même du savoir-faire.
Et puis là-dessus c'est aussi de la science.
Non seulement tu as de la géologie pour savoir où repérer les pierres, de la gémologie
pour savoir catégoriser les pierres, mais tu as aussi de la chimie.
Parce que quand tu fais fondre un truc sur un machin, il ne faut pas que quand tu arranges
ta bague, tu fasses éclater les pierres.
Il ne faut pas que quand tu mets une sculpture d'un autre métal sur...
Si tu veux mettre un décor en argent sur ta bague en or, t'as le droit.
Mais ça ne fond pas à la même température ces histoires.
Sinon, ce n'est pas drôle.
Donc, tu vois, c'est vraiment tout, ça regroupe,
mais tout, c'est aussi de la science, mais de la science vraiment à très haut niveau.
Ouais, j'imagine.
Alors je t'ai interrompu pour les 18 carats de l'or.
Est-ce que tu serais capable de reprendre le fil de ta pensée,
de ton explication quand je t'ai dit ?
En fait, comme je disais, on est très réglementé.
Chaque métaux a son titre.
Donc l'or 18 carats, 750 millièmes, l'argent 950 millièmes.
Ça, c'est les normes absolument.
Ce qui fait qu'en France, tu es absolument sûr que chaque matériau vaut ça.
Le platine, c'est pareil.
Et chacun de ces matériaux est bien sûr analysé, c'est-à-dire que quand le joaillier fait un bijou,
il doit aller le montrer à ce qu'on appelle la garantie, et la garantie c'est les douanes.
Et les douanes regardent le bijou, testent le bijou, ils disent "ok on est d'accord, ça fait telle millième,
boum, vous avez le droit de mettre le poisson, qui veut dire que ça fait ça ?"
Alors jusqu'à il y a très très très longtemps, le poisson par exemple, tête d'aigle, ça voulait dire,
or 18 carats, made in France.
Après, il y a eu l'Europe.
Donc, en fait, tu trouves aujourd'hui des bijoux qui ne sont pas faits en France
et qui ont le poisson, qui disent c'est de l'or.
Donc, il y a à nouveau l'UFBGOP qui a inventé un autre
poisson qui ressemble à un hexagonal,
dans lequel tu vas trouver le titre, c'est-à-dire cette petite tête d'aigle
qui dit que c'est de l'or, et le poisson de maître,
c'est-à-dire l'atelier qui l'a fait.
Et normalement, chacun de tes bijoux comporte ça.
Et c'est vrai maintenant, mais c'est vrai aussi depuis super longtemps.
Sauf qu'il y a eu toute une époque où les poinçons de garantie
et le poisson de maître changent tout le temps, puisque c'est l'atelier.
Tu vois, il est inscrit dans un registre,
mais le poisson de titre, il dépendait des régions.
Donc, chaque région et chaque pays avait sa loi.
Et c'est pour ça qu'aujourd'hui, dans les ventes aux enchères, par exemple, c'est marqué "poisson de cheval",
tête de minaire.
Et en fait, les gens qui s'y connaissent, ils se disent "ah, je prends bien".
En gros, quand on vous dit "poisson d'un truc", ça veut dire qu'on a réussi à tracer le bijou.
Parce qu'effectivement, comme ça se transforme, il se peut qu'un bijou ait été une bague,
particulièrement, elle a été transmise entre pépé, mémé, grand-mère, arrière-grand-mère, etc.
Elle a été portée, le poisson s'est un petit peu effacé.
Donc des fois, on a dans une vente du mal à voir le poisson.
Donc de toute façon, avant que l'expert dise "je vous garantis que c'est de l'or",
il faut qu'il aille le faire vérifier, mais on ne va pas forcément...
Tu vois, on va le vérifier, on va l'authentifier,
mais on ne va pas forcément remettre le poisson d'aujourd'hui alors que c'est une bague d'hier.
Parce que ça, c'est comme une œuvre d'art, ça fausserait les choses.
Par contre, on passe par un expert qui vous dit "je vous garantis que c'est ça".
On voit une trace qui pourrait être ça.
Et ça permet de tracer ton bijou.
En dehors de tout autre système.
Et donc il faut bien regarder.
Alors on dit, si je vais être particulièrement pointilleuse, que quand un bijou vaut moins
de 3 grammes, tu te rends bien compte que c'est quand même très fin, on peut ne pas
avoir le poinçon dessus. Ça ne veut pas dire que ce n'est pas marqué dans la facture
qu'on t'a dit. Tu vois, normalement, tu as une facture. Et quand, à l'époque,
on ne retrouve pas la facture, quand tu vas dans les grandes maisons qui existent quand
même depuis super longtemps maintenant, eh bien, je veux dire, les bijoux de la Duchesse
de Windsor, on sait parfaitement d'où ils viennent parce qu'ils ont des registres
et ils marquent spécifiquement ce qu'ils ont fait, pour qui.
Donc on peut retrouver le bijou et savoir qu'effectivement, il vient de là.
L'année passée, il y a eu un splendide, mais vraiment magnifique bracelet
de Marie-Antoinette qui a été vendu chez Christie's à Londres,
avec trois rangs de diamants.
Eh bien, on a pu l'authentifier parce que dans la boîte,
il y avait le nom de Marie-Antoinette, il y avait le nom du fabricant
et on a retrouvé le tableau.
je ne sais plus si c'est Versailles ou Fontainebleau, où elle était avec son bracelet.
Donc là, on a la traçabilité parfaite parce que le problème était que la maison qui avait
fabriqué ce bijou, elle n'existe plus aujourd'hui. Mais même avec ça, on arrive à le tracer.
Ça devient un travail d'enquête à ce niveau-là, c'est-à-dire d'enquête ou un peu comme font
les gens qui font des arbres généalogiques ou des historiens finalement. C'est un petit peu
cette approche là qu'on doit avoir quand les bijoux sont anciens, quand on n'arrive pas à lire le
poinçon, quand il n'y a plus de factures ou qu'il n'y en a pas eu parce que c'est peut-être trop vieux.
C'est ça, c'est des enquêteurs. Et du coup, ça te permet de dire que quand tu veux savoir d'où
vient un bijou, tu as quand même plusieurs trucs. Tu vois, tu as le poisson qui veut dire ça, tu as
plusieurs indices. Et aujourd'hui, tu vois, c'est normal, le consommateur, il veut savoir ce qu'il
consomme, on veut savoir d'où ça vient, c'est important de savoir tracer le bijou au moins au
niveau de la façon, c'est-à-dire de comment on l'a fabriqué. Parce qu'effectivement, même si on a
la traçabilité du poisson et des trucs, la pierre qui est dessus, des fois on n'arrive pas à la tracer,
puisque là ça vient de quand même super longtemps. Et ce qui est intéressant dans la joaillerie à la
française, c'est que ben il n'y a quand même pas beaucoup de matériaux qui viennent de France,
directement. Alors oui, il y a de l'or à la Réunion, il faut quand même prendre l'avion pour y aller,
tu vois. Et oui, il y a eu des grenats perpignans, il y a eu des saphirs dans le Puy-de-Dôme,
il y a longtemps. Ce ne sont plus des mines qui sont exploitées.
Je peux aller chercher dans mon jardin pour les saphirs ou pas ?
Tu peux essayer, mais tu risques de ne pas avoir de ce qu'on appelle la qualité joyeure.
Ah mince ! Parce que c'est quand même pas de bol. Tu cites trois endroits, tu cites la Réunion,
de Sylvers-Perpignan et tu cites mon département.
Alors moi je me dis, bon, s'il n'y a pas beaucoup de pierres en France, mais qu'il
y en a peut-être, enfin je dis dans mon jardin, dans le jardin de mes grands-parents, je vais
peut-être aller creuser un petit peu quand on aura raccroché.
À l'époque de Louis XIV, l'enfant s'est arrêté pour acheter des cadeaux à ses petites
sœurs et ses petits frères.
Il avait acheté un couteau qui vient de chez toi et des petits grenats qui viennent de
chez toi aussi.
Donc à l'époque, c'était exploité.
Mais pour une exploitation aujourd'hui joyeure, il faut un qui en ait assez, que ça vale
le coup de creuser dedans, c'est la même chose pour le charbon, l'aluminium, tout
ce que tu veux.
Et puis après, il faut qu'ils aient cette fameuse qualité joyeure, c'est-à-dire qu'ils
aient suffisamment de transparence, de couleur, etc. pour que ça vaille le coup.
Alors ce qui n'empêche qu'on peut utiliser des petits saphirs par exemple pour autre chose que des pierres de devant,
des pierres qui sont devant le bijou.
Ça peut être des pierres qui sont utilisées dans le bijou.
Dans le bijou ?
Oui, pareil.
En fait, encore une fois, cette fois-ci ce n'est plus de la chimie, c'est de la physique,
chaque pierre a des capacités.
Tu vois, la dureté, la résistance, etc.
Les saphirs, par exemple, ont une énorme résistance au frottement.
OK.
Et donc, dans beaucoup de mécanismes des montres,
il y a des saphirs.
Alors, suivant le prix de la montre, c'est des vrais miniers
où aujourd'hui, c'est des faux, on sait refaire
à cause de cette qualité de la pierre.
Tu vois, parce que...
Moi, je visualisais une bague,
ou je visualisais...
Et c'est pour ça que quand tu dis
à l'intérieur, je ne comprenais
pas ce que ça voulait dire.
Mais effectivement, quand on
parle de montre, tu me l'as dit
tout à l'heure, tu as parlé
d'horlogerie.
Quand on parle de montre,
effectivement, il y a des choses
qu'on ne voit pas.
Donc, je comprends mieux ce que
tu veux dire.
Oui, parce que tu as des bijoux
à système, tu vois.
Mais en général, le problème
là n'est pas sur le frottement.
Il est sur la fermeture,
le fait de crocheter,
de décrocher et que ça ne se
perde pas.
Tu vois, le bijou à transformation, il est très, très ancien.
Je veux dire, quand tu te projettes, justement à l'époque de Louis XIV, etc.,
les dames, en soirée, devaient bien sûr être très décolletées.
La robe était très tenue au niveau du corset.
Donc, tu avais ce qu'on appelait le buste, qui était une pièce très, très dure devant.
Et donc, le joyau courait de l'épaule,
traversait le buste et allait jusque sur la hanche.
Bien sûr, tu ne sortais pas avec ça tous les jours.
et donc tu n'allais pas faire un bijou pour une fois.
Et donc chacun des morceaux de ce bijou se dévissait, etc.
Tu pouvais en faire des couronnes, tu pouvais en faire des pendants,
tu pouvais en faire des pièces en face.
Voilà, tout se décroche, tout se transforme.
Encore aujourd'hui, quand tu es dans le bijou ancien,
il y a des magnifiques coffrets où tu as des tiars,
et puis tu as un premier étage avec la tiar,
après tu as un étage avec le cercle doré, les petites vis,
Ensuite, tu as un autre étage avec les instruments,
et tu démontes tout ça et tu as un collier.
D'accord.
Ah ouais.
Oui, donc il y a plusieurs fonctionnalités pour une même pièce,
en fonction des besoins,
et effectivement, comme tu disais,
ça ne va pas être quelque chose qui va servir une fois,
quand c'est une quantité de travail phénoménale pour créer ce genre de pièce.
Et du coup, évidemment, un coût phénoménal pour les gens qui achètent.
Donc, ouais, ouais, c'est pas du one shot, quoi.
C'est plusieurs utilisations possibles.
Tu vois, j'avais absolument pas conscience qu'il existait ce genre de pièces.
Je trouve ça très intéressant.
C'est-à-dire que les acheteurs français ou européens,
globalement, en règle générale, sont hyper discrets.
Aujourd'hui, les gens qui achètent ce genre de pièces,
qui sont quand même d'une certaine valeur,
surtout qu'en plus, elles sont historiques,
sont neuves, parce que Shomei continue à faire des couronnes, ça veut dire qu'il en vend.
Ils sont plus portés dans les pays où il y a des gens extrêmement riches, c'est-à-dire les nouveaux
pays riches, le Brésil, la Chine, le Japon, l'Amérique du Sud, le gros marché, ces genres de
personnes. On sait qu'il y a une dame chinoise qui est extrêmement riche et qui préside tous ses
conseils d'administration avec une tiare sur la tête et elle en a dix différentes qui viennent
toutes de la place Vendôme. Si c'est son fun, voilà. Mais nous en France, il y a aussi une
habitude de portée, tu vois, les gens sont plutôt discrets. Les gens ont tendance à mettre leurs
bijoux au coffre et dire non mais ça va faire trop. Alors que sans aller jusqu'à cette tiare pour
président conseil d'administration, quand tu vas en Italie, quand les femmes sortent, elles mettent
beaucoup de bijoux. En France, on a plutôt coté un peu "ah non, trop, c'est de mauvais goût". Il
faut avoir une certaine simplicité. Et donc, il y a aussi des habitudes comme ça qui sont liées à
la sociologie des gens et à la sociologie de consommation. Quand tu es aux États-Unis,
tu vois, le bijou va être un bijou... Je parle d'une règle générale, c'est grand les États-Unis,
mais le bijou des États-Unis est un bijou de statement.
Tu vois, c'est moi j'ai un Cartier, j'ai un Dior, tu vois, voilà, j'ai un quelque chose.
Tu vois, voilà.
Et donc, dans ce cas-là, on va, enfin, on va, ils vont aller chercher les icônes,
ce qu'on appelle les iconiques.
C'est-à-dire que chez Van Cleef, on va avoir soit la lambra, soit la petite danseuse,
c'est la pièce iconique.
Chez Cartier, on va avoir le bracelet love, le bracelet clou, voilà, c'est l'iconique.
Voilà, et chaque joaillier a un iconique d'hier, d'aujourd'hui, etc.
Tu as la BAC 4 chez Boucheron avec aussi les Pampis, si tu es vachement plus riche tu as
le Zip.
Tu vois, chaque joaillier a eu au cours des temps des iconiques et des spécificités
qui continuent à exister d'une manière plus ou moins renouvelée ou plus ou moins
riche.
Et puis, tu as une consommation qui est liée à ça.
C'est un peu comme la fille qui rêve d'un tailleur Chanel.
C'est pareil, tu vois, elle pourra porter un pull Saint-Gilles tout aussi chouette,
mais son rêve, c'est le tailleur Chanel.
C'est la même chose, ce bijou iconique, c'est un bijou statement qui, dans ta psyché,
que ce soit une consommation française ou extérieure, tu te dis en gros, ça y est,
je suis grande, je peux me faire ça.
En fait, c'est le même topo pour un monsieur que si tu dis "ça y est, je veux une Porsche
ou une Harley".
C'est un peu la même chose, tu vois.
Ou une Rolex si tu parles d'une montre.
Tu vois, tu as envie de ça parce que dans ta tête, c'était le truc chouette que tu
t'offrais un jour où tu as le moyen et un jour où tu as le moyen, tu te donnes le moyen
et tu dis "voilà, je rentre dans la cour des grands, j'ai mon truc".
Et donc là, tu ne cherches pas une création-création.
ce que tu cherches c'est une histoire et c'est une symbolique entre la valeur historique,
émotionnelle, sociologique que tu mets dans ce bijou et ce bijou là.
Ouais, j'ai une question par rapport à ça. Ce genre d'achat, est-ce que tu penses que la
plupart du temps, donc tu nuanceras mais je vais te poser une question un peu à gros sabot,
Est-ce que c'est une question de statut ? C'est-à-dire de je montre, j'achète par rapport
à l'extérieur ou est-ce que c'est plus une question de plaisir ? J'achète parce que je
sais pas, parce que je trouve ça très très beau, parce que... Alors avec les bijoux j'ai un peu
plus de mal à me leur présenter mais par exemple tu m'as cité la Porsche. Moi j'imagine que tu as
à des gens qui achètent, certains achètent pour le statut que ça confère ou qui pensent
que ça confère, d'autres achètent peut-être plus parce qu'on a des vraies sensations
qui sont par rapport au bruit qu'on entend, à la vitesse, à l'accélération, à ce
genre de choses.
Et puis qui peuvent être juste parce qu'on trouve que ces lignes, elles nous touchent
personnellement, d'une manière relativement déconnectée de ce qu'on veut montrer.
Donc voilà, je te redis ma question de départ.
Est-ce que tu penses que c'est plus une question de statut ou une question de plaisir interne ?
Les deux, en général.
En fait, tout dépend de ce que tu achètes.
C'est-à-dire que, et c'est OK, je veux dire, la fille qui rêve d'un Tyler Chanel comme le mec,
rêve d'une Harley, mais ils achètent tout. C'est-à-dire, ils achètent l'histoire de Harley,
l'image dans sa tête qu'il a de ce qu'il sera quand il sera sur sa Harley. Là, c'est l'image
de ce que tu seras quand tu porteras ton alambra, l'image de ce que tu seras quand tu porteras ton
love. Tu achètes toute l'histoire. Tu achètes l'histoire que... La bague Trinity, par exemple,
c'est celle où il y a trois ors toutes simples qui est une alliance. C'est la bague dessinée
par Cocteau, gnagnagna, donc tu connais l'histoire. Et d'ailleurs les marques font très bien leur job,
elles continuent à raconter l'histoire. T'achètes toute cette histoire-là et tu te projettes dans
l'histoire de ce bijou. Et donc comme tu te projettes, c'est pour ça que je dis c'est un
bijou statement, c'est un bijou qui te donne un statut. Et j'allais dire, et c'est ok. Parce que
je comprends ce que tu dis, tu dis bah la jeune génération elle dit non mais un bijou statement
c'est nul, vous allez vers le bio. Non, aller vers le bio c'est un statut, c'est la mode d'aujourd'hui,
et on la reconnaît comme ça. Le bio, quand moi j'avais 20 ans, c'était les nanas qui ne se
maquillaient pas, qui portaient du velours côtelé et qui allaient élever des moutons dans le larsac
en fumant des joints. Ça n'avait pas la même connotation aujourd'hui. Le bio c'est le "do it
c'est la traceabilité, c'est la durabilité.
Tu as la même notion vague, mais tu n'as pas du tout les mêmes notions
ou les mêmes valeurs derrière.
Donc, je dirais, si tu...
En plus, entre parenthèses,
un bijou marqué iconique, c'est un bijou qui se revend.
Tu vois, je veux dire...
Donc, économie circulaire.
Donc, on est dans l'écologie à nouveau.
Oui, parce que...
Je rebondis en plaisantant sur ce
que tu viens de dire, mais je
comprends très bien ce que tu dis.
Mais tu as parfaitement raison,
c'est-à-dire que, étant donné qu'il
est marqué, qu'il est signé, qu'il
est iconique, en fait, tu donnes
à ta fille, qu'il donne à sa fille.
Demain, je le revends, il a toujours
sa valeur. Alors, comme une voiture,
la première année, ça se dévalue,
mais ça va
rester stable.
Là, c'est d'une stabilité
exemplaire.
Donc, c'est un achat,
bien sûr, statement, mais c'est un
achat aussi rassurant.
parce que tu te dis "ça va pas perdre sa valeur".
Si demain tu te dis "moi en fait..."
et en général c'est une question d'âge,
tu te dis "moi je vais aller me faire faire ma bague chez le joailler"
parce que déjà je sais exactement ce que je veux déjà,
déjà c'est pas tout le temps,
et j'ai une idée de ce que je peux lui demander,
ce qui n'est pas tout le temps non plus, c'est pour ça que je t'ai dit "je voudrais parler de joaillerie",
eh bien je vais avoir un atelier qui va faire exactement ce que je veux,
ce bijou vaut donc la valeur de la matière et la valeur du travail et de l'artiste de
mon joyer.
Mais lui en général il se définit comme un artisan.
Et à côté de ça tu peux avoir le bijou d'artiste, qui est donc de la joaillerie
ou pas, et qui a de la valeur parce que c'est un bijou d'artiste.
Au moment de Picasso, Georges Mathieu ont tous fait deux, trois bijoux.
A priori, c'est d'abord des artistes et puis ils ont fait des bijoux.
Man Ray a fait des bijoux.
Donc t'as un bijou de Man Ray, Man Ray est coté, a priori ça ne devrait pas trop descendre.
A priori.
Après, si tu vois en termes d'époque, les époques elles ont plus ou moins des modes
et leur valeur du coup, tu vois, il y a un fond qui reste stable,
mais d'un seul coup, ça peut descendre et monter.
Aujourd'hui, l'art déco, c'est la valeur sûre.
Même le nouveau refait de l'art déco, les gens disent "ah c'est bon,
c'est de l'art déco, la valeur reste bien", alors que l'art nouveau, moins.
Mais il commence à y avoir en ce moment des expos sur Mucha,
des expos sur l'art nouveau, et donc ça va faire un truc d'ensemble,
les gens vont redécouvrir l'art nouveau, et d'un seul coup,
le bijou en ce moment va avoir de la valeur.
Et d'un seul coup, quand tu vas aller voir ton jouet, tu vas dire
« j'aimerais bien qu'il y ait une forme un peu plus comme ça,
à la place d'avoir le carré de l'art déco,
et ça va redevenir à la mode ».
Tu vois, c'est un peu logique.
Et donc, tu as ces trois valeurs d'antan,
qui sont les valeurs stables de la marque parquet,
la valeur du travail et du bijou qui a été fait pour toi,
et la valeur d'artiste, qui est aussi des fois n'a rien à voir avec le matériau,
de l'artiste qui a déjà une cotation.
Et j'allais te dire, et c'est OK.
Par contre, c'est vrai que, à part quand tu viens du milieu artistique
ou des bijoux, etc.,
eh bien, en général, mais encore une fois, je mets des gros guillemets,
en général, ce type d'achat varie avec le temps.
C'est-à-dire que, par exemple, tu vas commencer à travailler,
tout ça, tu vas commencer à vouloir t'habiller. En même temps, imaginons que dans ton boulot,
tu sois un peu normé, tu dois mettre un peu un tailleur, etc. Tu vas avoir envie d'un
truc en or, d'un truc en perles, etc. Et donc, si tu mets la petite perle qui vient
de chez Dior, le truc, la petite alhambra, machin et tout, tu te sens bien dans ton trend.
Tu es passé chez les grands, tu commences à travailler, tu commences à t'acheter
choses, tu t'es acheté un truc précieux et en plus qui ne va pas se démoder. Là-dessus, tu as les
bijoux sociaux à marqueur social. Une bague de fiançailles, on voit que c'est une bague de
fiançailles. Une alliance, ça ressemble à une alliance. Une médaille de baptême, une gourmette
de baptême. Ce n'est pas qu'il n'y a pas de créativité, les jouaillis sont capables de faire
ça. Mais la demande, c'est que les gens disent "non mais moi je veux que ma bague de fiançailles,
on voit que cette bague de fiançailles, c'est ça le truc. Et donc c'est un bijou, un marqueur
social et c'est ok. La preuve c'est que les homos sont en train de s'inventer leur code
aujourd'hui. Alors des fois ils portent des alliances qui ressemblent à des alliances pour
dire "nous on s'est mariés" ou des fois ils demandent des choses où la bague se porte en
en bague, aux boucles d'oreilles, en air cuff, etc. pour dire qu'on est moderne.
Mais il y a toute une sorte de bijou qui est en train de se développer là-dessus
et qui rentre dans ce côté symbolique social qui dit "mon bijou veut dire
quelque chose aux autres au niveau de la société".
Et je te parle de la France parce que toi, comment on sait ce que c'est qu'une bague
de fiançailles, mais dans d'autres civilisations, la bague de fiançailles
va porter au pouce ou ailleurs.
Enfin, il y a des bijoux liés à des civilisations, à des religions qui veulent dire précisément des choses.
Tu vois, comme les croix noires.
Et puis, tu as fini l'histoire.
Et puis, du coup, et puis après, je veux dire, tu as un peu de bouteilles.
Tu as eu ton bijou Statement, tu as eu ton bijou marqueur social et d'un seul coup, tu as envie d'un bijou qui te ressemble.
Et c'est là, en général, qu'on va aller acheter un bijou, c'est-à-dire un joyer,
parce qu'on a envie de ce truc comme ci, comme ça et pas autrement.
Et même si ça ressemble bien à ce qu'on voit par exemple, tu veux qu'il soit fait pour toi.
Tu veux pouvoir choisir la pierre parce que le joyer t'a dit "bah tiens, si vous voulez, je vous propose..."
Et t'as choisi ta pierre.
Et c'est là, parce que déjà aussi, t'as une certaine idée de ce que tu veux.
Je veux dire, aujourd'hui, les jeans...
Il faut quasiment passer un bac pour trouver un jean tellement il y a de sorte.
Mais t'imagines pas le nombre de bijoux qu'on peut faire.
Tu vois, donc il faut un peu de bouteille pour avoir le courage d'aller voir un
joaillier pour lui dire "alors moi j'ai une idée, je voudrais que ce soit comme
ci, comme ça et que ça fasse ci et que ça fasse ça et que ça se tronce".
Vous croyez que c'est possible ?
Tu vois, en général, mais encore une fois, je mets des guillemets, c'est en
général et c'est plutôt, voilà, c'est plutôt français, européen d'avoir ce
genre de réaction.
Moi ce que j'entends là dans le dernier cas, la personne qui va avoir son...
Qui va avoir un joaillier, j'ai dit son joaillier, je sais pas si il y en a beaucoup qui ont leur joaillier de référence.
Son joaillier du coin au moins.
Ok, au moins du coin.
Mais ce que j'entends pour en revenir...
Et alors je précise un truc.
Moi je cherche à comprendre et j'évite autant que je peux,
Je suis humain, des fois je le fais quand même.
J'évite autant que je peux de juger, de dire "ça c'est bien, ça c'est pas bien".
Donc quand je te demande "est-ce que c'est une question de statut avant tout ?
Est-ce que c'est une question de plaisir personnel avant tout ?"
Je me retiens d'un jugement.
Voilà.
Mais... voilà.
C'était pour le cadre.
Je pense que quand tu me dis...
la personne, elle se dit "moi je veux un bijou sur lequel je vais décider de la pierre,
sur lequel je vais arriver avec une idée".
Je pense que là, on a des éléments qui nous font dire "cette personne-là, elle le
fait pour elle-même presque indépendant".
Alors j'imagine que c'est jamais complètement indépendant, mais presque indépendamment
du regard des autres.
Parce que c'est ça finalement, quand tu me dis "on veut que notre bac de fiançailles
ça ressemble à une bac de fiançailles", je ne suis pas sûr que ce soit un choix très
interne.
Et je pense que c'est beaucoup dicté par son environnement.
Et le dernier cas que tu me donnes, la personne qui va voir son joaillier et qui dit "moi
j'aimerais ci, j'aimerais ça", je pense qu'elle est dans une démarche qui est un
peu différente que je ne juge pas meilleure ou moins bonne mais mais qui est fondamentalement
différente je pense et voilà je voulais juste revenir là dessus et sur un autre point par
rapport à ça tu disais tout à l'heure les français ou les françaises ou peu importe
on peur d'en faire trop c'est pas témoin exact mais je paraphrase on peur d'en faire trop veulent
pas veulent pas faire trop montrer sont peut-être un petit peu moins pour reprendre une expression
courantes ont peut-être plus peur et sont moins attirés par le bling bling que d'autres,
que des personnes d'ailleurs. Par rapport à ça je me dis qu'il peut y avoir certes du regard des
autres parce qu'on a peur d'être jugé parce que on porte ci ou on porte ça mais aussi si on achète
quand même et que finalement ça va dans un coffre pour être admiré une fois de temps en temps sans
que les autres le sachent peut-être que justement là, alors il y a d'autres forces sociales qui
rentre en jeu, mais peut-être que là, on est encore plus dans le "je le fais pour moi et les
autres je m'en fous". Oui, c'est fait dans... Tu sais, ça correspond globalement à la pyramide de
Maslow. Tu vois, tu as les besoins de base, donc là, c'est pas trop l'idée, mais tu as le besoin
de communauté, d'être dans une reconnaissance sociale et seulement après, tu as le besoin
d'être identifié tout seul. Tu vois, donc c'est comme une idée de croissance. Et après, tu as
tout simplement la connaissance ou pas de ça. Et ça c'est assez logique parce que tu te rends bien
compte que même ton jouaillier dans ton coin, bien sûr il est obligé de s'identifier comme jouaillier
mais il va pas aller clamer partout "j'ai de l'or et des pierres" parce qu'il y a des braquages
beaucoup en ce moment. Sur la place de Paris là où il y a beaucoup de jouailliers, t'as rien
qui est pignon sur rue. Parce qu'au point de vue de la sécurité, tu ne peux pas te permettre
aujourd'hui de faire ça. Et en plus, quand tu vas aller visiter un atelier de menuisier,
un atelier d'ébéniste, on va faire attention à ce que tu ne te blesses pas, mais bon si vraiment
tu prends un tout petit bout de bois et tu te casses avec, une chute c'est pas trop grave.
Mais en joaillerie, tu ne peux pas faire ça. Dans l'atelier joailler traditionnel, un établi de
joailler, c'est un établi en bois au milieu duquel il y a quelque chose en demi-cercle,
comme ça, qui n'est pas à ce niveau-là, qui est globalement à ce niveau-là. Et au bout,
tu as un petit bout de bois carré qui s'appelle une cheville. Et le joailler, il pose son objet
là où il sculpte comme ça et il scie comme ça. Et donc au bout d'un moment cette cheville elle a
des petits bouts, des petites encoches et un joaillier qui fabrique comme ça. On dit que
c'est un joaillier à la cheville. Et en dessous de ce rond, tu as un tablier en cuir. Et ce tablier
sert à récupérer la pierre, si jamais le ton, à récupérer les petits bouts d'or, etc. Et autrefois
tu avais des clés au sol, des sortes de grilles en bois rectangulaires. Et puis, de temps en temps,
on souvait les clés, on balayait, puis on allait trier la poudre d'or. Parce que tu ne travailles
qu'une matière précieuse. Donc tu ne peux pas te permettre que quelqu'un arrive avec des goutillots
plein de boue et reparte avec... Alors ça ne vaut pas grand chose la poudre, puisqu'il faut quand
même arriver à un gramme, mais il reparte avec ça ou il reparte avec un bout de diamant collé
sur son panard ou qu'en passant, zoup, tu vois, tu ne peux pas te permettre. Donc forcément,
pendant longtemps, les joyeux n'ouvraient pas leur atelier. Pour toutes ces raisons-là,
raisons de sécurité, pour des raisons que l'on ne peut pas laisser traîner des choses,
ben non, c'était pas ouvert. Après, tu avais aussi le cas de l'atelier qui fabrique pour d'autres.
Donc on va visiter la boutique, mais on ne visite pas l'atelier. Tu vois, aussi en matière de
sécurité et autres. Et donc avant d'avoir l'idée de demander quelque chose, il faut quand même
avoir une certaine éducation. Et justement moi c'est ce qui faisait un peu de peine si tu veux,
c'est que la France aux yeux du monde et encore aujourd'hui est reconnue comme le savoir-faire
joyeux, mais de façon internationale.
Et les Français ne le savent pas.
Qu'est-ce qui est de spécial de ce savoir-faire français ?
Alors, il y a plusieurs choses.
D'abord, il y a le stylisme, si tu veux.
Chaque époque a une manière de faire des choses.
Tu vois, sous Madame de Pompadour, elle émet les nœuds.
Il y a des nœuds en joaillerie aussi.
Donc, il y a un style français.
Donc, de dessin, s'il te plaît, il y a un style.
Ensuite, il y a la façon.
Je t'expliquais qu'il y avait le joyer, le serre-tisseur, mais après il y a aussi
le polisseur, etc.
Une pièce de joyerie française a une finition parfaite.
Une finition parfaite, ça veut dire que ton bijou est doux partout, mais il est pensé
aussi pour que ça ne fasse pas mal quand tu le poses.
Il est pensé aussi pour que quand il soit démontable, ça ne suce pas tes fermetures.
Il est pensé en haute joaillerie par exemple pour que le faire-moi ça ne se voit pas.
Alors que le faire-moi c'est quand même la chose la plus importante.
Mais comme il est dans le dos, on n'y pense pas.
Aujourd'hui en petite bijouterie simple, en fine jewels, tu as les petits ressorts
habituels, tu dis "ma chaîne elle tient comme ça".
D'accord, ok.
Mais ça c'est pas une marque joaillère.
Une marque joaillère c'est ton bijou, il a son pendant devant qui peut être amovible,
et puis derrière dans ta nuque, on ne voit pas le fermoir.
Le fermoir est parfait, il ne se voit pas.
Et donc, après, ce qu'il y a aussi, c'est que dans les étapes de fabrication,
c'est pas chaque corps de métier fait un truc et puis rien.
Non, pas du tout.
On va faire les petits trous,
le joyer fait les petits trous pour marquer l'emplacement des pierres,
on va polir.
Ensuite, on met les pierres, on les sertit, on repousse le métal,
On va repolir.
Ensuite, on va faire des traces dessus pour faire un effet, tu vois, griffé, martelé,
etc.
On va repolir.
Et devant, et derrière, les pièces qui sont un peu plus touchy, pas seulement le petit
brillant, tu vois, tu vas avoir le chaton, tu vas avoir une corbeille entièrement ajourée.
Si la pierre est surélevée, eh bien en dessous, tu vas avoir une pièce qui fait que la pierre
garde la luminosité, mais que quand tu retournes ton bijou, tu n'as pas trop pour voir la pierre.
Non, tu as une jolie grille, complètement ajourée, complètement travaillée.
Une pièce française, c'est une pièce qui est parfaite.
C'est pour ça qu'on parle de métier d'excellence.
Parfaite dans tous les corps de métier.
Et à chaque fois, ça repasse, et du joaillé au polisseur, au serre-tisseur,
et au repolisseur, et au joaillé, et ça repasse comme ça,
jusqu'à ce que la pièce soit nickel.
C'est ça le savoir-faire aussi. C'est que t'as des pays où bon d'accord on t'en fait le trou,
on serre-t-il le truc, on polie une dernière fois derrière et basta. Nous à chaque fois,
chaque petit bout d'exécution est parfait. Et tu vois quand je te parle par exemple du
polissage, on peut fouettre une pièce en l'air à cause du polissage. Parce que tu peux avoir des
gros morceaux ou t'as des petites brosses, mais le plus souvent le polissage de tous ces petits
trou là, il est fait au fil de soi. On passe le fil à l'intérieur et on frotte comme ça. Alors moi,
je te fais comme ça, mais c'est beaucoup plus technique bien sûr. On fait ça au fil de soi,
t'imagines ? Et c'est ça la joaillerie à la foudre, c'est des tas de métiers où à chaque
point on va aller chercher la perfection des choses. Et puis t'imagines, c'est des gens,
ils ont des grades, tu vois par exemple, en ouvrier joaillier, puisqu'on dit un ouvrier
joyeux, tu as quatre grades au J. 1, 2, 3, 4. Le 4 c'est le plus mieux. C'est le meilleur. Et quand
je te parle de système de fermoir, il faut être au J4 pour arriver à imaginer un fermoir. Tu as
des fermoirs simples, usuels. Quand tu as une pièce qui rentre dans une pièce comme ça et qu'on voit
pas, en général c'est un cliquet. Donc en fait tu as une boîte ouverte, à l'intérieur tu as la même
boîte là. Après on te met une pièce de métal qui est comme ça et quand elle rentre dedans, ça s'appuie
et ça se bloque là, comme une sorte de ressort plat pour ceux qui font de la mécanique.
Ça c'est ce qu'on appelle une boîte à cliquets, c'est le fermois "plus simple".
Je dis "entre guillemets" parce que tu te rends bien compte que si ta chaîne elle fait ça,
ben le cliquet est au petit. Mais il est parfait, il ne va pas s'user.
Et quand tu as une pièce un peu plus grosse, en général le repoussoir du cliquet,
dessus, il y a un motif, il y a aussi une pierre et tout est lisse et ça ne doit pas monter de 15
centimètres sous prétexte que tu as un cliquet. Donc tout est comme ça, parfait. Et ça c'est la
joaillerie française. Et on est reconnu vraiment. Je n'ai pas dit que les autres pays n'étaient pas
bons. Notamment dans les pays asiatiques, coréens, chinois, etc. Des gens comme Moïla
la Shang par exemple, qui est un maître artiste, qui fait des pièces avec des poissons japonais
ou des nageoires qui font ça, qui sont en titane par exemple.
Et ça c'est un gros "Waouh" technique, parce que le titane c'est extrêmement léger,
mais c'est une chirie à percer.
Donc sertir là-dessus, c'est du gros "Waouh".
Et quand on scie pour faire des trous, pour faire des choses aériennes, en général
on casse sa scie.
Alors les scies des joaillers, on les appelle les scies « boc fil » parce qu'il n'y
a qu'une marque qui fait ça.
C'est comme une scie à métaux, tu vois, en petit.
Et au lieu d'avoir une grosse lame, tu as un fil avec des petits dents dessus.
Et le fil est de plus en plus petit selon ce que tu veux te couper.
Donc quand tu vois une dentelle joaillère, on a fait un petit percé, ensuite on a passé
le fil de la cyboxyle, on a fait son petit trou comme ça, puis on refait ça à chaque
fois.
Quand tu vois une dentelle comme ça, une dentelle c'est pas un dessin, bam, on appuie
et il y a les trous.
Non, c'est pas ça.
C'est couper à la main la cyboxyle.
On parle de savoir-faire parce que ces artisans-là sont vraiment des artistes.
Et à chaque fois, ils sont extrêmement minutieux, extrêmement inventifs.
Imagine bien par exemple, tu as une bague un peu ronde comme ça, boule, on a déjà vu, tu vois, et il y a des pierres dessus.
Est-ce que tu imagines la difficulté qu'il peut y avoir pour faire tenir des pierres qui ont toutes des petits points en dessous, sur un espace rond, et que rien ne tombe ?
C'est quand même quelque chose.
Et là en plus, quand on parlait de certi tout à l'heure, là tu vas pas avoir un certi grif,
tu vas avoir un certi mille grains.
Donc je t'expliquais, on fait le petit trou, on pose la pierre dessus,
et après le joyer va repousser le métal avec un instrument qui est une sorte de petite boule en bois pointue comme ça.
Là il a une petite pointe en dessous, et il va repousser le métal comme ça jusqu'à former des toutes petites boules,
Et la pierre va tenir avec 5, 4, 3 boules, c'est le top.
Sur chaque petite chose, tu vois.
Le truc c'est ça, on doit avoir le moins de métal.
Et bien sûr, pour qu'on voit moins de métal, ta petite boule, elle va tenir la
pierre à droite, mais aussi la pierre à gauche.
Et là on arrive, tu vois, et les grandes maisons, elles sont très exigeantes là-dessus,
elles veulent que ça tienne avec 3 boules pour chaque pierre.
Donc t'imagines, tu peux avoir une vague avec une quarantaine, cinquantaine de pierres,
toutes petites, petites.
Et il faut que ça tienne là-dessus, tu vois ?
Et c'est ça, la joaillerie à la française, c'est tout un ensemble de corps de métier
extrêmement spécialisés, qui travaillent ensemble pour faire un bijou qui va être
en fait une œuvre d'art.
Ces gens-là, ces artisans très spécialisés, et du coup les ateliers dans lesquels ils
travaillent, on les trouve où ? Est-ce qu'on les trouve qu'à Paris par exemple ou est-ce
qu'il y en a un petit peu partout en France ?
Quand tu es dans ta ville et que tu vois bijoutiers joyeux ou bijouteries joyeries, en général
tu as plus affaire à un distributeur, quelqu'un qui vend des bijoutiers.
Quand tu vois bijoutier, jouaillé, fabricant, tu sais qu'il est fabricant.
Ou tu as quelqu'un qui s'est installé comme jouaillé et qui est à côté de chez
toi, en général il est plutôt en arrière-court que devant parce qu'il n'a pas le temps
de fabriquer et de vendre donc il met un peu l'établi derrière et le point de vente
devant.
Jouaillé c'est celui qui fabrique.
Donc le jouaillé tout seul qui est déclaré jouaillé et qui est à côté de chez toi,
il va faire forcément des choses et des joailliers géniaux.
Mais j'en vois, mais il y en a partout dans la France.
Le truc, c'est que tu vois, ils ont tous dans la tête des idées, etc.
Mais le public préfère des choses des fois un peu plus classiques.
Donc, on se dit alors, il assume transformer la bague de mamie.
On en a fait trois bagues pour les trois belles filles
et on a voulu une bague avec un petit certiclot.
Très bien, il le fait parce qu'il faut bien qu'il vive.
Mais tous les joailliers de France ont leur truc à eux.
Donc moi, je connais à Besançon une joaillière, ce qu'elle adore faire,
c'est de mettre sur le même bijou la pierre taillée et la pierre gemme brute
avec des matières travaillées et autres.
J'en connais un autre à Bordeaux.
Lui, il aime les systèmes.
Il avait fait, tu sais, le vif d'or de Harry Potter.
Harry Potter.
Ouais, et bien, il l'avait fait.
Donc tu tournes une manivelle et puis les petites ailes, elles font ça.
et puis c'est dans une cage et ça s'enlève de la cage.
Je connais à Montpellier un joyé qui travaille sur un bracelet
qui ressemble au serflex.
Tu sais, les petits bracelets en plastique là.
Avec des petits crans et qui serrent les choses.
Donc ça serrait les câbles d'aviation au départ et maintenant ça sert
même de menottes.
Et bien lui, il a réussi à faire ça non seulement en or,
les trois or, mais aussi en titane.
Ce qui fait que ton bracelet en titane, il fait 3 grammes, il est de toutes les couleurs,
parce que le titane, tu le fais chauffer, et bien ça n'a pas une couleur différente.
Et à un degré près, tu vas avoir un bleu ou un rose, il faut être vraiment technique là-dessus.
Et ce qui est très difficile, c'est que tu vois bien qu'en plastique, il y a des petits crans pour arriver à serrer ton truc.
Bon, et bien si tu le mets sur un métal et que tu le fermes, le rouves, le fermes, le rouves,
il ne faut pas que ça fosse, donc il faut que ça se ferme toujours ton bracelet.
Mais surtout, ta tige en plastique, au début, elle est plate comme ça.
Et quand tu la serres, elle est ronde.
Oui.
Donc, il faut travailler avec la flexibilité du métal.
Donc, il a, pour ce bracelet, il a déposé je ne sais plus combien de brevets,
parce qu'il faut arriver à avoir ce métal flexible sans que ton bracelet casse.
Il faut arriver à faire tes crans sans qu'il s'use.
Et puis, bien sûr, il faut arriver à sortir le petit truc dessus.
Comme je te dis, comme ce sont des gens qui cherchent toujours,
une fois qu'il a réussi à le faire en or, il l'a fait en titane.
et on recommence la difficulté.
Et dans tous les coins de France,
je suis sûre que chez toi,
chercheur internet, un joyé t'en a au moins un.
Et vous pouvez leur demander plein de choses.
Ils ont chacun leur style et ils adoraient que les gens leur achètent leur style,
mais c'est pas toujours le goût de tout le monde, tu vois.
Mais tu peux leur demander plein plein de choses.
Non seulement de réparer la petite chaîne, mais ça c'est pas intéressant,
mais de transformer un bijou que vous n'aimez plus aujourd'hui parce qu'il n'est plus à la mode,
et de le transformer pour quelque chose de portable pour vous. Et au moins ce sera vraiment
un bijou que vous allez porter, puisque vous l'avez choisi. Et ça ne va pas vous coûter...
Quand on entend le mot joyeux, on se dit "ça va être cher". Si vous apportez déjà le métal et
les pierres, ça va forcément être moins cher. Bien sûr, il faut payer le travail. Et encore
une fois, on pense que c'est un milieu du luxe et ça l'est, mais ceux qui y travaillent, c'est pas
eux l'or qui rentre dans leur poche. L'or, il se sert pour travailler.
Tu penses que les joailliers, tu dis, ils ont tous un style. Tu penses que le ratio,
on va dire, entre artisan et artiste, il est comment pour ces gens-là ? C'est-à-dire,
Est-ce qu'ils sont plus artistes ? Est-ce qu'ils sont vraiment guidés par leur sensibilité ?
Et oui, si on leur demande un service, de fabriquer quelque chose avec des spécificités,
ils vont avoir le rôle d'artisans ?
Ou est-ce que c'est le contraire ?
Est-ce que c'est majoritairement des artisans qui vont, de temps en temps peut-être, se dire
« bon ben là j'ai une idée, je veux partir dans une direction pour un produit qui me parle ? »
Je pense que c'est un positionnement dans leur tête.
C'est-à-dire que le jouaillé souvent c'est quelqu'un de modeste et l'artiste c'est
quelqu'un qui a une vision, donc qui peut sembler pas modeste.
Et quelqu'un qui se dit "moi je suis un artiste comme moi la chambre" par exemple,
c'est quelqu'un qui déjà au départ va dire "moi ce que je fais c'est dingue
c'est de l'art, c'est de l'art, tu vois.
Et qui va avoir, j'allais dire, c'est presque un positionnement de marketing plutôt qu'un autre.
Après, tu vas dans les écoles, on leur apprend tous à peu près la même chose.
Et puis après, comme dans tous les métiers,
t'as des gens qui vont dire "moi je veux rentrer dans une maison et je veux faire ça".
On leur apprend tout, tu vois, le certi, etc.
Et puis eux, ils vont dire "bah tiens, moi je vais rentrer dans une maison, je veux faire ça,
parce que ça j'aime bien".
Et ça va pas leur déplaire de faire ça toute leur vie.
Ils vont essayer d'être le meilleur dans leur truc et vont faire ça tout le temps.
Et eux, ils vont avoir la même mentalité qu'un autre salarié qui fait bien son
boulot, mais qui aime mieux être dans une grosse structure que être tout seul.
Parce que quand tu es tout seul, tu as une structure de patron et tu as tout le reste
aussi à faire. Et donc, plus tu es dans une démarche où tu t'installes tout seul,
plus tu peux avoir le positionnement d'être maître d'art ou d'être
artiste. Et là, c'est une question, je pense, de psyché.
Tu vois, les gens vont...
Il y en a qui me disent "non, mais je
peux pas me dire artiste".
Je leur dis "mais ce que tu fais là,
je suis désolée, il n'y a que toi qui
a cette vision".
Quand je vois tes bijoux, je sais que
c'est toi, donc tu es un artiste.
Mais eux dans leur tête, ils disent
"non, mais moi, je suis bon, mais je
suis pas un artiste.
Je suis un maître d'art, d'accord,
mais je suis pas un artiste".
Tu vois, et il y en a d'autres qui
vont dire "mais non".
Je pense que tu vois, ça, c'est une
question de psyché
plutôt. Mais encore une fois, c'est
déjà des indépendants.
Et donc la portion de ceux qui sont dans les ateliers en tant que salariés et de ceux
qui sont indépendants, ça franchement je ne saurais pas te le dire.
Je ne pourrais pas te dire c'est 50-50.
Franchement, je n'en sais rien du tout parce que tu te rends bien compte que si tu vas
au registre des métiers, tous ceux qui se sont inscrits comme Joaillet, ils y sont.
Mais dans les ateliers, c'est l'atelier qui est référencé.
Ce n'est pas le gars qui travaille.
C'est complètement hyper dur d'avoir des chiffres.
Globalement, on dit qu'en France, il y a 77 000 artisans joyeux.
Mais encore une fois, ça n'est que le chiffre des gens qui ont déclaré que c'était ce métier-là.
Donc, est-ce que c'est la petite entreprise avec deux joyeux dedans ?
Est-ce que c'est la grosse boîte dans laquelle il y a plein de salariés ?
Je pense que tu vois, mais au moins, tu as quand même 77 000 personnes qui vivent de ce travail,
que ce soit le joyeux pur ou qui fait tout, qui chez lui certine dessine, etc.
Ou celui qui est spécialisé dans un truc.
Voilà.
Mais ça donne quand même une importance quand même des gens.
Et ça donne quand même aussi une idée de combien ils sont discrets.
Oui.
Ouais, parce que ça fait du monde déjà.
77 000, ça fait du monde, je trouve.
Oui.
Je voulais te demander par rapport à ce savoir-faire des joyés français, tu disais c'est la recherche
de la perfection, c'est des choses toutes petites, c'est des choses qui ne se voient pas forcément
mais qui sont quand même travaillées. À quel point est-ce que tu penses que ce savoir-faire
faire là, il peut inspirer d'autres industries ? Est-ce que cette force-là peut se transmettre
et devrait se transmettre à d'autres industries ? Je ne sais pas moi, des gens qui font de
l'électronique ou je te donne le premier exemple qui me passe par la tête, mais voilà,
quel est ton avis là-dessus ? Est-ce que ça doit se cantonner cette recherche de la précision,
de la perfection au joyer ? Alors il y a les deux visions, c'est à dire que la joaillerie établit
des ponts avec d'autres industries quand elle fait des recherches. Par exemple il y avait Edeen qui
avait fait une grosse broche qui se mettait comme ça avec des feuilles de lierre et elle voulait
qu'elle ait un fini noir mat. Elle voulait que ce soit du métal donc elle a essayé le noirci,
les mailles, etc. Finalement, elle a été voir un ingénieur automobile et ils ont réussi à
produire un noir mat. De la même façon, il y avait un joaillier Jotty Seroge qui avait fait
une grosse parure qui se démontait et se remontait et qui voulait qu'elle tourne autour. Il a été voir
dans la recherche aéronautique pour avoir les idées des trucs qui tournent et le machin.
Il y a des ponts entre les industries, que ce soit les joyés qui vont vers l'industrie.
De l'industrie vers les joyés, je n'ai pas vraiment connaissance.
En fait peut-être que quand ils ont besoin de petits, ils vont chercher là.
Par contre, l'industrie va chercher, j'allais dire les gemmes pour ça.
Tu vois, quand tu me parles d'électronique par exemple,
la plus grosse partie de l'or qu'on va acheter, elle ne sert pas à la joaillerie.
Elle sert dans tes puces de téléphone, ton ordinateur,
elle est là la plus grosse partie de l'or.
Tu vois, et après, comme je te disais,
chaque pierre a des qualités en fonction de sa constitution qui se cristallographique.
C'est dur à dire. Et donc, comme je te disais, les saphirs c'est du corundum, donc c'est au
frottement. Le diamant c'est la lumière qui passe à travers et qui est extrêmement importante.
C'est l'importance de la lumière dans les diamants, elle est vraiment fondamentale. On
travaille en recherche avec ça depuis super longtemps. Ou par ailleurs, le diamant, on le
sait, il a la dureté maximale.
Tu vois, quand il y a des accidents, il y a l'échelle de Richter
qui mesure les catastrophes.
Eh bien, pour le diamant, l'échelle, elle s'appelle l'échelle de Moss.
Et c'est un monsieur qui s'appelait Moss, M-O-S-S.
Il a inventé un système de graduation de dureté.
Zéro, c'est de la craie et dix, c'est le diamant.
Mais quand on dit dureté, il faut s'entendre sur ce qu'on veut dire dureté.
Dureté, ça ne veut pas dire que tu prends un marteau, puis tu tapes dessus.
Parce que là, ton diamant il explose, tu vois.
C'est la dureté à la rayure.
Et donc, dans les instruments chirurgicaux, on a utilisé beaucoup le diamant.
D'abord, la poudre évidemment, c'est dans tous les trucs qui grattent, que ce soit
tes limaongues ou les trucs pour creuser les tunnels, on utilise de la poudre de diamant.
Tu vois, mais évidemment c'est pas...
Je savais pas qu'une limaongue c'était en diamant, mais du coup je la regarderais
de la même manière quand j'en perds une à nouveau ?
Ben c'est de la poudre, c'est du déchet quoi en fait.
C'est du diamant quand même.
Et on creuse le tunnel du Mont-Blanc comme ça aussi, tu vois.
Et donc pour aussi quand on doit couper sur certains trucs de chirurgie,
ben il y a du diamant qui est utilisé à cause de ça parce que c'est nickel.
Et après il est utilisé pour toutes les recherches sur la lumière
parce que évidemment c'est le truc qui, quand il est bien taillé,
la lumière elle est trop géniale. T'as un indice de ce qu'on appelle de réfraction, c'est à dire
ça rentre, ça sort d'une certaine manière et c'est le plus mieux tu vois de tous les gemmes.
Donc du coup il y a comme ça des mariages qui se font à certains moments où chacun utilise ce qui
est le plus pratique. C'est vrai que j'ai pas entendu parler par contre du savoir-faire d'un
joyeux. Mais par contre, aujourd'hui où la 3D, où les ordinateurs envahissent la joaillerie,
eh bien souvent les maisons vont aller chercher des ingénieurs pour créer des systèmes. Tu vois,
j'avais été à une présentation chez Van Cleef et l'ingénieur nous expliquait que, donc,
tu avais un super beau collier très haute joaillerie et bien sûr, ils avaient dessiné
évasie une tranche de cornaline, évasie une tranche d'onyx et un système qui faisait trucs et machins.
Chaque maillon devait donc être parfait pour tailler, pour que ça aille avec la pierre, parce que la pierre,
il y a un moment donné, tu la trouves, mais tu peux pas la transformer comme tu veux, elle est
comme ça, tu vois, tu peux pas la faire pousser. Et donc, tu peux les tailler les plus exactes
possibles, mais il y a un moment donné, t'es obligé de respecter la pierre. Et donc, dans ce système de
de ce coulier qui devait se séparer en trois trucs et fermer de plusieurs manières possibles
avec ces trois couches de pierre et de métal.
Du coup, ils étaient obligés de reproduire, une fois quasiment que le bijou était fait,
de reproduire ça sur ordinateur pour trouver le bon système de fermeture pour chaque bout.
Tu vois, ce n'étaient pas des joyés qu'on a formés à la 3D, c'est plutôt des ingés
qu'on a formé à la joaillerie. Mais l'inverse existe aussi bien sûr, parce que quand la 3D,
la CAO est intervenue, bien sûr on a dit non mais c'est pas bien la joaillerie, c'est les mains etc.
Donc il faut faire encore une fois la différence entre ceux qui ont utilisé ça pour en faire
plusieurs et le fait que ces choses-là te permettaient de faire des choses encore plus
petites que même les mains les plus douées n'arriveraient pas à faire, et là on arrive à
le faire, ou d'aller voir justement les problématiques pour que ça rentre mieux dedans et que ce
soit plus joli.
Évidemment, chaque innovation va amener non pas une simplification de tout, mais une simplification
de certaines choses, mais va aussi te permettre de développer la complexité d'autres choses.
C'est comme tout, tu vois, quand on a trouvé les rayons X et autres plaisanteries, on
fait des choses qui sont pas bien qui sont la bombe atomique et puis on a fait l'IRM et l'IRM
c'est quand même utile tu vois. Aujourd'hui il y a des choses qui se font plus à la machine par
exemple, ok je pense à un type de machine qui permet de faire des choses assez exceptionnelles
maintenant, l'imprimante 3D. Est-ce que tu as des joyés qui utilisent ce genre d'appareil ?
Déjà, ça coûte cher.
Tes machines, elles coûtent cher.
Du coup, il faut les amortir.
Donc, si tu as un atelier qui fait plein d'alliances et qui doivent être pareilles parce qu'elles
sont normalement comme ça et qu'il n'y a pas de pierre dessus, il n'y a pas de raison
de ne pas mettre une machine.
Mais par contre, si tu veux que tes alliances soient comme ci, comme ça, il va falloir
continuer à les faire à la main. Voilà, ça simplifie pas totalement les choses.
Il y a la machine à laser. La machine à laser, l'avantage c'est qu'elle permet de
souder des trucs tout petits, ce qui fait que là, pour le coup, la réparation de ta petite chaîne,
elle va être presque invisible. Parce que une petite chaîne avec des petits maillons,
étant donné que tu vas fondre un truc, le maillon est petit, ça risque d'avoir un léger truc où tu
tu vas toujours le voir parce que ça va être soudé.
Plus tu vas arriver à utiliser le laser, plus tu as une chance que ça ne se voit pas
du tout.
En fait, ça peut prendre le relais de la main pour des choses tellement petites et
délicates qu'on a quand même des doigts.
À un moment donné, on ne peut pas aller au-delà.
Mais je crois qu'il y a les deux, vraiment les deux utilisations.
L'un ne remplacera pas l'autre et ne remplacera pas ce savoir-faire.
C'est sûr que quand tu mets ta bague et que tu la dessines en 3D, elle est mémorisée.
Quand tu la fais en cire et que tu as fait ta cire perdue, elle est perdue ta cire.
Tu vois, il faut refaire une cire, refaire une fonte.
Et donc, pour certains modèles, ça peut être quand même… Du coup, tu peux le montrer
aussi directement au client et donc tu peux passer certaines étapes.
Tu vois, donc tu vas pas faire à la fois une vision 3D plus un gouaché, ça n'a pas vraiment de sens.
Mais tu vas pas le faire pour le même bijou, non plus.
Ouais, je comprends. Deux cas d'utilisation, des choses plus manuelles, des choses plus à la machine,
et les deux sont complémentaires.
Oui, voilà, c'est ça.
Parce qu'il y a des choses qu'on fait, tu vois par exemple, si tu as un bracelet avec plusieurs fois le même motif,
Donc on va sculpter en cire le motif et puis après on va lui créer un vrai moule pour
le faire.
Ou alors on va utiliser un arbre à fonte.
C'est à dire qu'on a reconduit plusieurs fois le motif, on a fait le motif en cire,
et au lieu de le faire en métal précieux tout de suite, on le fait en métal pour faire
un autre moule.
de là on va faire plusieurs petites modèles de cire, il va y avoir une sorte de petit arbre comme ça,
et il va y avoir des petits... comme un feuillu tu vois, et on va mettre toutes les petites... et on
va les faire fondre en une fois. Comme ça on est sûr que c'est le même métal donc il y aura déjà
le même rendu. Et donc après le joyer il va couper chaque petit bout, et puis après il va les préparer,
puis après il va les mettre les chaînons et ça va faire ton bracelet. Et je te fais quelque chose
de très simple tu vois mais comme en fait dans une bague tu as plusieurs morceaux on va gérer
aussi l'espace dans cet arbre à fond pour mettre un morceau de bracelet, différents morceaux d'un
ou plusieurs bijoux et on va faire la fond tout en une fois puisque si tu verses à chaque fois
chaque petit bout de métal tu peux perdre aussi beaucoup donc là tu le fais en une fois. Du
moins tu as la même fusion de métal. Oui je comprends, donc ça permet de, comme tu disais sur
certains métaux, tu peux avoir à un degré près des grosses différences, ça évite ça quand c'est
pas le but. Oui puis là surtout c'est la fond, c'est déjà la fabrication de l'objet, donc tu vas
faire ton mélange, si tu veux un or jaune, un or blanc et tout, tu vas faire tout ce qui est en
or jaune en une fois et du coup tu as tout à fait le même mélange de métal. Bah tiens, tu me parles
d'or jaune et d'or blanc. Est-ce que tu peux dire quelle est la différence ? Les 25% c'est de l'or
750 millième donc tu vas mettre un peu plus d'argent et tu vas avoir plus de blanc, tu vas
mettre un peu plus de cuivre et tu vas avoir du rouge. Je crois qu'il y a une boîte, je ne me
souviens plus du nom mais je crois qu'ils avaient dit qu'ils avaient 15 couleurs d'or donc tu vas
de l'or le plus jaune, l'or vert, l'or noir, voilà. Et j'ai même rencontré un horloger en Suisse qui
faisait de l'or bleu, lui il mettait une touche d'aluminium. D'accord. Voilà, et ça fait un or bleu.
Comment un bleu, un bleu un peu fort ? Outre mer. Ok. Tu sais quand tu vois les plumes de plomb,
il y a un petit truc bleu, tu sais avant le vert, bah ça donnait ce bleu là, un peu outre mer avec
des reflets, parce qu'en même temps, il travaillait en dessous le guillochage, c'est-à-dire
la sculpture de l'or, et donc le bleu plus la sculpture, ça donnait cette impression
de bleu brillant avec des nuances, un bleu outre-mer carrément.
Je voulais que tu me parles un peu des pierres, parce que c'est une part importante de la
joaillerie.
Et en fait, les gens comme moi ne savent pas vraiment ce que c'est la différence entre
une pierre précieuse et une pierre qui n'est pas considérée comme une pierre précieuse.
Est-ce que tu peux nous en parler d'une manière un petit peu générale ?
Alors déjà, on le sait tous, il y a des appellations, j'allais dire contrôlées.
Donc la pierre précieuse, tu en as quatre.
Donc tu as le diamant, le saphir, le rubis, l'émeraude.
Ça, c'est les quatre pierres précieuses.
Il n'y a qu'elles qui ont le droit de s'appeler pierres précieuses.
l'aristocratie si tu veux du truc. Alors avec leurs caractéristiques c'est à dire que le diamant,
on connaît tous le diamant blanc, maintenant on connaît aussi un peu le diamant noir, en fait quand
il est noir il vaut moins cher. Noir, cognac, voilà marron, ça il vaut moins cher jusqu'à ce
qu'il arrive à blanc. À blanc, super blanc blanc blanc blanc blanc, super beau, et ben là il vaut
Donc là-dessus tu as d'autres couleurs, de blanc, jaune, rose, bleu, tu vois, et tu as même du vert,
et après tu as le graal qui est le diamant rouge. Là c'est le graal. J'ai des diamantaires qui
m'ont dit que j'en avais vu une fois dans leur vie. Et ce qui fait qu'un diamant est un diamant,
c'est la structure chimique et cristallographique. Le diamant c'est du carbone, c'est du carbone,
carbone. Voilà. Et c'est hyper dur de faire tenir une seule molécule toute seule, tu vois,
ça c'est chimiquement c'est hyper super compliqué. Donc c'est vraiment un miracle de la nature. Et
toutes les pierres globalement elles naissent dans la terre quand il y a les conditions de
chaleur, de pression et du minéral qui. Et donc pour le diamant proprement dit, il faut une chaleur
équivalente à un volcan, et puis il faut une pression énorme qui est l'équivalente à deux
éléphants et demi sur un centimètre carré. J'aime bien que tu me donnes un ordre de grandeur,
parce que moi je suis physicien, donc c'est des choses qui me semblent très importantes.
Et là, on peut visualiser deux éléphants et demi, j'aime bien le "et demi" d'ailleurs,
deux éléphants et demi sur un centimètre carré, on se rend compte qu'effectivement,
ça doit être beaucoup. Et surtout, du coup, c'est exceptionnel, tu vois.
Alors, comme je te disais, tu vois, les diamants, ce qui est rigolo, c'est que le diamant,
il est super, il a super de la valeur quand il est complètement blanc, mais quand il a des couleurs,
il faut que les couleurs soient vives, que la valeur soit plus forte. C'est-à-dire qu'un
diamant jaune pâle aura moins de valeur qu'un diamant fancy yellow, c'est-à-dire wow jaune
jaune. Donc voilà, jaune, bleu, rose, vert et rouge. Mais entre les deux, il y a beaucoup
de nuances. J'avais interrogé un diamantaire qui m'avait dit qu'il avait fait un pantone avec 1500
couleur de diamant. Tu vois, tellement il y a de nuance. Ils ont essayé de les classifier.
Alors des fois, tu vois, il y a un joaillet qui fait un truc et donc ils l'appellent "cognac".
Ça fait brun, ça fait chouette, tu vois. Après tu as les diamants "salt and pepper".
Donc c'est vrai, ils sont un peu gris, ils ont des petites inclusions. Et donc il suffit
qu'il y ait un joaillet, tu vois, un grand joaillet qui fait une jolie pièce avec ça,
et d'un seul coup, ce truc qui a moins de valeur va avoir plus de valeur.
En gros, voilà, c'est ça.
Et donc, ce qui est drôle, c'est que le diamant,
aujourd'hui tout le monde en parle, "le diamant, waouh, waouh, waouh",
mais en fait le diamant, pendant très longtemps, ça n'a pas été la pierre des rois.
Parce qu'en fait, comme elle était dure, elle arrivait à rayer les autres,
on arrivait à tailler les autres pierres avec le diamant,
mais le diamant ne savait pas le tailler.
Et donc le premier qui a réussi à faire une taille où il y avait 33 facettes à peu près,
c'était en 1470 et il s'appelait Louis de Berckheim.
Et il n'y a que vers 1919 qu'un monsieur qui s'appelait Marcel Tolkovski a inventé une taille
à 57 facettes qui est à peu près la taille qu'on a aujourd'hui.
Parce qu'un diamant normal, alors tu as diamant qui pousse en l'ombre toi,
mais un diamant normal c'est un Noctoèdre. C'est-à-dire en fait c'est une petite pyramide sur une petite pyramide.
En naturel tu vois.
Alors des fois elle est un peu sombre et donc elle ressemble à un pavé de Paris, gris.
Et puis quand on la frotte un peu, bah elle est plus brillante.
Mais donc tu vois au 14e siècle, 13e siècle, on savait pas vraiment les tailler, c'était pas brillant,
ça plaisait pas plus que ça. La gemme qui était la plus "waouh" c'était le rubis.
Rouge.
La couleur de la royauté, le rouge et tout, ça le faisait.
Mais le diamant, il y a quelques fois, on trouve dans la Renaissance des petites bagues
où en fait la pointe est en haut.
On arrivait à couper un bout de culasse, d'un peu de tape, on le retournait, on laissait
une petite pointe en haut pour que ça se reflète dessus.
Et en fait, une fois qu'on a su le tailler, ce qui correspond entre le 4300 et 1900,
ce qui correspond globalement encore une fois à Louis XIV,
une fois qu'on a commencé à réussir à le tailler bien, on s'est dit "Waouh, il y a de la lumière !"
Alors on a ressorti l'idée que c'était la pierre de Dieu,
et qu'il fallait que ce soit réservé au roi,
et puis il y a eu des lois somptuaires qui disaient que c'était que réservé au roi.
D'ailleurs j'avais fait des recherches sur Agnès Sorel parce que paraît-il on lui aurait offert un diamant et c'était totalement extraordinaire
parce qu'elle n'était pas de sang super méga noble.
Donc normalement elle n'aurait pas dû avoir le droit de porter ça.
Ce serait peut-être grâce à elle qu'aujourd'hui on porterait des diamants, enfin je veux dire nous les dames, enfin bref.
Et après, tu as eu, au moment où la De Beers a commencé à créer la première mine de diamants en Afrique,
ils ont fait une communication marketing mondiale pour inscrire dans la tête des gens que le diamant, c'était le bijou de l'amour.
Et c'est de là où nous on a l'impression que ça existe depuis toujours.
En fait, c'est quand même relativement récent.
- C'est quand ça ?
- Les colonies, tu vois, les colonies françaises, puisque c'est l'Afrique.
Donc voilà.
Donc en fait le diamant on en parle waouh mais en fait c'est... je ne vais pas dire que c'est surfait, c'est pas ça mais il faut
avoir conscience que c'est pas la pierre qui dans l'histoire était la plus waouh.
Après donc ces pierres précieuses tu as ce qu'on appelle les pierres fines.
Pendant longtemps on les a appelées semi précieuses puis il y a une loi qui disait que semi précieuses ça fait moitié moche tu vois.
Et donc ils ont dit bah maintenant on va les appeler des pierres fines.
Et donc les pierres fines, globalement, c'est tout ce qui est transparent, on voit dedans, à travers, et qui a de la couleur.
Ou qui est blanc, parce que tu as des saphirs blancs aussi.
Parce que je t'ai pas dit, le saphir aussi a de la couleur, le rubis a qu'une seule couleur, c'est rouge, et l'émeraude c'est vert.
Voilà.
Et donc dans ces pierres
fines, tu vas avoir la citrine qui est jaune par exemple, tu vas avoir la métisse qui est violette,
tu vas avoir
les spinels et les tourmalines. Alors je dis "les" parce qu'elles sont de toutes les couleurs, dans la méthode toutes les couleurs.
Par exemple tu as la tourmaline
melon d'eau.
Et bien c'est comme une tranche de pastèque, verte et rose tu vois.
Tu as des pierres de dingue. Et après tu as les pierres qu'on appelle dures ou ornementales, qui sont les pierres qu'on voit pas à travers.
Comme la pisse lazulie, la turquoise, la nacre, etc etc.
Et après tu as les gemmes, parce que quand tu dis le mot "j'aime", pas seulement "j'aime" mais "j'aime" à l'anglaise,
quand tu dis les mots "j'aime", en fait c'est un mot générique, tu risques pas de te planter, comme ça c'est cool.
Dans les gemmes tu as aussi les matières un peu plus organiques, comme l'ambre et bien sûr la perle.
Le corail, tu vois, voilà, et la perle. Et le secret je vais te dire,
La chose la plus précieuse pendant la nuit des temps c'était la perle
et pas le diamant. Et quand tu regardes tous les anciens tableaux etc, il y avait des perles.
Quand tu regardes la mosaïque de Théodora à Ravenne, donc on est en 600, un truc comme ça, tu vois,
et bien elle était couverte de perles.
Regarde les tableaux d'Elisabeth, couverte de perles.
François 1er, couvert de perles. Et la perle a eu de la valeur tellement longtemps que par exemple,
vers les années 1920, il y a un milliardaire qui voulait faire plaisir à sa femme et il a échangé
un immeuble entier de la 5e avenue contre un collier de perles. Et il a échangé à qui ? A
à M. Cartier et aujourd'hui c'est toujours le centre de Cartier à New York.
Un immeuble contre un collier.
Alors bien sûr, ce n'était pas des petites perles, c'était des jolies perles, des perles
naturelles qu'on n'avait pas cultivées, etc.
Et la perle, c'était vraiment le truc le plus « wow ».
D'ailleurs, tu vois, Henri III, il avait ses perles, enfin, ils avaient tous des perles.
Et ils avaient des perles et après, ils avaient des pierres de couleur parce que la couleur,
les associer à un symbole.
Tu vois, le rouge,
le rouge c'est le pouvoir, le vert.
Après, ça dépend aussi des symboliques.
Il y a beaucoup de vert dans les pays musulmans.
Bien sûr, ils aiment beaucoup le vert.
Donc, tu trouves beaucoup d'émeraudes, même table, c'est-à-dire presque plate,
gravées avec des signes qui représentent grand chose.
Quand M.
Tavernier a été chercher des diamants bleus en Inde et qu'il les a ramenés à Louis XIV,
c'est parce que les indiens là-bas, les hindous, pour eux ça portait malheur le bleu et donc ils
en voulaient pas des diamants bleus sinon ils n'auraient jamais pu en rapporter. Alors que
chez nous le bleu c'était aussi la couleur royale donc ça le faisait. Le manteau de la monarchie,
quand on est, quand on sacre un roi, le manteau il est bleu, le bleu de France avec un bord d'hermine.
ça fait partie de ce qu'on appelle les régalia, c'est-à-dire les bijoux, les joyaux, les parures
qui sont signifiantes. Tu vois, et qui ont un sens. Et donc les pierres, on leur donne comme
ça un sens. Et puis après, tu as des trucs rigolos par exemple, moi j'aime bien la dioptase.
La dioptase, c'est une pierre ornementale, c'est vert, vert gazon.
Un jour où il y a eu de la pluie avec des endroits un peu sombres, ça fait des petits
monticules comme ça, et on a l'impression que c'est poudré de quelque chose de nacré.
Et moi je trouve ce truc Wahoo de chez Wahoo.
Après c'est un peu le même vert que la malachite, sauf que la malachite, quand elle
pousse, elle pousse en faisant des petits ronds, comme ça. Et donc quand tu la polies, tu vois des
cercles un peu blancs. Et c'est ça qui est d'un... Eh bien quand elle est brute, on dirait des petits
ronds et c'est un verre pareil, un peu irisé, un peu saupoudré de sucre, tu vois. Et après quand
tu polies, ça devient tout brillant, mais avec des lignes blanches. Après c'est une question de
plaisir, tu vois. Moi, il y a une pierre que je déteste, c'est l'Aigue Marine. Je ne l'aime pas
pas du tout. Je trouve qu'elle a un bleu froid. C'est bête, c'est à peu près la couleur
de mes yeux, mais voilà. Et à côté de ça, tu as l'aventurine qui est une pierre dure,
qui est un vert tendre tout beau, tout léger, qui donne envie de voyager. Tu as les tsavorites
qui sont des grenats, mais verts foncés. Et quand tu les mets à côté des démantoïdes,
qui sont un verre hyper fluo qui est aussi un grenat.
Ça peut te donner l'impression d'avoir un buisson les uns à côté des autres.
Tu as le péridot qui est un verre un peu clair avec du jaune dedans.
On appelle aussi de l'aventurine.
Et voilà, tu peux aimer une couleur, tu peux aimer une sensation.
En fait, tu as des gens qui créent des orgues à pierre.
Tu vas les voir et puis tu mets ta main dessus et tu te dis
"J'ai envie de celle-là".
Alors des fois, c'est la vue qui t'attire.
Des fois, tu as l'impression qu'elles te font des ondes.
Il y a des gens qui disent que c'est de la lithothérapie.
Je pense qu'il faut laisser sa sensibilité aller à ça.
Mais les pierres, on en trouve tous les jours.
Un gémologue, c'est quelqu'un qui te dit "mais moi, je ne sais pas, j'apprends".
Parce que tous les jours, on va t'apprendre une autre pierre
qui fait quelque chose de particulier, qui a une couleur différente.
Et puis après, tu vois, par exemple, la citrine et la métisse,
c'est la même construction cristallographique.
et bien quand tu chauffes l'une t'as l'autre.
Tu vois tu vas chauffer la métisse, t'as va devenir une citrine et du coup des fois
dans la nature t'as des pierres qui s'appellent des amétrines où en fait quand la nature
a créé le truc ça a chauffé plus d'un côté que de l'autre et donc t'as moitié
jaune moitié violet.
Aujourd'hui c'est pas la mode tu vois et donc quand tu les connais faut les acheter
parce que tu peux avoir là des grosses pierres. Et il y a eu un designer qui a présenté,
Frédéric Manet, qui a présenté il y a quelques années une monture splendide avec des alexandrines.
Donc c'est une pierre qui est verte à peu près, avec quelquefois un peu des reflets bleus. Et
Et quand tu la mets sous une lumière électrique, elle devient rouge.
D'accord.
Et c'est une pierre qu'on a appelée Alexandrine parce que le gars qui l'a
trouvé, il les a trouvées dans l'Oural et c'était le tsar Alexandre.
Donc, il a été lui présenter la pierre et comme ça faisait vert et rouge et que
c'était les couleurs de l'Empire, on l'a appelée Alexandre.
Normal.
De toute façon, en même temps, quelle que soit la raison, c'est Alexandre,
on l'aura appelé Alexandre.
Bref, tu ne sais pas, l'Alexandrine s'est disparue.
Il n'y en a plus, ça n'existe plus.
Donc il y a une Alexandrine au Smithsonian Institute qui fait 33 carats à peu près.
Et là, le client, il arrive chez le designer, il lui sort son coffre et il lui dit "ben voilà, fais-moi une parure avec ça et vas-y plein d'Alexandrines dont une de 39 carats qui était la plus grande du monde, même jamais vue".
On sait qu'il y a des mines qui s'arrêtent aujourd'hui, il y a des mines qui s'ouvrent
de l'autre côté, on trouve des pierres et puis il y en a qui restent dans des coffres
et un jour elles sortent comme ça.
Un peu, et ce qui est extraordinaire c'est que c'est arrivé là il y a quelques années,
alors que ça fait un peu dans l'imagerie, tu sais, l'époque des Maharaja, quand ils
arrivaient chez Cartier, chez Boucheron, qu'ils ouvraient leur coffre, qu'ils déversaient
joyaux en disant "remontez-moi ça dans une monture à la française" tu vois. Et donc c'est assez
extraordinaire mais ça existe encore aujourd'hui. Et c'est ça qui est hyper passionnant. Il y a
non seulement cette recherche là qui est une recherche où on va chercher une pierre,
on va en trouver une qu'on n'imaginait pas, on va la tester, on va la nommer et puis elle est à la
mode ou elle n'est pas la mode, puis après la mine s'épuise, puis après on en recherche,
on en trouve ou on n'en trouve pas. Et c'est comme ça tout le temps. Un gémologue, c'est
toujours quelqu'un qui apprend. Alors évidemment quand tu veux créer une monture joyeuse sur la
place Vendôme, tu vas chercher à ce que chaque pierre soit la plus parfaite, que la couleur soit
homogène partout, que la lumière passe bien à travers, que la coupe soit nickel, etc. Mais
Mais ceux qui aiment les pierres pour les pierres, ils les aiment avec des inclusions.
Par exemple, des fois tu as des quartz, donc c'est transparent comme le diamant, et dedans
tu as des, on appelle ça des rutiles, des petites aiguilles comme ça, de tout, qui
sont en fait une cristallographie qui s'est faite avec un autre métal.
Donc quand tu as certains rutiles qui sont jaunes, on les appelle cheveux d'ange, donc
on leur donne des noms comme ça, et c'est génial.
La joaillerie fait, bien sûr on travaille avec les pierres précieuses habituées, la joaillerie fait énormément de travail
non seulement pour qualifier ces pierres mais aussi pour les tracer.
Parce que évidemment tu as été gentil, tu m'as pas posé la question, tout le monde a dans la tête les diamants de sang etc etc.
Aujourd'hui ne serait-ce que pour le diamant, tu as le processus de Kimberley
qui permet de te garantir que le bijou, que le diamant qui est extrait aujourd'hui, il ne vient pas d'une zone de conflit.
Et tu as le Responsil Jewelry Council qui te garantit que l'extraction, elle est faite d'une manière éco-responsable.
Et avec, bien sûr, la guerre de l'Ukraine, etc.
Il y a encore des exigences qui ont augmenté parce que les extracteurs de diamants, ils
sont soit 8 soit 11 et bien sûr en Russie et dans l'Antarctique il y en a.
Et le gars il était à la tête d'une institution, il a démissionné et aujourd'hui tous les
journalistes de la place Vendôme demandent de prouver qu'aucun des diamants ne viennent
de là.
Et des fois c'est compliqué parce que le joaillier de la place Vendôme ne va pas chercher
toujours sa pierre au pied de la mine.
On extrait la mine, on extrait un truc, on ne sait pas ce que ça va donner.
Ça passe aussi dans les mains de gens qui disent "mon brut là, comme je te dis, des
fois le diamant c'est deux pyramides superposées mais c'est gris souris donc il faut être
spécialiste pour te dire ce truc là c'est vraiment pur on va réussir à en faire quelque chose.
Quand c'est très très gros des fois on fait une petite fenêtre et puis on regarde un petit peu à
l'intérieur puis on se dit on va pouvoir en faire deux morceaux, trois morceaux, six morceaux et il
faut pas te tromper parce que sinon tu perds la valeur de toutes les pierres que tu vas tailler.
Et donc c'est extrêmement compliqué, la jouerie fait beaucoup d'efforts pour arriver à vraiment
tracer toutes les pierres et garantir toutes les pierres, mais on en trouve aussi tous les jours.
Tu vois ? Donc c'est extrêmement surveillé, compliqué, puis après, bien entendu, il y a le
travail de la taille qui permet de mettre en valeur la pierre et d'en faire quelque chose.
Tu vois ? Donc par exemple, un diamant, donc tu vois, il est comme une petite pyramide comme ça,
on va couper un peu la tête, qu'on va appeler la table. Donc tu vas avoir là ce qu'on appelle la
couronne, c'est ce qui va sortir de ta bague, et en dessous on laisse la petite pointe qu'on va
appeler la culasse. Et après on va tailler chaque petit bout de chaque côté, aussi bien sur la
couronne que sur la culasse, pour obtenir... la taille brillante c'est la plus courante,
elle a 57 facettes, pour obtenir que la lumière qui vient du haut, elle se réfléchisse bien
à l'endroit qu'il faut pour ressortir.
Et il y a des tailles en carré, il y a des tailles marquises, ça fait l'ovale comme
ça, il y a l'ovale, il y a le rond, il y a l'Achelère qui est rectangulaire,
il y a la taille émeraude qui est le rectangle avec les petits angles coupés comme le BN
que tu viens de manger sur chaque oreille.
Tu vois, il y a autant de tailles qu'on imagine.
Et ça, c'est les tailles pour que ça brille.
Et après, sur les pierres dures, tu as aussi les tailles cabochons, c'est-à-dire ça
fait un petit rond comme ça.
Tu as les tailles peintes sucre, c'est une sorte de cabochon, puis après on refait des
petits coins côtés, un peu comme une dune, tu sais, toute douce.
Et ça, on choisit ça sur une pierre précieuse ou fine, quand tu es sûr qu'avec cette taille,
on va plus concentrer la couleur à cet endroit-là.
Donc tu vas perdre de la luminosité mais tu vas avoir une couleur plus dense,
puisque l'idée c'est que ta pierre elle soit quand même vachement belle.
Donc en fait si tu m'arrêtes pas je vais pas m'arrêter, tu sais.
Non mais c'est vrai que ces questions des pierres,
quand on s'y intéresse pas on ne se rend pas compte,
mais là ce que tu nous as décrit c'est que en termes de matière première,
il y a une quantité astronomique et après tu étais en train de nous parler de la taille,
Et du coup avec une pierre donnée, tu peux avoir des dizaines de résultats différents en fonction de comment c'est taillé,
et du coup en fonction de ce qu'on recherche.
Est-ce qu'on recherche plus de brillants, plus de lumière qui se reflètent ?
Ou au contraire, est-ce qu'on recherche une couleur plus saturée peut-être, plus frappante ?
Dans ta description, où je t'ai laissé parler, on se rend compte de ça.
Donc merci pour ça.
Tu as parlé un petit peu de la place Vendôme.
Est-ce que tu peux nous dire l'importance de la place Vendôme
pour cette question de la joaillerie française ?
Alors si je repars encore un petit peu plus loin,
désolée, je vais repartir encore à Louis XIV,
mais c'est parce que à la fois dans l'histoire Louis XIV,
tu te souviens, jeune, il se fait virer de Versailles, il doit s'enfuir parce que ses
cousins veulent lui prendre le royaume. Enfin je schématise. Bref. Donc du coup, une fois qu'il est
grand, il se dit "on m'aura plus, puisque c'est ça, je vais me les esclavager". Enfin je schématise
encore une fois. Et donc en fait, il invente des règles de cours où le matin pour la promenade,
tu dois être habillé comme ça, le soir tu dois être habillé comme ça, tu dois te présenter,
Tu es invité au nom donc tu dois t'habiller comme ça.
Et donc ce qui fait que l'argent qu'il leur donne d'un côté en les nommant,
tu vois, con, machin, etc.
Et bien il leur reprend de l'autre parce qu'ils se vêtent.
Et comme ils inventent toutes des règles comme ça,
ben qu'est-ce que font les nobles ?
Ils achètent.
Sauf qu'au début, on n'a pas tout.
La soie, elle vient d'Inde, le coton pareil,
les bijoux viennent d'ailleurs, la porcelaine de Chine.
et Colbert lui dit "balance extérieur, ça serait quand même mieux si on consommait
qu'à la chez nous". Je te schématise encore mais bon le Made in France, tu vois, ça vient pas d'hier.
Et donc on dit "si les gens consomment chez nous, ça va nous rapporter chez nous". Bien sûr, la
matière première, des fois, ça va être compliqué comme les joyaux, mais le reste on peut peut-être
le faire à la maison. Et donc du coup, il va aller chercher des gens un peu partout. Il va aller
chercher à Murano les gens qui font les miroirs de Versailles. Il faut quand même te rendre compte
que pour un miroir à l'époque, on faisait des miroirs d'un mètre sur un mètre, c'était
waouh ! exceptionnel. Donc globalement l'intégralité de sa galerie des glaces, ça valait déjà deux
fois une mise en château. Tellement c'était extrêmement compliqué. Et c'est la même chose
pour tout. Alors il invente des bijoux de pouvoir, bien sûr, donc couronne, sceptre, etc. Et après,
il invente sa mode. C'est-à-dire que bien sûr les gens portaient des bijoux, mais jusqu'à cette
époque le bijou il est cousu sur le vêtement. Quand tu vois une vision, le tableau qu'on a
tous dans la tête avec Louis XIV, sa perruque, le grand manteau, ses bas de soie, ses petits
souliers et puis sa canne comme ça, son cèpre, on voit pas tellement de bijoux. Mais la dentelle
qui porte les dentelles, tu pourrais vendre un immeuble pour acheter deux mètres de dentelles.
Et surtout, ce qu'on ne voit pas, c'est que les pierres sont cousues entièrement sur son
vêtement. C'est déjà le cas chez François Ier, c'est déjà le cas de cette époque-là jusque-là.
Sauf que là, on invente des choses. Donc, tu as le justocorps qui est ouvert, ensuite la pièce qui
est là, ensuite tu as la dentelle et donc tu as des boutons. Les boutons sont extrêmement... ce
Ce n'est pas des boutons en tissu, tu sais, c'est des boutons en bijoux.
Et chez Louis XIV, bien sûr, ils sont en diamant.
Les hommes, ils portent des chapeaux pour tenir la plume.
On a un bijou pour tenir la plume.
Tu vois, ce n'est pas une nourrice.
C'est un bijou.
Il a bien sûr des bagues qui sont énormes parce qu'elles doivent être sur les gants,
puisqu'on porte des gants.
Et bien sûr, il y a la boucle de soulier.
Je sais que ça peut sembler bizarre parce qu'aujourd'hui les messieurs vous portez
globalement une monte, peut-être une chevalière, peut-être un petit pendentif, à la limite
une petite boucle d'oreille, mais ça s'arrête là.
À l'époque, c'est l'homme qui a plus de bijoux.
Parce que d'abord c'est l'homme qui a le pouvoir et puis aussi parce que c'est
l'ordre naturel.
Dans la nature c'est monsieur le pan qui a sa queue décorée, tu vois.
Madame le pan elle n'est pas décorée.
Les perderies c'est pareil.
parce que monsieur normalement doit se faire beau pour attirer madame ou pour montrer son pouvoir.
Et bien jusqu'à cette époque-là, c'est quand même l'homme qui est rutilant et autre.
Et donc les bijoux du monsieur, ça va être la pièce qu'on met là dans la dentelle,
la broche sur le chapeau, les rangées de boutons.
Donc tu vois, il y a le premier truc qui peut y avoir jusqu'à 18 boutons,
celui d'en dessous il y en a à peine 15 avec des boutons tout en joaillerie.
tu as toutes ces pierres qui sont cousues sur les vêtements, tu as les attaches de la dentelle et
tu as les boucles de souliers et ces boucles de souliers quelquefois sont assorties avec la boucle
de la jartière. La jartière c'est pas le truc de la nana poupou pido, non la jartière c'est la
fermeture de la culotte au niveau du genou. Tu vois, puisqu'on porte une culotte jusqu'au genou
en soi, c'est pas un slip, c'est donc le petit pantalon, voilà, et en dessous on porte des
bas de soi. Louis XIV était déjà grand pour l'époque, mais il décide, puisque c'est lui
qui décide ça, il décide en 1660 que tout le monde aura des talons. Un jour, il voit revenir
son frère soi-disant qui avait fait la bringue et qui était passé par les abattoirs avec une
semelle rouge. Il décide en plus que les talons seront rouges, mais de toute façon, on doit porter
une boucle de souliers. Donc si tu as oublié tes boucles de souliers, tu ne rentres pas à la cour,
même si tu as été invité. Donc tu te fais prêter une boucle vite vite par les amis parce
tu ne peux pas apparaître, son boucle de soulier, ça ne se fait pas. Alors, il y en a aussi pour les
dames, mais comme tu sais, à l'époque, les dames ont des très grandes robes, ça ne se voit pas
toujours. Mais les messieurs, ça se voit. Et je crois qu'il s'était fait faire une boucle de
soulier, donc or et diamant, tellement certif de diamant qu'il s'aurait valu aujourd'hui 400 000
euros à peu près. Donc, on met dessus des pierres. - Du charmet lacé en gros, c'est ce que tu veux
veut dire ? En même temps, ils ne sont pas en soi.
Tu vois, voilà, c'est ça le truc.
Et donc, en plus, il y a une mode sur les boucles.
Tu vois, c'est avant qu'il instaure le fait que la boucle doit être en métal.
Avant, tu avais des nœuds et ils étaient faits comme ci, comme ça.
Des fois, ils faisaient jusqu'à 40 centimètres.
Pour embêter les aristocrates et les tenir à la gorge,
ils leur disaient non, mais la mode, c'est ça.
Et si tu n'étais pas comme ça, tu ne rentrais pas.
Et comme en fait t'avais dépensé tous tes sous pour t'habiller,
si t'allais pas en plus lui demander d'avoir un petit,
ben tu pourrais pas aller le voir.
Et donc ça allait faire sa course, c'était ça.
Tu vois, à la limite c'était même plus un choix.
Donc t'étais obligé d'être fringué comme ça à tel moment de la journée
et à tel autre, et puis c'était tout.
Et donc une fois qu'il a utilisé les nœuds
et qu'on lui a présenté des boucles de souliers,
ben il s'est mis aux boucles de souliers, etc.
Et donc à chaque fois qu'il avait envie d'un truc,
t'avais un corps de métier qui naissait et qui fabriquait ce truc.
Le jour où M. Stroesser a inventé le faux diamant qu'on appelle aujourd'hui le strass,
parce qu'en France on francise tous les noms, ou on ne savait pas le prononcer, il va savoir,
eh bien du coup il a fait des boucles qu'il a montrées à Louis XIV,
il a dit "ah c'est joli" et il a inventé le métier de bijoutier faustier.
Donc il lui donnait le droit de le faire.
Et tout le monde s'est mis à acheter du strass sur acier.
Parce qu'à l'époque, l'acier c'était "Waouh !" Vachement moderne.
C'était le même prix que l'argent, tu vois.
C'était le goût du luxe.
Donc tu vois, on n'a pas vraiment changé grand chose.
Quand c'est à la mode, nous on va s'acheter peut-être le dernier iPhone, je ne sais pas trop quoi.
Bah eux c'était le "Waouh ! C'est de l'acier, c'est trop bien !"
Donc Alexandre, je n'ai pas oublié que tu m'as parlé de la place Vendôme.
Et pourquoi je te parle de Louis XIV ?
j'ai fait un petit détour pour que tu comprennes bien que tous les bijoux n'étaient pas apparents
et que les bijoux étaient bien sur les vêtements. Mais ça nous fait une transition super géniale
avec Mélério qui est donc la plus ancienne maison de joaillerie de France, détenue encore
de façon exceptionnelle par la famille et qui s'appelle Mélério. La petite histoire voudrait
que Louis XIV était enfant et que le jeune Mélério, parce qu'à l'époque il faisait du
commerce d'un peu de tout, était je ne sais pas en train de récurer une cheminée ou je ne sais pas,
et il entend qu'on monte un complot contre le roi. Donc il va trouver son tonton, qu'il va l'expliquer
à un autre etc. Et donc tout ça remonte à Madame de Médicis et on va dire là là on va attenter à
à l'héritier. Et donc à partir de ce moment là, elle leur a donné le droit de vendre ce qu'ils
voulaient dans les jardins du Louvre. Les Mellério, c'est donc la plus ancienne maison. Par contre,
elle n'arrivera rue de la Paix que je crois en 1815, ce qui est quand même il y a longtemps.
Au début ils vendaient un peu tout et puis après ils se sont mis à vendre de la joaillerie parce
parce qu'ils avaient une culture joaillère, les millériaux venaient à peu près de la
frontière italienne, donc on dit quelquefois que c'était aussi au cours des rois, c'était
devenu des agents secrets parce qu'ils avaient le droit de passer la frontière, en dépit
des guerres, etc.
En tout cas, ce sont les premiers qui sont instaurés en tant que joaillers et qui prennent
leur maison rue de la paix en 1815. La rue de la paix, c'est une rue et en fait la
place Vendôme, la rue de la paix, il y a un bout de rue qui s'appelle place Vendôme
et qui est une rue, avant d'arriver sur la place Vendôme géographiquement. La place
Vendôme au début ce sont des immeubles particuliers et donc là on saute plein de siècles parce
on arrive globalement à l'époque de Bonaparte et après Louis-Philippe.
Donc au début ce sont des immeubles particuliers et les gens s'installent là pour aller
à l'opéra.
Parce que l'opéra c'est le lieu où on va écouter des pièces de théâtre et où
on se montre.
Peu importe ce qu'on regarde, l'important c'est de se montrer.
Il n'y a pas Facebook, il n'y a pas la télé, il faut bien qu'ils fassent quelque
chose, donc ils vont à l'opéra.
Et donc le premier à s'installer véritablement Place Vendôme en tant que joaillier tout seul,
c'est M. Nitto qui arrive en 1812, donc tu vois juste avant Mélario dans le coin.
Et Nitto c'est très important parce que c'est l'ancêtre de Chômet.
Je dis l'ancêtre parce que évidemment à l'époque on ne laisse pas son atelier à sa fille et il a
des filles. Et donc la fille épouse le chef d'atelier une fois, deux fois, donc Nitto.
ensuite elle est Faussin et ensuite arrive à la famille Chaumet et ça restera le nom Chaumet.
Donc Chaumet sera d'abord au 15 jusqu'à ce qu'il arrive au 12 où il est encore plageur.
Ensuite le deuxième à arriver c'est monsieur Boucheron, Frédéric, qui arrive en 1893 et lui
il arrive donc c'est l'angle entre la place véritablement et le bout de rue qui s'appelle
aussi Place Vendôme. Il est donc au 26 et il est très copain avec Monsieur Ritz qui ouvre à peu
près à la même époque. Donc encore aujourd'hui, tu as le 26, la salle de bain du 26, c'est-à-dire
tu as le magasin en bas, l'entre-sol et puis tu as un appartement privé au-dessus avec une
bibliothèque, une salle de séjour, une chambre et une baignoire. Et la baignoire donne sur la Place
d'endômes. Donc pour les clients très exceptionnels, on peut leur donner l'usage de cet appartement et
le service est encore assuré par les gens du Ritz. Mais là, il faut être dans les vrais petits
papiers de la maison. Et ils sont quand même là depuis 1893. Et à l'époque, il y a la Castiglione
qui est dans les locaux. La Castiglione, c'est une grande cocotte de l'époque.
Tu vois, et elle loge là, c'est son immeuble. Et elle n'a plus de sous parce que, évidemment,
quand tu vieillis, tu as moins de clients. Voilà. Et donc, un petit peu à la fois,
elle garde son appartement et puis des fois, elle ne paie même plus son loyer à la fin.
Et elle est marrante parce que, comme elle a été très, très belle,
et bien elle ne supporte plus de vieillir. Mais tous les ans, elle se fait faire un portrait.
Et donc M. Boucheron n'héritera de tout que quand enfin elle se décidera à partir,
et ce sera très très tard, et aujourd'hui l'espace où il y a les montres, c'était
l'appartement de la Castiglione.
Donc c'est resté là.
Et là tu vois on arrive déjà, donc Nito s'installe, c'est le joaillier de Napoléon.
Donc la petite histoire voudrait qu'un jour Napoléon était à cheval et son cheval s'est
s'est emballé. Nito passait par là et il a saisi le cheval au mort et il l'a arrêté.
Napoléon voulait le remercier et donc il lui a dit "qu'est-ce que vous faites ?"
Il lui a dit "je suis un orfèvre". Il a dit "très bien" et il a commencé à
lui commander des trucs d'orfèvre. Par exemple, on peut voir au musée de Fontainebleau,
je crois, tu as la petite valisette qu'il lui avait créée pour ses soins à lui.
Donc t'as le petit bol où il se rase, ses petits rasoirs, etc.
Il lui a créé des trucs qui se plient et tout, puisqu'il est en compagne tout le temps.
Et puis, bien sûr, après, il y a eu Joséphine.
Et donc le nid tôt numéro deux, avant de devenir le faussain,
se sont dit "dame qui aime les bijoux, on va peut-être lui proposer des trucs".
Et Joséphine, elle achetait tout.
Et donc c'est devenu le jouaillier de l'empereur.
C'est lui qui a fait les couronnes de couronnement.
Et il a même fait un modèle d'une mitre pour le pape,
puisque le pape ne voulait pas reconnaître Napoléon.
Et donc Napoléon lui a dit "je vous donnerai une mitraille".
Donc c'est Nito, l'ancêtre de la maison Chaumet d'aujourd'hui,
qui lui a créé ça.
Donc tu vois, on passe de Louis XIII, Louis XIV,
là je te parle de l'empereur.
Et après, c'est plutôt vers le côté Louis-Philippe
qu'on va voir arriver, toutes ces grandes maisons.
Et les différences de ces maisons de la place Vendôme,
c'est qu'au lieu que ce soit l'aristocrate qui dit "je veux un bijou comme celui du
roi parce que c'est la mode", c'est elle qui propose des modèles.
Et c'est en ça que c'est quelque chose de différent.
Donc la maison suivante, c'est Van Cleef et Harpel qui arrivent vers 1906.
Et puis après, il y aura Cartier qui s'installera au numéro 13.
Et donc cet endroit qui était un endroit de villégiature.
tu vois, c'est des immeubles particuliers faits par les aristocrates,
et bien un petit peu à la fois va devenir là où on trouve la joaillerie.
Et du coup, les gens vont dire "on va aller là, c'est là qu'on trouve la joaillerie".
Et bien sûr, elles se font concurrence,
mais en fait, c'est en même temps la place où on est sûr de trouver des joailliers.
Et donc aujourd'hui, quand tu fais la place,
et bien tu as bien sûr aussi Chanel qui est arrivé, Chanel joaillerie.
Tu as Tazaki, tu as...
Je crois que Baumeur est le dernier à être arrivé là en tant que joyé indépendant.
Parce qu'effectivement, maintenant, toutes ces maisons, elles sont en groupe.
Et donc, tu as LVMH qui a pris le coin,
qui vient de se mettre dans le coin, à la place de Bouchellati.
Et donc, en fait, aujourd'hui encore, la place des joyés, c'est là.
À tel point que quand un joyé, globalement, est à Paris,
des fois, il écrit "place Vendôme".
et il dit "mon atelier il est Place Vendôme".
En fait si tous les joailliers qui disent qu'ils sont Place Vendôme étaient Place
Vendôme, il faudrait faire des étages dans les airs pour pouvoir y arriver.
Mais c'est devenu le centre à tel point que tu vois quand je te parlais des Marajas
quand c'était les époques 1920 etc.
Quand ils voulaient arriver quelque part et avoir de la joaillerie, et bien ils arrivaient
et puis ils en choisissaient un et ils allaient le voir là.
L'importance de cette place, c'est que pour la première fois, les joyés qui s'y sont
installés, s'y sont installés avec l'idée de montrer et de réaliser, parce qu'à l'époque
les réalisations se faisaient au-dessus, de réaliser les bijoux sur place et de dégager
un coin où ils étaient tous là.
Et eux, ils s'affirmaient avec leur style propre.
C'est pour ça que tout à l'heure j'ai pu te dire, l'iconique de l'un c'est ça, l'iconique
de l'autre c'est ça.
on va les voir pour leur style propre, leur technique propre.
Ils ont chacun leur petite fleur à eux propre.
Chez Melario c'est les boutons de lisse, bien sûr chez Chanel c'est le camélia.
La petite danseuse de Van Cleef, elle est connue dans le monde entier, c'est la petite
danseuse de Van Cleef.
D'autres maisons on peut faire la danseuse, mais celle-là c'est celle-là.
Et après, au cours du temps, l'histoire a fait qu'ils avaient dans les commandes
spéciales qui leur étaient faites, des pièces qui leur étaient plus attribuées.
Sur la maison Van Cleef, il y a le fameux, je te parlais du zip, parce que dans les années
60, c'était encore une innovation, la fermeture éclair.
Et donc, la petite histoire voudrait que ce soit la duchesse de Windsor qui ait dit « tiens,
ça a l'air cool, je voudrais quelque chose ». Ils ont mis, je crois, il y aurait 40
ans à le faire, mais ils ont fait un collier qui se ferme complètement, mais quand je dis
complètement, c'est-à-dire que tu as un morceau derrière le cou, un or morceau devant,
tu peux les décliper et la fermeture se ferme deux fois.
Tu as deux bracelets identiques avec ton pont qui se ferment.
Donc encore une fois, tu peux te servir de ton bijou de deux manières différentes.
Voilà, et qui est évidemment techniquement compliqué.
le côté tu as les coutures, tu as bien sûr ces certis de pierre etc. C'est un truc absolument
magnifique et le pompon est magnifique. Et les gens n'étaient pas force, tu vois les faussins,
les nittos faussins étaient des Orfèvres et donc ils sont passés vraiment aux bijoux parce que tu
vois ils sont passés de l'Orfèvrerie de Napoléon aux bijoux pour Joséphine et après comme ils ont
fait les tiars et qu'elle a imposé la mode de la tiare, ben c'est resté. Ils ont beaucoup influencé
parce que Napoléon faisait beaucoup de guerres, etc. Il ramenait des choses, donc il ramenait
par exemple des mosaïques, des pièces anciennes gravées. Donc on a fait des colliers pour
Joséphine à ce moment-là. C'est aussi le spécialiste du bijou "acrostiche". C'est
chouette comme mot, j'adore ce mot-là. "Acrostiche", ça veut dire que c'est un bijou en message secret
avec les gemmes. Tu prends la première lettre de chaque gemme et t'écris le secret. Donc pour
pour amour, tu pourrais mettre Améthyst, tu vois, continuer comme ça.
Et il n'y a que celle qui a le bracelet,
alors il faut savoir le nom déjà, bien sûr,
mais tu n'as que celle qui a le bracelet.
Et donc, je ne sais pas pourquoi Napoléon aimait ça.
Il a offert à Joséphine un bracelet qui montrait les prénoms de ses enfants
et il a refait la même chose pour Marie-Louise.
Mais ce qui est marrant, c'est que Napoléon étant Napoléon,
les pierres veulent dire la date de son sacre à lui.
Tu vois, et quelques années,
enfin, je crois qu'en 1992,
quelque chose comme ça, ils ont
refait des bijoux à crostiches.
Mais en fait, le mot est compliqué.
Je pense que le public n'a pas
assez entendu.
Mais moi, c'est quelque chose qui
continue à me passionner.
Tu vois, un bijou en code secret,
c'est quand même cool, quoi.
Maintenant aussi, il faut savoir
le nom des pierres pour décoder
le message.
Certes, mais ça rend le code
encore plus secret, ça rend le
message encore plus secret.
Et moi, j'aime, j'aime beaucoup
cette idée.
Je pense que Sabine, si tu es en
train d'écouter, c'est quelque
chose, si tu ne connaissais pas
déjà, ça te perd.
Petite parenthèse.
En termes de codes secrets et
plus de politique,
là, je vais aller chez Cartier,
donc le dernier arrivé dans
la rue de la Paix.
Comme tu sais, c'était trois
frères. Il y avait Louis Cartier,
etc.
Il était tombé amoureux de Jeanne et la famille a dit non, on ne sort pas avec une cocotte,
ça n'a pas la tête. Jeanne est contemporaine de Coco Chanel, Jeanne Toussaint.
Elle ne fait pas des chapeaux comme Coco Chanel, donc il lui dit "Rentre à l'atelier,
t'as du goût, dessine des trucs par essai. Donc elle ne savait pas dessiner bien sûr,
elle ne savait pas faire de la joaillerie etc. Mais elle avait des idées. Par exemple,
elle est la première à dire aux joaillers "mais allez, on vous demande des animaux,
allez au jardin des plantes regarder les animaux, dessinez-les en vrai". C'est elle qui a voulu le
motif de la panthère parce que aussi on l'appelait la panthère, tu vois, en référence au fait que
c'était l'amoureuse, mais aussi par son caractère. Après c'était une petite dame,
mais qu'elle avait vraiment beaucoup beaucoup de caractère. Et donc elle a fait, pour la
Duchess de Windsor, qu'on appelle aussi la panthère, une merveilleuse panthère,
donc celle qui est assise comme ça, sur un énorme saphir rond, gros comme une grosse prune,
tu vois, donc déjà exceptionnel, et la queue retombe dessus. Et elle est toute en platine,
et le corps est fait avec des diamants, avec des touches d'onyx pour faire le noir de la panthère
et des yeux sapides. Donc c'est absolument magnifique. Donc arrive la guerre, évidemment
beaucoup de familles se mettent un peu à l'abri et on laisse la Jeanne un peu toute seule, on est
aux alentours de la seconde guerre mondiale, et on lui dit de garder la boutique. Alors ça a l'avantage
pour Jeanne 1, qu'elle est nommée directrice. Elle est rentrée comme ça, après elle est
devenue directrice artistique, on dirait aujourd'hui, et là on la nomme directrice.
Bref, globalement elle est toute seule. Et donc elle se dit "je ne vais pas fermer la boutique
puisqu'on m'a dit de la garder ouverte". Mais bon, les clients, tu vois qui c'est forcément.
Et donc qu'est-ce qu'elle fait ? Elle demande à son dessinateur de lui dessiner un oiseau.
Donc il lui dessine une petite cage avec un petit oiseau qui a l'air tout triste et qui
regarde sur le bas avec la petite grille fermée. Et elle le met en vitrine rue de la paix. Bien
sûr trois jours plus tard elle se fait arrêter, normal. Parce que les allemands ils sont pas
idiots, ils ont bien compris ce que voulait dire cet oiseau en cage. Alors elle va dire que
que non, non, c'était pour Yvette la chanteuse et tout, mais globalement il l'enferme.
Donc Coco Chanel, qui avait quand même des relations avec les Allemands, s'interpose
et la fait libérer de prison.
Et elle rentre dans sa boutique et le jour de la libération, elle met en vitrine une
petite cage ouverte avec un petit oiseau qui ouvre ses ailes.
Et donc ces deux bijoux extrêmement célèbres, dont il n'y a pas d'exemplaires, font partie
aussi de ce que peut faire la joaillerie, en message caché.
C'est une belle histoire.
Et c'est pour ça que quand on parle de la place Vendôme, tu as les motifs comme les
ronds de chez Chaumet, les tiars de chez Chaumet, tu as les innovations avec les fermetures,
symboles avec cet oiseau. La place Vendôme, c'est une place où la joaillerie veut dire quelque chose.
Plus que tu penses, par rapport peut-être à son histoire notamment, mais plus que d'autres
endroits où on trouverait des joaillies. Oui parce qu'elle est empreinte de toute
cette histoire, tu vois, et donc aujourd'hui, quand je te parle aujourd'hui de Boucheron,
de Van Cleef, etc. Ce sont des groupes aujourd'hui qui sont supranationaux. Franchement, ils ont des
boutiques à New York, à Dubai, enfin partout, tu vois. Mais eux-mêmes continuent à cultiver cette
image de la place Vendôme où c'est peut-être pas là qu'ils vendent le plus, du moins pour le
commun des mortels, tu vois, mais qui continuent à avoir cette image. Et jusqu'à présent, et c'est
Ce qui est génial, c'est que les ateliers de très Hojo aériques continuent à être en haut sur la place Vendôme.
Pas ceux où tu crées tous tes petits trucs parce qu'il faudrait plus de place et Paris coûte vraiment très cher,
mais les très belles pièces qui sont présentées pour les collections de Hojo continuent à être fabriquées là,
tu vois, en grande majorité. Et donc la place Vendôme, ça veut vraiment dire quelque chose.
Et ce que je trouve sympa, tu vois, c'est qu'aujourd'hui, Boucheron, etc., qui font énormément de chiffres en vendant des lunettes de soleil,
pourrait très bien dire "bon ben je me positionne comme groupe international parce que de toute façon je fais vachement plus de chiffres à Dubaï", tu vois.
Et il continue à mettre de l'argent dans des pubs, dans des podcasts, etc. pour célébrer la joaillerie à la française et la place Vendôme,
qui aux yeux du monde entier continue à être là.
Quand tu vas au mois de mai, juin, sur la Place Vendôme,
mais tu as des bus entiers de petites mariées chinoises
qui viennent se faire photographier en robe de mariée
devant Boucheron, Chanel, Van Cleef,
parce que c'est la Place Vendôme.
Ah oui.
Tu vois ?
Et aujourd'hui, la plupart des gens que tu retrouves,
qui visitent ou qui veulent acheter Place Vendôme,
enfin qui veulent acheter des bijoux,
Je ne veux pas dire des appartements, mais il y a beaucoup de Chinois, peut-être.
Il y a beaucoup de...
Où est-ce que c'est des gens ?
Tout à l'heure, tu me disais, tu as des gens qui viennent d'Amérique du Sud, notamment.
Tu m'as cité quelques endroits.
Tu as remarqué une tendance avec une majorité de personnes, peut-être qu'au contraire,
il y a beaucoup de Parisiens, je ne sais pas.
Qu'est-ce qu'il en est ?
Tout dépend de ce que tu achètes.
Tu vois, les pièces emblématiques, tu vois, le bracelet Love, etc.
C'est acheté par tout le monde.
Au niveau des Chinois, c'est leur système.
Dès qu'ils ont tant de sous, ils prennent un bus en charter et vont s'acheter le portefeuille
LVMH, le sac Chanel, le truc machin.
Tout ce qui est iconique, ils vont s'acheter ça, mais par bus entier.
Ça n'empêche que cet Alhambra, ce bracelet Love et cette 4, c'est des bagues de chez
Boucheron qui s'empilent et chacune a son motif différent et elle s'imbrique.
Elle représente les pavés de Paris et autres.
Ce n'est pas un truc bourré de diamants.
Du coup, ces objets-là continuent à signifier quelque chose parce que dans l'histoire,
Il signifie quelque chose et ils sont achetés indifféremment par
quelqu'un qui pourrait très bien les acheter en Provence, mais qui a envie de
les acheter Place Vendôme, quelqu'un qui vient de France, qui les achète
Place Vendôme, quelqu'un qui vient d'Italie, qui les achète Place Vendôme.
On peut les acheter partout, mais quand tu les achètes Place Vendôme, c'est
autre chose.
Tu vois.
Voilà. Et les maisons font beaucoup de travail aussi pour
faire comprendre ça, c'est-à-dire que beaucoup de maisons se sont refaites
les deux dernières années en prévision des JO, etc., avec des savoir-faire et tout pour mettre
en valeur non seulement les produits qu'ils vendent là aujourd'hui, mais aussi certaines pièces iconiques
qu'on présente comme un musée. Chez Chanel ou comme chez Van Cleef, périodiquement, ils font
un petit musée à l'intérieur du magasin Place Vendôme où tu vas aller voir les bijoux des années
années 60, les bijoux des années 30, et qui contribuent à développer la connaissance
de l'histoire de la joaillerie à la française.
Et bien sûr, il y a le travail magnifique de l'école Van Cleef & Harper, qui était
dans le sponsorisme de Van Cleef & Harper, où aujourd'hui, tu as la place qui est là,
Van Cleef qui est là, et la rue derrière s'appelle la rue Daniel Casanova, et l'immeuble
il est au mieux.
Et donc dans le derrière, là, il crée non seulement un espace d'exposition où toutes
les expositions sont gratuites, non, quelque chose de gratuit, Place Vendôme, c'est
quand même pas, hein, bon, et ils font tout un cycle de conférences qu'on peut suivre
en ligne ou qu'on peut suivre physiquement, ou des cours, et donc tu peux faire un cours
où tu apprends à faire du gouaché, à découper un papillon, tu apprends des cours sur qu'est-ce
c'est que le rubis, la perle, etc. ou le symbolisme de tel ou tel bijou, etc.
Ils ont développé tout un ensemble de connaissances où les gens peuvent venir apprendre la joaillerie.
Alors c'est vrai qu'au début, ils ne s'adressaient pas vraiment à Monsieur Tout-le-Monde,
c'est-à-dire que les gens qui naturellement avaient envie de prendre trois heures au
milieu de la journée pour aller suivre une formation, c'était des gens qui déjà achetaient,
Donc déjà qu'il y avait le temps de se balader Place Vendôme au milieu de la journée.
Ce qui ne veut pas dire que c'était de l'ionaire.
Mais voilà.
Et aujourd'hui les gens commencent à le connaître.
Ils ont créé aussi une école à Dubaï, à New York.
Et en région, on commence à connaître cette école qui n'est pas une école où on forme des joyés.
C'est une école où on t'explique la joaillerie.
C'est une école de monsieur tout le monde.
Et donc, ils proposent le fait que tu puisses offrir comme ça un cours à quelqu'un, et
puis tu es reçu avec tous les trucs du luxe.
Si tu fais de la peinture, on te donne ton petit tablier.
Ils ont une bibliothèque aussi, tu téléphones quand tu as suivi un cours, tu téléphones
et tu réserves un espace, un moment, et tu dis à la documentaire « est-ce que tu veux
consulter tel genre de trucs ? » et elle te les trouve.
Ils ont développé toute une matière de connaissances que je trouve vachement bien parce qu'ils
parlent des autres, ils ne parlent pas que d'eux.
Ils parlent de toute la joaillerie et quand ils font un cours sur Taimé, le bijou des
années 40, ils parlent autant de Boucheron que d'eux, ou de Chanel que d'eux.
Et ça c'est très intéressant.
Je trouve que non seulement la place Vendôme reste physiquement le lieu des joaillers,
mais aussi les maisons font quand même beaucoup de travail pour que dans l'esprit du monde entier,
ça reste l'endroit des joaillers. Et c'est ce qui permet aux joaillers de continuer à se développer.
Parce que bien sûr, il y a ceux qui travaillent là. Mais quand je te disais d'aller voir ton
joailler du coin, c'est que quand les gens arrêtent de demander un savoir-faire,
Eh bien il n'est plus enseigné et c'est ça qui est embêtant.
Donc je ne sais pas si tu connais les bijoux de cheveux.
Alors tu m'en as parlé au téléphone, mais avant que tu m'en parles, je ne connaissais pas.
Eh bien c'est ça le truc, tu vois, je ne parle pas de serre-tête,
je ne parle pas de pince dans les cheveux, je parle de bijoux qui sont faits en cheveux.
Et donc il y a eu une époque qui date en Angleterre de la reine Victoria,
qui sont des bijoux de souvenirs, où on tressait les cheveux pour en faire des motifs dans
des bijoux, où on cousait le cheveu, on le brodait pour signifier quelque chose, comme
par exemple le chien, ça voulait dire la fidélité, la pensée ça veut dire je pense
à toi, l'œil ça voulait dire tu es sous mon œil, je continue à penser à toi.
Donc il utilisait tous ces symboles romantiques pour en faire des bijoux, donc c'était
intrinsèquement que du cheveu tressé, soit c'était brodé sur un tissu enfermé dans du poire,
monté sur or avec des perles, etc. Après il y avait aussi la chaîne qui était faite en cheveux.
Donc soit elle était tressée et ça faisait le bracelet, mais tu avais même des chaînes de
montre et des sautoirs où là c'était de la vraie passementerie, c'est-à-dire ça faisait des
espèces de boucles comme ça, où c'est tressé autour, c'est vide dedans et ça te fait tout un
sautoir. Sauf qu'aujourd'hui les gens n'aiment plus ça, donc ça a pu été demandé, donc c'est
pu enseigné. Donc ça veut dire que si on trouve un bijou ancien qui n'est pas parfait, soit on l'aime,
on l'achète, mais on ne pourra pas le faire réparer. Et donc tout ce travail qui est fait de
la place Vendôme pour faire connaître ce qu'elle fait, parce que quand même il faut qu'il vende,
mais aussi à travers, derrière le savoir-faire, c'est ce qui permet que les gens continuent à
à demander ce savoir-faire. En ce moment, il y a énormément d'émails qu'on voit revenir
sur les bijoux. La dernière grande période de l'émail, c'est les années 20, avec la
LIC et cette fameuse émail cliquée à jour, c'est-à-dire que tu as le métal, on rajoute
un bout d'émail, on fait chauffer, rajouter l'émail, on fait chauffer jusqu'à avoir
ces jolis motifs et que ce soit complètement transparent si on ne le surface assez grand.
C'est un travail de patience et de dextérité.
Aujourd'hui, ceux qui travaillent les mailles qui sont super méga bons, ils arrivent à
faire des émeaux encore plus transparents que ceux de la lique et tout petits, beaucoup
plus petits.
Donc tu arrives à un savoir-faire waouh waouh.
Et je ne te parle que d'un seul type d'émail parce qu'on a plein d'autres, etc.
Donc c'est ça, il faut continuer à avoir la curiosité et à demander des choses aux
joyer donc à apprendre aux gens la joyerie pour qu'ils puissent la demander parce que si tu ne sais
pas que ça existe comment tu veux la demander ? Pour que justement dans les écoles on continue
à l'enseigner parce que si on ne consomme pas, on ne vend pas. Donc les gens ne vont pas se mettre
à inventer une technique pour que ça ne se vende pas non plus. Il y a un moment donné c'est logique.
Donc quand on continue à expliquer, à faire rêver sur telle ou telle technique, les gens vont la
demander, les grands joyers vont l'utiliser sur des trucs de très haute joyerie et donc par effet
dominos sur des pièces plus simples il va y en avoir et donc on va continuer à travailler ce
savoir-faire. Il ne faut pas oublier, parce que je te parle souvent de Louis XIV, mais c'est vrai
que c'est clé, Louis XIV en allant chercher les savoirs, il a quand même été chez Murano,
piquer les ouvriers parce qu'ils n'avaient pas le droit les mecs, tu vois, pour venir faire ses
glaces. Et bien demain avec la puissance et l'argent qu'a Dubai ou autre, pourquoi ils
ils n'iraient pas mettre un gros tas d'argent pour aller nous piquer nos Josy 4.
Et le centre de la joaillerie, demain, ce serait là-bas.
C'est quand même vachement loin.
Et en plus, une fois qu'ils seront là-bas, les autres joailliers qui font des choses
plus simples pour toi et moi, eh bien voilà, il y aura plus...
Donc là, je crois que je peux peut-être me tromper, je crois que la menace, elle est
là.
balancé par tous, je te dis, ces grands groupes supranationaux qui continuent à faire l'effort
de produire et de parler de là. Mais le jour où ils trouveront, je sais pas, plus efficace de se
rapprocher complètement de leurs clients les plus dispendieux, tu vois, on prend ce risque-là. On
on peut toujours aller nous piquer nos savoir-faire.
Ouais, alors par rapport à ça,
OK, OK, par rapport à ça,
est-ce que le fait que la Place Vendôme, elle soit à Paris
et que Paris, indépendamment de la joaillerie,
ça soit un lieu, un des lieux mondiaux
par rapport au tourisme,
est-ce que c'est pas peut-être ça qui permet le plus
à la Place Vendôme
d'avoir un avenir au-delà même de ce que tu dis,
de ce genre d'effort des maisons,
son endroit géographique, sa place géographique,
est-ce que ce n'est pas ça son plus gros point fort ?
Alors, pour répondre concrètement à ta question, je ne sais pas.
Parce que tu vois, depuis le Covid et toutes les grèves qui se passent en ce moment,
je ne suis pas sûre que le tourisme soit en expansion.
Déjà, tu vois concrètement.
Alors, j'ai appris que,
encore une fois, il était chinois,
organisaient des voyages touristiques
pour venir voir la révolution en France.
Parce que comme eux, ils n'ont pas le droit de grève, etc.
et que nous, on fait brûler des poubelles.
Il paraît qu'on les emmène voir
les gens manifester, tout ça,
et que ça les éclate et qu'ils sont prévus pour ça.
Bon, d'accord.
C'est quand même pas ce qui va donner
la plus belle image de la France.
Je ne sais pas si tu te souviens de ce film qui s'appelait Raid avec Bruce Willis,
qui date déjà des années 96, tout ça,
et où Bronkovic disait "mais on vient tous les ans à Paris pour le temps et les grèves".
Il disait ça en 96.
Donc si l'image, c'est que on a du mauvais temps, on n'est pas aimable,
on a souvent cette image là aussi, et qu'en plus, on fait des grèves.
Je ne suis pas sûre que le tourisme...
Voilà, alors encore une fois, Paris, la Place Vendôme fait beaucoup d'efforts pour que
justement on continue à avoir l'idée de Paris, vide de lus, vide de rêve, etc.
Mais je crois que l'amalgame vient plutôt à ce niveau-là de la couture.
Je vais encore te faire de l'histoire, je suis désolée.
C'est en 1925, lors de l'exposition universelle, que pour la première fois, le pavillon de
la Joaillerie se trouve à côté du pavillon de la couture.
Parce qu'après ils n'étaient pas au même endroit.
C'est aussi la première fois que les artisans ont le droit, les ateliers, tu vois, ont le droit de mettre leur nom
à côté de celui de la marque de joaillerie.
Certains le feront, d'autres le font pas.
Parce que les joailliers, ils font des choses, mais je t'ai expliqué toutes les spécialités.
Même dans les plus grandes maisons, si le méga super sertisseur c'est un tel et qu'il a son atelier de certi,
toutes les maisons de la maison d'homme vont lui dire de faire ça, tu vois, pour avoir ce niveau-là.
Et de la même façon, le super méga très très bon dans un truc, il y a un moment donné,
si on lui dit "bah non tu fais que ça parce que c'est le produit de la maison et qu'il a envie de
faire ces trucs", il va se mettre indépendant, tu vois, il va fonder son atelier. Donc tu as les
ateliers qui fabriquent beaucoup pour les maisons de joaillerie et donc en 1925, dans le pavillon
universel. Pour la première fois tu as la couture et la joaillerie qui sont ensemble. Et du coup
c'est un mariage qui va durer. Alors c'est un mariage à deux tranchants, c'est à dire que
jusqu'à présent tu avais la couture, la joaillerie. A partir du moment où on les marie, et ça va aussi
avec l'idée à cette époque qu'on suit la mode, parce qu'encore une fois quand tu remontes dans
dans le temps, les dames ou les hommes demandaient à leur tailleur de faire un truc et ils le
faisaient. Le couturier, c'est un peu comme la place Vendôme, c'est celui qui dit "non,
j'ai mes modèles, je les adapte à vous, mais ce sont mes modèles que vous allez porter".
Worf sera le premier, mais là, voilà. Et donc, là, pour la première fois, ils se
sont associés. Alors, c'est un truc de bien parce que justement, ce qui fait plus
venir à Paris, c'est ces grands moments, le moment de la couture en juin et le moment
de la Fashion Week en septembre.
Non, je dis une connerie en janvier.
Et donc, ces deux moments où toutes les gens de la mode viennent au défilé de mode,
eh ben, la joaillerie fait aussi ses défilés.
Et donc, ça fait travailler tout le monde, parce que effectivement, ça fait travailler
tout Paris.
Ça fait travailler les avions, les taxis, les restaurateurs, les hôtels, les restaurants,
pas tout le monde, tout le monde, les gens de la sécurité.
Parce que dès que tu fais un événement, tu fais travailler bien plus que celui qui
dans l'événement, bien sûr. Et donc là, effectivement, à ces moments qui restent
des moments ancrés pour le monde entier, eh bien, t'as les défilés de Paris. Et donc,
dans ces défilés de Paris, t'as la mode. Ça, c'est l'aspect positif qui est une sorte
d'autre type de tourisme, pour répondre à ta question. L'aspect négatif du truc, c'est que,
même quand tu descends d'un niveau, c'est-à-dire dans la petite joaillerie ou dans la bijouterie,
on a gardé l'idée de la mode associée aux bijoux. Mais si tu es prêt à mettre 200 euros pour un
jean, en général les gens hésitent à mettre aussi 200 euros pour une bague. Et comme quand
je t'ai expliqué que la plus petite bague à 3 grammes, elle va déjà faire 150 euros d'or,
auquel tu rajoutes le prix de la pierre,
auprès tu rajoutes le truc,
la moindre petite bague,
elle va quand même être entre 500 et 1000 euros.
Et là, les gens se disent,
"bah non, je préfère mettre des sous dans mes baskets et dans mon jean,
mais pas dans ma bague,
parce que justement, je vais m'en lasser,
je veux la changer,
c'est... voilà, la mode se démode,
donc je vais avoir envie d'un autre jean,
d'un autre pull, d'une autre couleur,
je vais avoir envie d'une autre bague,
je préfère mettre peut-être de la bijouterie
ou je sais pas quoi,
mais quelque chose de moins cher. Et là, ça porte préjudice à la joaillerie,
qui reste forcément chère puisque les matériaux sont chers et que le travail est cher. Et donc,
et cher, enfin, pas dans l'absolu, parce que quand tu regardes aujourd'hui le prix de certains
ordinateurs, tu te dis que finalement, hein, mais c'est plus ancré dans la tête de monsieur,
madame, tout le monde, de mettre le même prix là que de mettre autre chose. Peut-être qu'on
va rêver d'une paire de Manolo Blahnik ou de Louboutin parce qu'on a regardé le film
Sex and the City, la fille va peut-être s'en acheter un une fois ou alors elle va aller sur
Vinted je sais pas quoi, mais en joaillerie elle va hésiter sauf si vraiment elle veut un bijou.
Et là elle va acheter un bijou. Mais le fait que dans l'association bijoux/mode,
on va avoir tendance à mettre moins d'argent dans le bijou que dans la mode. Pour le consommateur,
X, Y, je veux dire. Parce que justement, alors la tendance va peut-être s'inverser dans le sens
où aujourd'hui on arrive plus dans une slow fashion où on dit aux gens acheter plus de la qualité,
n'achetez pas chez Shane, achetez des choses qui durent peut-être un peu plus cher, etc.
Mais pour l'instant la réaction joyeure c'est que les gens vont vers le bijou ancien.
qui a déjà le cachet de "je recycle, je garde la forme, je préserve etc."
C'est un esprit dans la tête des gens, répond mieux à cette idée effectivement de mode.
Parce que c'est vrai que tu achètes un bijou neuf ou tu achètes un bijou ancien,
souvent le bijou ancien coûte moins cher.
C'est-à-dire que le travail ayant déjà été fait,
la valeur estimée sur un bijou ancien va être sur la matière.
Je ne te parle pas du bijou de Marie-Antoinette, bien sûr.
Parce que quand tu as un bijou,
comme je t'ai dit, le gars qui va estimer ton bijou XY,
qui va estimer la valeur de la pierre, la valeur du métal,
ça fait tant, donc du coup le prix va sembler complètement dérisoire.
Alors évidemment la valeur, comme je t'ai dit, va monter en fonction de la marque,
de l'atelier, etc. Et après tu arrives à un truc de dingue quand tu as évidemment un bijou historique.
Tu vois, c'est un peu logique. Si tu refais ton mur demain et que tu as ta truelle,
bon, elle ne vaut pas grand-chose ta truelle, tu vas la faire en argent,
elle coûtera un peu plus, elle coûtera 200-300 euros.
Mais la truelle avec laquelle Napoléon III a ouvert le canal de Suez,
sa valeur est inestimable. C'est la même chose, tu vois, un bijou de cheveux dont je t'ai parlé,
c'est un bijou de cheveux, il est joli, il te plaît, on va quand même faire un ratio historique.
Il est signé, il vaut beaucoup plus. Mais celui où il y a les cheveux de Marie-Antoinette,
Il vaut beaucoup, beaucoup plus.
Mais ça, c'est le côté exceptionnel.
Ça reste vrai dans tout.
Tu vois, ça reste vrai pour le modèle de voiture.
Ça reste vrai dans tout.
Mais par contre, pour répondre à ta question du tourisme, je crois qu'encore aujourd'hui,
la joaillerie fait ses événements en même temps que la couture et la fashion week.
Et ça reste le centre mouvement.
mouvement et ils restent à Paris parce que t'as les expressions "à Milan"
les gens ont ancré ces visites là donc
avec un peu de bol elles vont rester, un peu de bol c'est à dire qu'il faut quand même que
on circule dans Paris, on arrive en train, voilà.
Mais c'est quand même une image qui est entrée et c'est une occasion aussi.
Voilà donc j'espère que ça va rester et après sinon le fait d'être lié à la
à la couture est là pour monsieur et madame tout le monde, l'idée que c'est peut-être moins cher.
Et le tourisme pur, encore une fois, je ne sais pas ce que ça va donner avec...
Je ne suis pas une spécialiste du tourisme, donc je ne sais pas ce que ça va donner avec ce qui se passe ou ce qui s'est passé.
Eh bien, on fera le point dans quelques temps.
J'ai une question vraiment par rapport à toi,
et évidemment ce domaine toujours, mais qu'est-ce qui t'a attiré dans ce domaine-là au début ?
Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui, donc on va en parler avant la fin,
qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui tu passes ton temps à parler de joaillerie,
à parler avec des professionnels de ce domaine-là ?
D'où te vient cette passion ? Et plus que cette passion, je dirais même cette mission.
Dans ce que tu me racontes, je pense que tu as une mission de continuer
de faire connaître ce sujet-là pour que ce savoir-faire qu'on a ne disparaisse pas dans
les décennies à venir. Donc qu'est-ce qui t'a amené sur cette voile ?
En fait, j'allais dire c'était peut-être en moi. C'est-à-dire que moi j'ai un arrière-arrière
grand-père qui était dans la Guypur, j'ai un grand-grand-père qui faisait ce qu'on
appellerait la peinture décorative, des faux bois, etc. Et j'étais la seule à être passionnée par
par son établi, avec les couleurs, etc.
Ça me passionnait.
Et à côté de ça, j'ai des parents
à style tous les deux.
Et puis leurs cousins, ils étaient
tous ainsi.
Donc moi, je suis quelqu'un qui a
été dressé au mot.
Chez nous, pour s'amuser, on
jouait pas aux cartes.
On jouait à devoir...
Pardon.
On jouait à devoir choisir un mot
compliqué si possible, du
style irréfragable, et devoir
le mettre dans la conversation
entre nous de manière totalement
idoine.
Donc c'était ça.
Moi, j'étais dressé au mot.
J'aurais voulu faire des choses un peu artistiques, je faisais du dessin plus jeune, mais j'ai
eu un nom ferme et définitif de la part de mes parents, donc j'ai dû faire de l'économie.
Puis je m'ennuyais.
Et donc j'ai découvert la communication et donc ma carrière, j'ai été attachée
de presse, notamment du centre des jeunes dirigeants d'entreprise pendant dix ans.
Après j'ai été indépendante sept ans, après j'ai été déléguée générale
de l'association des attachés de presse et un jour tout s'est arrêté et j'étais
à la lisière de mes 50 ans.
Et donc là je me suis dit, mais qu'est-ce que tu vas faire ?
Et puis, mon métier de base d'attaché-d'esprit, ça avait beaucoup évolué, je ne m'y retrouvais plus tellement.
Et puis je me suis dit, mais Anne, t'es la seule au monde à avoir toujours eu envie des bijoux.
Enfin, la seule au monde dans ma famille, tu vois.
Et bien, je me suis dit, tante, qu'est-ce que tu risques ?
Donc, j'ai été faire un MBA, Management du Luxe, à l'Institut National de Gémmologie.
Et à la suite de ça, je me suis aperçue que créer des bijoux,
faut au minimum de 15 ans pour être bon, donc j'étais un peu en retard, à 50 ans, tu vois.
être gémologue, je suis un peu beaucoup presse vite maintenant, donc ça posait aussi un problème.
Par contre, je savais écrire.
Donc j'ai fait le tour de toutes les blogueuses de l'époque en disant
"qu'est-ce que vous en pensez ?" et elles m'ont dit, Anne, deux choses.
Il n'y a plus de médias aujourd'hui qui parlent des bijoux, ça n'existe plus.
Il te reste un magazine qui paraît tous les deux mois.
Sinon, le bijou est dans les magazines de mode.
Il n'y a plus de médias.
Donc lance ton média.
Par contre, sache que les Français ne sont pas prêts à payer pour ça.
Donc sache à quoi ça va te servir.
Donc je développe du storytelling un petit peu par-ci par-là.
Et en continuant à me former, alors pour me former dans mon MBA, je fais un stage de
six mois dans un salon, je vais faire pour mon projet professionnel un stage d'un mois
chez un joyé, j'essaye tout, la pièce à trucs, le machin, la lime et tout, je suis
super nulle mais tout le monde se marre.
C'était vachement génial, comme je n'avais pas d'enjeu, j'y arrivais, je n'y arrivais
pas, ce n'était pas grave.
Ils se sont tous mis à mes côtés en train de m'aider, on a beaucoup ri, on a vraiment
beaucoup ri et j'ai appris énormément de choses.
Et puis je lance ce blog, je commence à rentrer dans les maisons, dans les ateliers pour comprendre
les choses, etc.
Je faisais des articles immensément trop longs, de 7000 signes absolument, donc absolument
inscrollables, mais qui me servaient de vitrine pour dire, vous savez, je peux écrire des
textes, etc.
Je commence à me faire un petit univers confinement.
Et juste avant, j'avais découvert l'idée du podcast, il n'en existait qu'un seul
à l'époque.
Et donc j'avais trouvé la fille, je lui ai dit "t'es toute jeune et toi t'es une joyeure,
moi je suis plus vieille, je suis de la com, on va faire genre Gilles Dass, tu vois,
et on va aller voir les salons, on va aller démarcher".
On avait des rendez-vous, bon confinement.
Donc j'avais commencé une première saison pour expliquer dans un petit nombre d'épisodes
un sujet justement, et là en fait j'étais toute seule à la maison et je me suis dit
"je peux pas continuer comme ça", donc j'ai lancé un deuxième podcast qui s'appelle
bijoux comme un bisou parce que les joyés m'avaient dit "mais Anne le podcast c'est stupide, on voit
pas le bijou" et les podcasters m'avaient dit "mais Anne qu'est ce que tu vas dire sur la joaillerie"
et donc du coup je me suis dit "mais t'as un boulevard devant toi, raconte ce que tu veux" et
donc au premier confinement j'ai fait une histoire tous les soirs que j'ai appelé "le bijoux comme un
bisou" parce que c'était comme un bisou du soir, une histoire douce et j'ai raconté ce que j'avais
dans la tête et j'ai raconté les pierres, les bijoux célèbres, les bijoux de Sarabande,
enfin tout ce que j'avais dans la tête. À la suite de ça, je me disais "Ah c'est vachement
bien". Là-dessus, un jour, je pose une question dans une grande maison et on me dit "C'est Madame
Machin qui est la spécialiste, d'accord, j'écoute Madame Machin". Je me dis "Je vais jamais arriver
à raconter ce truc, je vais peut-être me planter". Je lui dis "Vous ne voulez pas que je vous en
résiste ?" Elle me dit "Ah ben j'ai pas le droit". Je lui dis "Comment ça, vous n'avez pas le droit ?"
Non, je n'ai pas le droit de parler.
Donc, la tâche est vraie, mais effectivement, les porte-parole sont...
Et en fait, c'était tous des messieurs.
J'ai dit, ah c'est ça, je crée mon troisième podcast qui s'appellera "Briand", je vais
donner la parole aux femmes de la joaillerie.
Donc maintenant, j'ai donc un podcast thématique.
Donc là, je m'amuse, j'ai vu les joaillies du rap, j'ai vu les bijoux et les montres
érotiques.
J'ai un podcast qui raconte des petites histoires que je commence à partenariser sur les salons
parce que c'est le podcast des grandes, petites histoires et de l'actualité.
je fais des capsules, des partenariats, etc. Et un podcast sur les femmes où je donne
la parole aux femmes. Et bien sûr, maintenant, je propose de faire des podcasts de marques,
des formations au podcast, tout ce qu'il y a sur le podcast. Mais en restant, soit
purement sur la jaillerie, soit sur le savoir-faire. Parce que tu as bien vu, tout au long de ce
que je te raconte, c'est l'histoire du luxe, des savoir-faire sont intimement liés
les uns avec les autres et avec l'histoire de la France.
L'idée, ça me vient de là.
Moi, je te dis, j'ai toujours été fascinée.
J'étais la seule, ma mère ne portait pas de bijoux.
Tu vois, je ne porte pas tant de bijoux que ça.
Mais pour moi, c'est un condensé d'art, d'histoire, de science, de savoir-faire.
C'est un condensé.
C'est la chose la plus aboutie, je pense, dans le domaine artistique et que tu peux
porter sur toi.
C'est trop bien.
Tu vois ? Voilà, c'est ça.
Ça, c'est mon histoire.
Je diverge un petit peu, mais tu disais que ton métier de base, c'était attaché de
presse.
À quel point est-ce que ça t'a aidé d'un point de vue peut-être relationnel notamment,
mais par rapport au podcast ? Je ne parle pas spécialement de joaillerie, je parle
par rapport à moi, par rapport à mon centre d'intérêt de base.
C'est plutôt ça ma question sur tes compétences d'une part et tes relations, ton réseau d'autre part.
À quel point est-ce que ça aide quand on fait du podcast ?
Mon réseau, comme je te l'ai expliqué, j'avais 50 ans, je changeais de truc, j'ai commencé de zéro.
Voilà, donc le réseau je l'ai monté.
Le fait d'avoir été attachée de presse m'avait permis de me rendre compte des besoins
de ce que les gens ne n'aiment pas dire ou ne peuvent pas dire parce que ce n'est
pas explicable.
Et donc ça, j'ai du coup vite compris les choses qu'il ne fallait pas dire parce
que c'est des secrets, les choses qu'il faut expliquer ou comment les expliquer.
J'ai peut-être par mes parents aussi, peut-être instituteurs, cette facilité d'expliquer,
de rendre facilement compréhensible les choses, même si c'est compliqué, tout en disant
attention je ne m'adresse pas à des super spécialistes.
Et ça, c'est quelque chose qui a beaucoup intéressé parce que justement, les gens
me disaient "mais vous avez fait quelque chose qui n'existe pas, parce que même dans la
joaillerie, il y a plein de métiers et tout le monde ne connaît pas tout.
Donc vous avez réussi à nous faire comprendre quelque chose, c'est bien".
Après justement, à l'époque où je travaillais, c'était beaucoup de la presse papier, donc
tu n'envoyais pas un mail, quand j'ai commencé à travailler, il n'y en avait pas.
Il fallait vraiment convaincre le journaliste en lui disant "j'ai lu votre article, c'était
super intéressant, moi je vous propose une autre vision".
Donc tu avais une maîtrise du contenu très fine et très forte et je pense que cette maîtrise
de contenu je l'ai gardée. Oui j'écris des textes longs et comme j'ai dit 7000 signes c'est 6
minutes. Je te laisse imaginer quand je parle 15 minutes tout seul ce que ça donne. Et donc tu vois
la structuration de l'information et de ce que tu dois poser comme question pour maîtriser le
contenu je pense que ça m'aide maintenant heureusement parce que comme je t'ai dit les
les ateliers sont fermés, ils n'ont pas forcément envie de te laisser la porte ouverte.
Les grandes maisons, elles regardent d'abord combien il y a de gens sur Instagram avant
de te répondre, à tel point que quand je vais interroger quelqu'un, moi tout est
bordé, on voit un script, voilà les questions que je vais vous poser et je sais qu'ils
vont regarder et je les écris toutes, toutes, toutes.
Des fois je ne les pose pas, mais au moins c'est validé.
Donc j'ai gardé cette notion-là très exigeante du contenu.
Et après sur le côté relationnel, enfin comment te dire, moi je suis ch'ti à l'origine,
donc je suis arrivée à Paris, je ne connaissais personne.
Et puis après tu vois j'ai fait ma vie et puis après d'un seul coup à 50 ans je ne
connaissais à nouveau personne.
J'ai gardé l'habitude de l'époque, je prends mon téléphone, je décroche et j'appelle
quoi ou je vais frapper.
Alors des fois c'est difficile parce qu'il n'y a pas de téléphone, mais par exemple
j'avais vu sur Facebook qu'il y avait un after-work joyeux.
Il fallait postuler, donc j'ai postulé, j'ai marqué "Médias", etc.
J'y suis allée, j'ai donné rendez-vous aux gens et j'allais voir les gens en disant
"alors moi je fais un podcast et j'ai une question".
Des fois, ils n'avaient pas envie de répondre, puis à fur et à mesure je me suis mise à
voir des gens et du coup les gens m'ont dit "ah tu connais tel personne ? Ah bah
je vais te répondre alors".
Et à chaque fois j'y allais, j'ai une question.
Et quand j'ai monté comme ça pendant le confinement ces podcasts, tu sais le temps
qu'on met sur les podcasts, là je ne me suis pas ennuye, je couchais à 4h du matin,
je recommence à 8h.
Je prenais un sujet, je me disais qu'est-ce qu'il faut, je cherchais des choses.
Puis après je trouvais des gens sur LinkedIn, je leur posais des questions, je leur dis
on peut s'appeler.
Et je prenais mon téléphone et je les appelais.
Et j'ai gardé l'habitude d'aller appeler les gens.
Le côté savoir-faire chez moi, il est vraiment lié à l'humain.
Quand je faisais des dessins, je ne dessinais pas des bijoux, je dessinais des gens.
Et moi, c'est cette transmission-là qui est importante.
C'est peut-être un atavisme, pour le coup, le côté enseignant de toute la famille.
Et c'est vraiment ça qui me meut, cette exigence de la transmission et cette exigence
de la maîtrise du contenu.
Et si un sujet est trop grand, je le coupe.
C'est pour ça que je fais des saisons.
Et puis après, je suis quelqu'un de très têtu, il faut l'avouer.
On a dit que pour moi, il fallait inventer un nouveau mot.
Il y a des gens que je harcèle trois ans pour avoir mon interview.
C'est pas grave.
On me ferme une porte, pas grave.
Si je le veux, je l'aurai.
Tu pourras toujours passer à travers le mur.
Bah pourquoi pas ?
Voilà, pourquoi pas ?
Ah mais ok.
Moi ça m'intéresse, ça m'intéresse le...
Alors, il y a plein de choses qui m'intéressent dans ce que tu viens de me raconter.
Mais ce qui m'intéresse notamment, c'est le côté relationnel.
C'est quelque chose qui me parle beaucoup aussi.
C'est une des raisons majeures, une des deux, trois raisons majeures pour laquelle je fais ce podcast.
Parce que j'adore parler avec de nouvelles personnes, parce que...
Et plus ça va et plus j'ose parler aux gens.
Dans le sens où...
Je pense que j'ai pas cette ténacité peut-être que tu as,
mais petit à petit, j'ose plus, j'ai moins peur on va dire.
Donc il y a ça. Il y a le côté, plus globalement, il y a le côté utiliser certaines compétences qu'on a par rapport à un métier, par rapport à une passion,
peu importe, par rapport à quelque chose de notre passé, et se servir de ça dans un autre contexte.
Ça me parle aussi beaucoup. Et c'est pour ça que je te posais, c'est un peu le même type de choses que quand je te demandais
en quoi les autres industries peuvent s'inspirer du savoir-faire des joyés français.
Je pense que c'est important de ne pas rester dans sa bulle et certes d'avoir une spécialité,
parce que ça aide à se démarquer, ça aide à plein de choses d'avoir une spécialité,
mais d'être capable d'aller puiser à droite à gauche.
Et voilà, quand tu me dis, moi j'avais un métier différent, mais aujourd'hui je fais
du podcast sur le domaine de la joaillerie, mais je fais du podcast, je fais du média.
Donc, tu as gardé ce
savoir-faire. Je trouve ça intéressant, c'est pour ça que je veux être en
parle.
Et puis...
Ah oui, vas-y.
Et puis, j'ai gardé... En fait, quand tu es attaché de presse,
surtout à l'époque, donc on passait notre temps à passer
des coups de fil à des gens. Donc, tu passais ton
temps à avoir des gens qui te raccrochaient
au nez.
Mais complètement, tu vois, voilà.
Et donc, aujourd'hui, quelqu'un
qui me dit définitivement non, bah il me dit
définitivement non, tu vois. Et
si j'écoute pourquoi,
Pourquoi ? Il y a des fois, c'est un non qui n'est pas un vrai non.
Le gars, s'il te dit non, je ne peux pas t'en parler maintenant parce que c'est
secret, il faut attendre que le bijou sorte, il faut deux ans.
Ce n'est pas un non à jamais.
Le gars qui dit non, je n'aime pas parler, il n'aime pas parler.
C'est autre chose.
Voilà, c'est non.
Mais à l'époque, alors bien sûr, je ne travaillais pas pour moi, mais à
l'époque, je me faisais raccrocher au nez.
Mais ce qu'il faut se dire, c'est que ce n'est pas contre soi.
C'est que la personne en face, elle ne le vit pas de la même façon.
Donc, ce n'est pas nous qui sommes...
Alors c'est plus difficile quand on me dit non et que je veux vendre quelque chose.
J'ai aussi ce problème de me dire "ils m'aiment pas" et ça c'est dur à vivre.
Mais j'arrive à me mettre derrière parce que je me dis "bon ben écoute,
il suffit qu'il y en ait un qui te dise oui en fait".
Et là c'est pareil.
Donc moi je construis mon sujet, je cherche sur Google les gens qui font des trucs
bien, je regarde s'ils sont sur LinkedIn, je leur envoie des messages, je regarde s'ils
sont sur Instagram, je leur envoie des messages, je regarde s'ils sont sur Facebook,
je leur envoie des messages, je regarde s'ils ont un site Internet, je leur envoie des
Il y en a parce que tout le monde a des réseaux sociaux, mais tout le monde ne les consomme
pas de la même façon.
Donc, il faut essayer partout.
Regarde, quand on s'est appelé, tu regardes moins Instagram que Linkedin, je t'ai envoyé
un message sur Linkedin.
Donc voilà.
Et donc du coup, moi, je t'envoie partout et c'est même pas méthodique.
Ce n'est pas quelque chose où quand on ne me répond pas ou quand on me dit non, ça
ne m'impacte pas du tout.
je me dis c'est indépendamment de moi et il suffit que je trouve le bon truc.
Peut-être que c'est quelqu'un qui me présente, peut-être.
Peu importe, peut-être qu'il faut que je la voie en vrai pour qu'elle me fasse confiance.
J'essaye de trouver la bonne entrée.
Dans ma tête, ce n'est pas du harcèlement, c'est juste de l'adaptation.
Tu vois, les gens communiquent entre personnes d'une certaine façon, avec un certain média,
pour juste que je trouve le bon.
Voilà, c'est plutôt ça l'idée.
D'accord, super.
J'ai coupé ta question.
Non, non, non, c'était… non, non, c'est… j'avais… je voulais juste revenir sur notre
sujet central.
J'ai encore deux, trois questions à te poser par rapport à ça.
Vas-y.
Est-ce qu'il y a des clichés par rapport au domaine de la joaillerie que tu as envie
de démonter d'une part, mais quand je parle de clichés, je parle de...
pas forcément de choses négatives.
Je parle de choses que les gens pensent d'office,
des fois à tort, et c'est les clichés qu'il faut démonter.
Et puis, des fois, les gens se disent "ouais, moi, je pense ça de la joaillerie".
Et en fait, même quand tu es expert, tu dis "oui, ça, c'est vraiment vrai".
Donc, on le garde.
Je pense que c'est surtout lié, tu vois, à quelque chose de...
à une méconnaissance.
Alors, il y a effectivement l'idée globale que la joaillerie,
c'est du luxe et donc ça sert à rien. Un peu ce que les podcasteurs m'avaient répondu
à l'époque, non mais tu vas parler de quoi ? Et donc moi je prends ça comme quelque
chose lié à la méconnaissance, d'où le but de mes podcasts. Et puis après, tu vois,
une autre fois j'ai une amie qui me dit "il faut que je te voie, tu sais, j'ai une bague,
la pierre bouge un peu, faudrait que je la fasse réparer, faudrait que tu me donnes
tuyaux mais ça va coûter cher. Alors je lui dis "développe pourquoi tu penses que ça va coûter
cher" elle me dit "la pierre elle est grosse" d'accord et je lui dis "mais ta bague elle est
comment ? Elle a des griffes, c'est un certiclot" du coup elle me regarde un peu comme ça tu vois
et donc je lui dis "bon écoute est-ce que ça fait une grosse boule avec plein de petites pierres et
une pierre au milieu ? Est-ce que ça fait une pierre avec un cercle autour ou est-ce que ça
ça fait une pierre avec juste des petites griffes.
Donc elle me dit c'est juste des petites griffes.
Je lui dis ça a coûté rien.
Mais dans sa tête,
comme la pierre était grosse,
ça allait coûter cher.
Alors que cette monture spécifique,
tu vois, comme je t'ai expliqué,
t'as le feuilletis qui est là, la table au-dessus,
le truc en bas, les petites griffes sont au-dessus,
si ça bouge un peu, tu resserres un peu les griffes, tu resserres un peu le truc.
C'est rien.
Un joaillier va te faire ça,
"finger in the nose", tu vois.
Alors que quand t'as justement un bijou avec des volutes dans lequel il y a plein de certis
et qu'il y a des bagues qui sont, ça veut dire que les petits certis migrains, là ça
risque d'être un petit peu plus touchy.
Tu vois, c'est pas une question de grosseur, c'est plus une question technique.
Et c'est pour ça que sa bague, elle était dans son tiroir, elle l'adorait parce qu'elle
vient de sa maman et elle ne la portait pas parce qu'elle pensait que ça allait être
cher.
Et les gens d'office, ils pensent que ça allait être cher.
C'est vrai que ça touche le luxe, c'est vrai que tu portes ou non ta bague, tu vis,
quand même, c'est pas très grave. Moi-même, je porte pas tant de bijoux que ça, mais chacun des
bijoux que je porte a une histoire et c'est plutôt, il faut je pense, accepter l'idée de porter notre
vie sur nous. On accepte de porter nos rides, il faut porter nos bijoux, quels qu'ils soient,
si ils sont chers ou pas chers, c'est pas grave. Et puis les raconter et dire "oui, des fois j'ai
des choses bien qui me viennent de là et là et c'est très bien". Il faut accepter cette idée-là
et aujourd'hui le luxe est entaché de ça, mais à peu près pour tout. Donc ça c'est déjà un prérequis.
Et après le deuxième requis, c'est un prérequis de savoir, on pense que ça va être très très
alors que ça ne l'est pas, ou des fois on pense que ça ne va pas être cher du tout.
Alors c'est compliqué et voilà, je pense qu'il y a ces deux côtés-là.
Il y a le fait d'être entaché par l'image que les gens sont du luxe aujourd'hui,
où il y a eu les crises, etc.
Et puis le côté technique du prix du truc.
Je crois que le prix est très, très important.
À l'opposé, quand on commence à penser joaillerie,
Est-ce qu'il y a une idée de base qui peut nous permettre un truc que t'aimerais qu'on pense quand on pense jouer à Eerie ?
Un socle, quelque chose de solide.
Je pense que le socle c'est le sentiment.
Toi et moi on n'est pas des rennes, donc on n'aura pas de tiard, et on s'en fout.
Par contre, il ne faut pas négliger le sentiment qu'il y a dans chaque bijou.
Comme je t'avais expliqué, la petite bague en plastique que j'ai achetée avec ma fille,
c'est ça.
Et aujourd'hui, porter des bijoux en vrai, c'est faire honneur aux gens qui nous l'ont
transmis et aux joyés qui l'ont créé.
Et si on n'aime pas la bague ou le bijou, transformons-le, partageons-le, puisque ça
scoop, tu vois. Partageons-le avec les gens qu'on aime bien, notre fille, notre belle
fille, etc. Et pas attendre, tu sais, la super méga occasion du mariage pour dire
"ben je vais aller sortir les bijoux de la grand-mère et puis si je veux, ben je vais
les refaire". Il y a plein de bijoux qui dorment dans les coffres parce que les gens n'osent
pas les porter. Et je pense qu'il faut oser porter le souvenir de ce qu'on aime à travers
ces bijoux qui sont, après tout, tu sais, la première momie du néolithique final qui s'appelait
Odyssey, donc à -6000 avant Jésus-Christ, elle avait déjà des traces de boucles d'oreilles et
de persil. Donc la parure, le bijou, partout ces bijoux, ça devait être peut-être en couton,
je ne sais pas, tu vois, mais le bijou c'est la chose qui reste et qui se transmet et qui est
mais intrinsèquement lié à notre humanité.
On porte un bijou pour appartenir à une communauté,
ou pour se différencier en montant sa personnalité,
comme une œuvre d'art portable, tu vois.
Et en plus, on peut la transmettre,
parce que le matériau fait qu'on peut le transmettre et le transformer.
Et je pense qu'il ne faut pas hésiter à porter ces petits bouts d'amour.
Tiens, c'est beau, c'est beau.
C'est dommage, il y a encore des questions, parce que j'aurais bien terminé là-dessus.
Mais non, mais c'est quand même important, c'est pour un peu de contexte. Les gens qui
veulent creuser sur ce sujet-là, de la joaillerie, je ne parle pas encore, après je vais parler de
toi, ce que tu fais explicitement, mais est-ce que tu as des ressources à conseiller qui ne sont pas
les tiennes ? Quand je parle de ressources, ça peut être un peu n'importe quoi, c'est-à-dire
que ça peut être des livres, ça peut être des magazines, tu me disais qu'il y avait un magazine
qui existait encore.
Ça peut être des sites Internet,
des chaînes YouTube, des podcasts.
Qu'est-ce que tu aimerais conseiller
aux gens qui veulent creuser plus ?
Alors, déjà, il y a les cours de l'École
des Arts Joyeux qui sont très bien faits.
Voilà.
Ensuite, j'avais anticipé ta question.
Alors, souvent, les livres
sur les bijoux sont des livres chers
parce que tu as les droits de photo.
Donc, tu as des bouquins qui commencent
à 90 euros.
Les bouquins de jarres vont jusqu'à 700
on n'a peut-être pas tout ça à mettre. Et après c'est des "comfitable books",
tu vois c'est des bouquins plein de photos etc. Tu as le livre d'Anna Tabakova qui ne porte que
sur les ferroires, mais qui est très intéressant, ça s'appelle "Le Ferroir". Après tu as les livres
de Vincent Méhien ou de Viviane Becker sur des histoires de maison ou avec un peu plus de mots
et qui reste un peu moins cher. Sinon je t'ai trouvé trois petits livres pas chers du tout,
qui t'expliquent. Donc le premier c'est les arts joyeux et il s'ouvre comme un pop-up,
tu vois on t'explique les choses c'est vachement bien, tu vois ça s'ouvre comme un pop-up.
D'accord, ok. Donc je précise, vous serez sûrement nombreux à écouter sans voir,
allez voir sur YouTube, donc je pense qu'on sera quasiment à 3 heures dans la vidéo,
soit vous regardez tout, c'est encore mieux, sinon vous allez un petit peu vers la fin de
l'épisode pour voir les livres qu'Anne montre en vidéo. Et alors t'en as un autre qui est sur les
bijoux anciens, qui a été écrit par un monsieur qui fait du bijou ancien à Lyon, en partenariat
avec l'Institut National de Géologie, avec une introduction de Victoire de Castellane. Donc le
Le premier livre vaut 14,50, celui-là vaut 15 euros, ce n'est pas trop cher quand même.
Et le dernier, c'est sur les pierres, comme ça tu as l'ensemble.
Tu as un qui explique la joaillerie, tu en as un qui parle du bijou ancien.
Celui-là, c'est sur les pierres précieuses, il vient de sortir.
Il est fait par François Farge, qui est le grand professeur qui a refait faire les diamants
de Napoléon pour expliquer comment on faisait les tailles à l'époque.
et qui est au Muséum National d'Histoire Naturelle, et avec Olivier Ségura qui est
un très grand professeur, qui a été l'un des présidents du Laboratoire Français de
Gémmologie, donc ils savent de quoi ils causent les gens, tu vois.
Et celui-là il est un petit peu plus cher, il est à 25 euros.
Mais c'est les trois où tu peux te faire une culture, tu vois, fait par des gens qui
s'y connaissent, à des prix raisonnables.
Sinon tu peux acheter le livre de genre à 700 euros aussi, mais bon, c'est autre chose.
Alors sinon, en termes de blog, tu as le blog de Bérangère qui s'appelle Like AB, tu
as Bliss from Paris d'Anneta Blakosvic, tu as le blog de Katerina Perez pour les gros
cailloux, tu as le blog Esprit Joaillerie de Charlotte Vanbrug, on n'est pas beaucoup.
Le premier podcast c'est "T'arrêter" parce qu'elle a eu son deuxième bébé.
YouTube, tu as l'école des arts joyeux qui retransmet ses conférences gratuites
qu'on peut regarder gratuitement.
Tu as M.
Ruiz, c'est en anglais.
Et sinon, il y a quelques autres podcasts comme celui du Rapaport qui s'appelle "Joyeux
connaisseurs, c'est en anglais. Donc le rapport, si tu veux, c'est le monsieur qui a créé la bourse
du diamant pour mettre une valeur du diamant mondial et il est en Israël. Et donc c'est en
anglais, c'est pour ça. Et donc voilà, tu as à peu près, avec ça, tu as un bon début en fait.
Ouais, ouais, ouais, ça permet de creuser. Donc je te demanderais de te rappeler tout ce dont tu
tu viens de me parler et à la fin, quand on aura fini ta recherche, je te dirai ce
que je veux que tu m'envoies.
Donc des liens quand c'est possible.
Je t'enverrai les liens.
Voilà, et je mettrai tout ça dans les notes d'épisode, donc vous pouvez les retrouver
en dessous là, sur YouTube directement, si vous regardez sur YouTube, probablement sur
votre application de podcast si vous êtes en train d'écouter.
Et dans tous les cas, à la toute fin de l'épisode, je vous dis où vous pouvez retrouver ça
sur mon site pour avoir tous les liens dont nous aura parlé Anne et justement après
elle va nous parler d'autres liens.
Ma question c'est qu'est ce que les auditeurs et moi évidemment qu'est ce qu'on peut faire
pour toi quand j'ai des podcasters souvent ils me parlent dans le podcast mais en fait
tu vas me parler de ce que tu veux qu'est ce qu'on peut faire qui va t'intéresser
toi d'un point de vue un peu plus personnel voire égoïste c'est tout à fait le moment
ça fait trois heures que tu nous
parles, tu as le droit d'être un
peu d'égoïste.
Écoute, évidemment, j'aimerais
qu'ils m'écoutent sur mes
trois podcasts et qu'ils m'écrivent
des commentaires parce que les gens
de la joaillerie, il faut que ce
soit parfait. Des fois, ils disent
rien. Oui, ils m'écrivent à moi,
mais ils n'écrivent pas en
commentaire. Ils ne veulent pas que
ça se voie.
Donc, on n'hésite pas à me dire
des choses, qu'on n'hésite pas à
me demander des sujets parce que
il y a beaucoup de gens qui
traitent des sujets sur les
joailleries de la couronne, etc.
En fait, ce que m'aiment mes auditeurs en général, c'est qu'ils se disent
"de quoi elle va nous parler encore ?"
Tu vois, comme les jouets du rap, des sujets un peu différents.
Pas hésité à me poser.
Je sais qu'on me trouve, parce que j'ai beaucoup d'étudiantes qui me disent
"voilà, je fais un mémoire, s'il vous plaît, pas hésitez, si je peux je réponds".
Quand je peux pas, c'est juste quand je sais pas, je leur dis "je sais pas"
et puis c'est tout.
Mais tu réponds en tout cas.
Mais oui, en jouaillerie, alors des fois je mets du temps parce que je fais autre chose,
mais en GRE, en génémologie, on apprend tout le temps.
Donc il arrive que je ne sache pas.
Égoïstement, je vais te dire ce qui me fait super plaisir,
c'est des fois je vais dans des salons et d'un seul coup, les gens me disent
"je crois que je reconnais votre voix, je crois que c'est vous".
Ça, ça me fait super plaisir.
Et donc aujourd'hui, je me fais violence, tu vois, je monte ma tête
parce que je sais que toi, tu montes la tête et je vais te dire,
ça a été hyper compliqué.
Je me suis changée trois fois, bref, alors que je suis habillée normale.
parce que d'habitude je suis bien à l'aise derrière mon micro, je sais que je raconte des choses,
je maîtrise ma voix, mais je sais que je gigote partout, je suis sûre que je vais détester me
regarder gigoter partout. Et sinon j'aimerais bien que si vraiment vous allez voir vos joyés,
si vraiment vous allez leur commander quelque chose, si vous allez découvrir la joyette,
et bien que vous me le racontiez. Ça me ferait vraiment plaisir. Et un jour quand je serai
très grande j'allais dire. Mon rêve ce serait effectivement de créer une marque
de joaillerie, non pas pour faire des bijoux de tout le monde, mais faire des bijoux de
podcast. Parce qu'il existe déjà, tu vois tu as des Airpods, donc ceux-là, les tiens
ils ne tiennent à rien, mais il y en a où on les accroche dans la boucle d'oreille,
on les accroche sur des chaînes pour ne pas les perdre, on fait une petite manchette pour
mettre la petite boîte pour les Airpods et si les Airpods continuent à se développer,
J'aimerais bien que les gens aient envie d'en acheter, que je trouve l'atelier qui
a envie de le faire et le partenaire d'Airpod qui a envie de faire quelque chose avec moi
et qu'on fasse quelque chose qui s'étendra aussi aux non-voyants pour avoir quelque chose
de joli quand même.
Il n'y a pas de raison d'avoir des prothèses pas jolies.
Il y a déjà une entreprise qui est spécialisée là-dessus, qui est dans le Nord, mais pourquoi
il n'y en a qu'une ? Alors que j'ai 55 ans, je ne vais pas aller
en rajeunissant. Donc peut-être qu'un jour j'entendrai beaucoup moins et donc comme je suis
quand même un petit peu coquette, j'aimerais bien que si un jour j'ai des potets, je voudrais qu'elles
soient super jolies et sur lesquelles on puisse mettre des bijoux. Et donc cette idée de raconter
le bijou, je voudrais qu'elle puisse continuer longtemps avec des objets qu'on pourrait transformer
aussi en bijoux. Très bien. Alors est-ce que tu peux nous redire les noms de tes trois podcasts ?
Alors il y a "Il était une fois le bijou" parce qu'on raconte des histoires de bijoux qui est le
thématique. Il y a "Le bijou comme un bisou" qui est le podcast des grandes et petites histoires
et de l'actualité de la joaillerie. Et il y a "Brillante" alors c'est celui sans s,
qui est le podcast des femmes de la joaillerie. Ok, encore une fois on remettra tout ça dans
les nôtres d'épisode mais au moins c'est dit à nouveau et ça doit commencer à rentrer dans
dans les têtes. Comment est-ce qu'on te contacte en priorité ? Est-ce que c'est sur certains réseaux
sociaux ? Est-ce qu'on va t'écrire un mot sur Apple Podcast, sur un de tes podcasts ou sur
tous d'ailleurs ou sur Spotify, on peut le faire aussi maintenant. Comment est-ce que tu préfères
être contactée ? Le plus simple c'est soit LinkedIn, soit sur Instagram j'ai un Linktree
où il y a même le Whatsapp qui est direct. Il était une fois le bijou, parce qu'en fait c'était
le premier donc voilà c'est resté. Et on mettra ça aussi dans l'autre épisode. J'ai l'air d'un
disque rayé mais c'est pas grave. Au moins vous saurez retrouver les informations. Pour terminer,
Est-ce que, en une phrase si c'est possible, en tout cas relativement, d'une manière compacte,
est-ce que tu pourrais nous dire ce que tu aimerais qu'on retienne après avoir écouté cet épisode,
qui fera partie, je pense, des plus longues de l'histoire de Principes fondamentaux,
donc félicitations pour ça. Félicitations les gens qui ont écouté, il y avait beaucoup
d'informations, il y avait beaucoup de savoirs dans ce qu'a dit Anne, et j'aimerais que tu
arrive à le distiller, pas tout évidemment, mais une phrase qui nous permet de finir sur
quelque chose que tu veux qu'on retienne. Alors, depuis Louis XIV, la joaillerie française est
est la première joaillerie du monde et le monde nous l'envie.
Et ce que j'aimerais, c'est que chaque personne qui a écouté ce podcast
comprenne et ait envie d'aimer les bijoux qui sont autour de lui,
que ce soit des bijoux précieux ou pas, et que s'ils ont des bijoux précieux,
qu'ils aillent voir leur joaillier pour les faire mettre de manière à ce qu'il les porte,
afin qu'ils portent à la fois le témoignage de l'amour des gens qui les ont portés,
mais aussi le savoir-faire des gens qui les ont faits,
mais aussi l'art des gens qui les ont pensés,
parce qu'ils vont porter un petit bout du savoir-faire d'excellence de la France.